La majorité des Français sont favorables à l'interdiction des réseaux sociaux aux enfants

La majorité des Français sont favorables à l'interdiction des réseaux sociaux aux enfants

Les résultats d'un baromètre sur les usages des écrans par les enfants et les adolescents viennent d'être publiés, et le constat est clair : les Français veulent un meilleur encadrement des pratiques numériques des plus jeunes.

Pornographie, cyberharcèlement, contenus inappropriés, désinformation, standards de beauté inatteignables, addiction aux écrans… Les dangers auxquels font face les plus jeunes – et pas que – sur Internet sont nombreux, d'autant qu'à cet âge, les internautes sont plus vulnérables face aux propos et aux contenus mis en ligne par d'autres personnes, mais sont également moins conscients des enjeux et des répercussions possibles du contenu qu'ils publient eux-mêmes, comme les informations personnelles et les photos. Par ailleurs, en laissant leur profil ouvert au public, les mineurs peuvent être exposés à des personnes aux intentions malveillantes, qui peuvent prendre contact avec eux. Le danger peut survenir en quelques clics !

C'est pour toutes ces raisons qu'Emmanuel Macron avait appelé, lors d'une conférence de presse tenue le 25 avril dernier, à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne, estimant qu'"avant 15 ans, il doit y avoir un contrôle parental sur l'accès à cet espace numérique", et plaidé pour la mise en place d'"une majorité numérique à 15 ans en Europe". Une idée que semble partager une majorité des Français, en témoigne  la quatrième édition du Baromètre Harris Interactive sur les usages des écrans et les problématiques associées. D'après le sondage commandé par le Gouvernement, 73 % des Français se disent favorables à l'interdiction des réseaux sociaux chez les moins de 15 ans. Le constat est sans appel : ils attendent davantage d'encadrement concernant les pratiques numériques des plus jeunes.

Majorité numérique : pour un meilleur encadrement des pratiques numériques

D'après les résultats du sondage, 90 % des Français – soit 9 personnes sur 10 ! – sont favorables à l'interdiction des écrans dans les structures dédiées à la petite enfance. Parmi eux, 64 % y sont même tout à fait favorables. De la même façon, la majorité de Français désirerait que cette interdiction se prolonge jusque dans les écoles maternelles – 88 % favorables, dont 57 % tout à fait favorables. Il s'agirait de suivre les recommandations des experts, puisqu'un rapport du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), publié en janvier 2020, préconise de "proscrire" les écrans avant l'âge de trois ans, "si les conditions d'une interaction parentale ne sont pas réunies".

© Harris Interactive

Cette aspiration à la protection des plus jeunes dans le cadre du numérique se poursuit dans le cadre privé. Ainsi, 84 % des sondés affirment être prêts à renoncer à l'achat d'un téléphone portable avant l'âge de 11 ans, dont plus d'un sur deux tout à fait prêt. Ils sont même 69 % à vouloir y renoncer avant 13 ans. Un discours cependant en contraste avec la réalité puisque, d'après une étude du cabinet Junior City publiée en 2021, plus de la moitié des écoliers âgés de 7 à 14 ans (55 %) possèdent un téléphone portable…

Pour les mineurs plus âgés, une volonté de limitation des usages transparaît. Ainsi, 75 % des sondés souhaitent que les usages soient fortement restreints dans les lycées, tandis que 73 % sont favorables à l'interdiction des réseaux sociaux aux enfants avant l'âge de 15 ans.

Majorité numérique : une mesure difficile à mettre en place

Les Français semblent donc plutôt en accord avec la loi sur la majorité numérique votée en 2023 (voir notre article), bien que celle-ci ne soit pas encore appliquée. D'ailleurs, la mise en application d'une telle mesure à l'échelle de la France paraît difficile. Le dispositif aurait la dure tâche de concilier l'efficacité et la protection de la vie privée et des données personnelles. Les solutions envisagées pourraient bien être les mêmes que celles qui seront mises en place pour faire respecter la limite d'âge d'accès aux sites pornographiques, que le Gouvernement est en train de mettre en place, mais qui comporte là aussi d'importantes limites (voir notre article).

© CNIL

Un tel projet coince également au niveau européen. Thierry Breton, commissaire européen, avait désapprouvé la fameuse loi en raison d'un risque de "fragmentation [du] marché unique européen", alors même que le Digital Services Act (DSA) est censé "l'harmoniser": La France "imposerait des restrictions injustifiées à la libre prestation des services", avait-il expliqué, d'autant plus pour des services qui ne sont pas établis en France. C'est d'ailleurs le problème qui s'était posé pour la vérification d'âge sur les sites pornographiques – finalement, la mesure votée ne concernait plus que les plateformes établies en France ou hors de l'Union européenne. Le problème est donc loin d'être résolu !