Test Motorola Razr 40 Ultra : fera-t-il plier Samsung ?
Depuis les années 2000, Motorola signe sous le nom Razr tous ses smartphones à clapet. Après une édition 2022 en demi-teinte, la marque a revu sa copie et revient avec un nouveau modèle plus ambitieux. Suffisant pour remporter le pli ?
Motorola, marque emblématique de la téléphonie mobile à qui l'on doit d'ailleurs la première communication sans fil (c'était il y a cinquante ans déjà), n'a jamais abandonné la course. La firme, américaine, aujourd'hui propriété du Chinois Lenovo, compte bien se refaire une place au soleil en misant sur les avancées technologiques teintées d'un brin de nostalgie. Pari gagné avec ce Razr 40 Ultra taillé pour venir marcher, avec de solides arguments cette fois-ci, sur les plates-bandes de Samsung qui domine le marché des smartphones pliants avec ses gammes Galaxy Z comprenant d'un côté les modèles Fold (au format livre) et de l'autre les modèles Flip, à clapet. C'est sur ce dernier terrain que le Razr 40 Ultra souhaite attirer l'attention. Il succède à plusieurs modèles dont l'un sorti l'an passé mais qui nous avait laissé une impression mitigée face au Z Flip 4 proposé alors par Samsung (lire notre test). Coup de frais donc pour la gamme 2023. Motorola a retenu la leçon avec un design plus élégant, plus frais, moins grossier mais avec aussi quelques innovations qui ferment le clapet du géant coréen… pour le moment. Samsung se prépare en effet à renouveler sa gamme Z avec, là aussi, de belles avancées technologiques. Nous avons pu tester ce Razr 40 Ultra durant quelques jours. Voici notre verdict.
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Motorola Razr 40 Ultra : un design enfin au goût du jour
L'an passé, le modèle Razr nous avait quelque peu déçu. Son design semblait venir d'un autre âge avec de grosses bordure, un boîtier entièrement noir et massif et des finitions très éloignées de ce que proposait Samsung. La firme avait totalement raté (ignoré) l'aspect bijou de son smartphone avec ce format qui se prête pourtant si bien à ce petit jeu. Pour le Razr 40 Ultra, les designers ont compris la leçon. Le mobile adopte aujourd'hui des lignes plus fines et plus racées. Surtout, Motorola le décline en plusieurs coloris. Outre le modèle noir que nous avons eu entre les mains, la firme propose un modèle " Bleu glacier " et " Viva magenta " particulièrement réussi. Un vrai souci d'élégance cette fois-ci renforcé par la présence du verre Gorilla Glass Victus à l'avant comme à l'arrière.
Qui dit pliant dit charnière. Sur ce point, nous l'avons trouvée un peu trop souple à notre goût. Elle permet d'ouvrir le smartphone d'une seule main, certes, mais souffre d'un léger jeu une fois le mobile déplié à 90°. Pas des plus rassurant. Néanmoins, cette souplesse permet également de refermer le smartphone de la même façon qu'il y a un peu plus de 20 ans avec les premiers Razr (à clavier) pour mettre un terme à une conversation téléphonique avec style et satisfaction.
Attention, le Razr 40 Ultra ne profite que d'une certification IP52. Pas question donc de l'immerger dans l'eau et mieux vaut également le tenir éloigné des grains de sable par exemple. Même si le mobile se referme parfaitement (les deux côtés de l'écran interne restant bien en contact).
Motorola Razr 40 Ultra : des écrans remarquables
Évidemment, la grande force de ce nouveau Razr repose sur son écran externe. Pour lui, Motorola a vu grand, très grand même. On dispose ainsi d'une dalle Oled de 3,6 pouces. C'est simple, c'est le plus grand écran externe pour un smartphone au format clapet actuellement disponible, dépassant donc Samsung (1,9 pouce) ou encore Oppo qui nous avait déjà séduit avec son écran de 3,26 pouces sur le Find N2 Flip (lire notre test). 3,6 pouces, c'est également un poil plus grand que les écrans des tout premiers iPhone. Grâce à lui, lorsqu'il est plié, l'appareil se révèle toujours très utile pour lire confortablement des messages ou des notifications par exemple. La lisibilité est excellente avec une définition de 1066 x 1080 et même un taux de rafraîchissement à 144 Hz. Une mesure que l'on retrouve habituellement sur les écrans de smartphones " traditionnels " haut de gamme.
En revanche, cet écran souffre d'un problème majeur : c'est un véritable miroir. Si cela peut être pratique pour se refaire rapidement une petite beauté avec l'écran éteint, ça le devient beaucoup moins pour lire ce qui s'y affiche en plein soleil. Même si Motorola a bien travaillé la luminosité, les reflets, tout comme les traces de doigts, sont inévitables.
Une fois le smartphone déplié, le spectacle est également au rendez-vous. Le Razr embarque une dalle pOled(Plastic Oled) de 6,9 pouces offrant une définition FHD+ (2640 x 1080 pixels) et un taux de rafraîchissement pouvant grimper à 165 Hz. Pas mal. Mais ce qui nous a surtout bluffé, c'est sa luminosité. C'est aussi bon, sinon mieux, que ce que peut proposer Samsung, expert en la matière. Avec lui, aucun problème de lisibilité, quelles que soient les conditions de lumière ambiante.
Par ailleurs, la dalle pOled évite le problème de reflets rencontrés sur l'écran externe. Si vous souhaitez profiter de ce smartphone en plein soleil, le mieux consiste donc à le déplier.
Reste le pli au niveau de la charnière. Sur ce point, Motorola a également bien travaillé. S'il reste légèrement visible lorsque l'écran est éteint, il se fait très immédiatement oublier sitôt celui-ci allumé. Sous le doigt, sa présence est presque imperceptible. Du bel ouvrage.
Motorola Razr 40 Ultra : des performances à la hauteur
Pour son fleuron, Motorola n'a pas opté pour le plus populaires des SoC haut de gamme du moment, le Snapdragon 8 Gen 2 mais s'est rabattu sur la version précédente, le 8+ Gen 1 que l'on retrouve déjà dans le Razr de l'an passé. Un SoC qui ne déçoit toutefois pas en proposant de très bonnes performances. Il est épaulé ici par 8 Go de RAM et 256 Go de stockage (non extensibles). Seule cette configuration est disponible. On obtient ainsi un smartphone très à l'aise dans tous les usages, qui ne souffre d'aucun ralentissement et chauffe assez peu.
En jeu, il permet de s'adonner aisément et confortablement à des titres exigeant comme durant notre test avec Genshin Impact où les 60 fps sont atteints sans problème.
Motorola Razr 40 Ultra : un réel effort sur l'OS
Samsung qui travaille sur les smartphones pliant depuis plusieurs années, fait montre aujourd'hui d'une belle expérience pour tirer le meilleur de ce format en proposant des fonctions logicielles taillées sur mesure. Pour son Razr 40 Ultra, Motorola n'est pas en reste. Son large écran externe s'accommode de nombreuses applications. On peut ainsi consulter des pages Web, des mails, des SMS, WhatsApp ou encore utiliser la navigation dans Google Maps, jouer, etc. C'est bien sûr aussi un écran de contrôle bien adapté pour les selfies. Le fond d'écran est personnalisable à l'envi. À noter que certaines applis profitent d'une transition automatique entre l'écran interne et l'écran externe. On peut par exemple regarder un plan sur Maps sur le grand écran interne puis replier le smartphone et suivre la navigation sur l'écran externe. Bien vu.
Animé par Android 13 et la surcouche logicielle maison My UI, à la fois discrète et très bien fichue, le Razr 40 Ultra profitera de trois ans de mises à jour majeures d'Android et 4 ans de mises à jour de sécurité.
Motorola Razr 40 Ultra : des modules photo perfectibles
L'écran externe du Razr 40 Ultra est flanqué de deux modules photo. Un grand-angle de 12 Mpx (f/1,5) et un ultra grand-angle de 13 Mpx (f/2,2). Dans le poinçon au sommet de l'écran interne, se niche une caméra selfie de 32 Mpx (f/2,4). Un équipement assez classique qu'il est difficile de renforcer par la présence d'un troisième capteur tant la place en façade se révèle limitée. Mais si dans l'ensemble le duo se montre efficace, on en attendait un petit peu mieux.
Ainsi, de jour, le capteur principal donne pleinement satisfaction. Les résultats sont globalement très honnêtes avec un bon respect des couleurs et une luminosité bien présente.
Le module ultra grand-angle ne déçoit pas non plus. Les clichés sont réussis, le piqué légèrement en baisse mais la distorsion sur les bords plutôt contenue.
De nuit, c'est un peu la déception. Les clichés manquent de piqué et le flou peut s'installer très rapidement.
Le mode macro quant à lui, se montre plutôt efficace, si l'on ne tremble pas trop.
Avantage du format clapet et de l'écran externe taille L, la possibilité de réaliser des selfies à l'aide du capteur photo principal. Le mode portrait s'en sort ici plutôt bien. Le bokeh est au rendez-vous et les contrastes soignés même si on aurait apprécié un peu plus de précision dans les détourages.
En vidéo aussi le format clapet présente un avantage. Il permet de filmer en tenant le smartphone ouvert à 90° et de le tenir un peu à la manière des caméscopes d'antan pour plus de stabilité. On salue au passage le très bon stabilisateur optique qui fourni une excellente fluidité de l'image.
Motorola Razr 40 Ultra : Autonomie et recharge correctes
Pour donner vie à son petit bijou, Motorola a opté pour une batterie de 3800 mAh. Cela paraît un peu juste, surtout au regard des capacités des deux écrans à grimper en luminosité, mais le choix reste acceptable. Durant nos tests, le smartphone a ainsi tenu un peu plus de 16 heures en mêlant différents usages (photos, GPS, lecture sur le Web, messagerie, etc.). C'est raisonnable mais bien en-dessous de ce que propose Oppo avec son N2 Flip. Pour la recharge, le Razr 40 Ultra s'appuie sur un chargeur 30 W (fourni). On récupère ainsi 70 % d'autonomie en trente minutes. Une heure est nécessaire pour refaire le plein à 100 %. Pour les adeptes de la recharge sans fil, l'appareil propose une recharge à 5 W. C'est très peu face à des modèles offrant aujourd'hui la recharge sans fil à 50 W. Elle a au moins le mérite d'exister.
Motorola Razr 40 Ultra : faut-il craquer pour le pliant au grand écran ?
Avec le Razr 40 Ultra, Motorola réussi à donner un bon coup de frais à sa gamme de smartphones pliants. Indéniablement, son grand écran externe, très confortable au quotidien, fait la différence face à la concurrence. Le concept du pliable prend, avec lui, tout son intérêt lorsqu'il s'agit de conserver dans sa poche un mobile ultra compact, de le dégainer sans devoir l'ouvrir pour la plupart des tâches et de profiter, quand il est nécessaire d'un grand et bel écran. Motorola doit toutefois améliorer certains points comme la photo et l'autonomie. Surtout pour un smartphone commercialisé à 1199 euros. Mais on salue aussi l'audace de la marque de proposer également un autre modèle pliant, aux ambitions certes revues à la baisse mais facturé bien moins cher (899 euros) pour qui serait tenté de tâter du clapet à moindre coût.