Cicatrice challenge : le nouveau défi dangereux sur TikTok

Cicatrice challenge : le nouveau défi dangereux sur TikTok

Un nouveau défi dangereux sévit sur TikTok. Baptisé "cicatrice challenge", il consiste à se filmer en train de se faire une fausse cicatrice sur le visage en pinçant très violemment sa peau. Une manipulation qui peut avoir de graves conséquences...

Avec ses formats courts, son fil d'actualité dopé aux algorithmes, ses filtres créatifs, ses nombreux outils de création et sa large communauté avec qui échanger, TikTok connait un énorme succès auprès des jeunes. Mais tout n'est pas rose dans le monde du réseau social, qui entraine un certain nombre de dérives : addiction, rencontres dangereuses, cyberharcèlement, contenu inapproprié... La liste est longue ! Les challenges en particulier posent un véritable problème. Car s, la plupart du temps, il s'agit de défis innocents, comme des tendances beauté, des défis de cuisine ou des reproductions de chorégraphies, ils sont parfois beaucoup plus dangereux. On ne compte plus le nombre de challenges qui font régulièrement le buzz, à l'instar du blackout challenge – qui incite à se filmer en train de s'étrangler jusqu'à l'évanouissement et qui a coûté la vie à au moins sept enfants –, les plus jeunes utilisateurs n'étant pas forcément conscients des risques et désirant juste imiter les autres.

Le dernier défi en date est le "cicatrice challenge", également appelé "trend cicatrice", et consiste à se créer une fausse cicatrice sur le visage en pinçant très violemment la peau tout en tournant son poignet jusqu'à obtenir une marque rouge qui mettra – dans le meilleur des cas – plusieurs jours à disparaitre. Il y a des centaines de vidéos de ce genre, dont certaines fournissent une sorte de tutoriel pour y arriver. Un énième scandale dont TikTok se passerait bien, alors qu'il est dans la ligne de mire des États-Unis et qu'il est censé avoir durci sa politique de modération.

Cicatrice challenge : un défi qui laisse des traces

Un pincement de doigts et une rotation. Il n'en faut pas plus pour obtenir une "belle" balafre rouge sur sa joue, comme l'illustrent de nombreuses vidéos sur le réseau social chinois. Des vidéos "tuto" qui cumulent des centaines de milliers de vues et sont particulièrement mises en avant. Ainsi, lorsqu'un internaute inscrit les lettres "ci" dans la barre de recherche, TikTok suggère les mots-clés "cicatrices sur la joue" – avec l'icône qui indique que c'est une des tendances les plus populaires du moment –, "cicatrice", "cicatrice trend". De quoi inciter l'utilisateur à aller voir de quoi il est question et, face au succès de challenge, les pousser à en faire autant afin de, eux aussi, connaitre leur heure de gloire. Le problème, c'est que de telles manipulations peuvent créer des angiomes stellaires, de petites marques rouges persistantes sur la peau, qui peuvent rester plusieurs mois, voire ne jamais partir – cela peut alors nécessiter une onéreuse intervention au laser. Autant dire que les dermatologues tirent vivement la sonnette d'alarme.

Mais pourquoi TikTok autorise-t-il la publication et la mise en avant d'une telle pratique, d'autant plus qu'elle va – en théorie du moins – à l'encontre de sa politique ? En effet, sur son site, la plateforme assure interdire la diffusion de contenus incitant à l'automutilation. BFM TV lui a demandé de plus amples explications, ce à quoi elle a répondu qu'elle ne supprimera pas les publications – qui incitent pourtant les jeunes utilisateurs à se créer des plaies superficielles – car elles ne sont pas contraires à ses conditions d'utilisation, se pincer la joue ne correspondant pas à ses yeux à de l'automutilation. Reste à savoir si la firme a consulté l'avis de médecins ou de psychologues avant de parvenir à de telles conclusions. Elle a toutefois annoncé vouloir limiter la portée de ces vidéos en ne les recommandant pas dans le fil "Pour toi". Pourtant, à l'heure où nous écrivons ces lignes, elles sont toujours mises en avant. Une raison de plus pour utiliser les outils de contrôles de TikTok pour protéger son enfant (voir notre fiche pratique).

TikTok : un durcissement de la modération, vraiment ?

Cette décision est pour la moins surprenante étant donné que, début février, TikTok a mis à jour de ses règles communautaires afin d'appliquer une politique de modération plus drastique, comme annoncé dans son communiqué. Le but : aider les utilisateurs à mieux comprendre ses règles et sévir contre ceux qui ne cessent de les enfreindre. Ce changement intervient alors que le réseau social tente d'améliorer sa transparence quant à la modération du contenu et à ses algorithmes de recommandation, deux élémentsrégulièrement pointés du doigt par les régulateurs et autres autorités. "La plupart des membres de notre communauté s'efforcent de respecter nos règles, mais il existe une minorité de personnes qui les enfreignent de façon répétée et dont le comportement n'évolue pas", explique Julie de Bailliencourt, l'une des responsables de TikTok. Ce n'est guère étonnant étant donné que, jusqu'à présent, la plateforme les sanctionnait en leur interdisant temporairement de publier ou de commenter. Il va donc falloir sévir...

Ainsi, le 2 février, TikTok a annoncé le déploiement progressif de la dernière mise à jour de ses règles communautaires, dont l'un des objectifs est de supprimer plus rapidement les comptes nuisibles de la plateforme et de mettre en place un système de pénalités. Ainsi, dès lors qu'un utilisateur publie un contenu enfreignant l'une des règles communautaires, le contenu sera supprimé et le propriétaire du compte recevra une pénalité. "Si un compte atteint le seuil maximal de pénalités, soit pour une même fonctionnalité produit (Commentaire, LIVE par exemple), ou catégorie de nos Règles Communautaires (" Intimidation et Harcèlement " par exemple), il sera banni définitivement de la plateforme ", explique TikTok. Ces seuils pourront varier selon la dangerosité de l'infraction. Ainsi, le nombre de pénalités autorisées sera plus important pour le partage de spam que pour la publication de contenus racistes ou incitant à la haine. "Nous continuerons à appliquer des suppressions permanentes de comptes dès la première pénalité pour des infractions graves, dont la promotion ou les menaces de violence, l'exploitation sexuelle de mineurs, ou le partage d'actes de violence ou de torture dans le monde réel", précise Julie de Bailliencourt. Les pénalités expireront du dossier d'un compte au bout de 90 jours. Dans certains pays, une nouvelle fonction permettra également d'indiquer aux créateurs de contenus les raisons pour lesquelles leurs vidéos sont inéligibles au fil "Pour Toi", avec une possibilité de faire appel. Reste à voir l'application réelle de ces nouvelles règles communautaires et leur efficacité à terme.