Uptobox inaccessible : la fin du site après une descente de police ?

Uptobox inaccessible : la fin du site après une descente de police ?

Très utilisé pour conserver et partager des contenus piratés, le service de stockage en ligne Uptobox est inaccessible depuis mercredi, suite à une descente de police chez ses hébergeurs. La fin des haricots ?

Les amateurs de téléchargement illégal connaissent bien Uptobox, la plateforme française de stockage dans le cloud. Celle-ci permet de mettre en ligne et de partager des fichiers, comme des films, des séries TV, des musiques, des logiciels et des jeux – un peu comme Megaupload à l'époque. Les sites de téléchargement direct, tels Darkino, Wawacity, Trirexo, Zone Téléchargement ou Extreme Download, référencent dans leurs catalogues des liens permettant de récupérer ces contenus sur des services d'hébergement de ce type, et Uptobox fait partie des plus connues, en offrant un accès simple avec des débits relativement élevés, y compris avec son accès gratuit. Les créateurs du service ont par la suite développé UpToStream, son pendant qui permet de lire directement les fichiers vidéo depuis le site, sans les télécharger.

Toutefois, depuis mercredi 20 septembre, les deux sites sont totalement inaccessibles. Au début, Uptobox a simplement indiqué sur X (anciennement Twitter) un "problème technique" avant de préciser que les gestionnaires ont "perdu accès aux serveurs contenant les fichiers utilisateurs". En réalité, comme le rapporte l'Informé, cela est dû à une descente de police chez Scaleway et OpCore, deux hébergeurs installés à Vitry-sur-Seine et faisant partie du groupe Iliad (Free), qui sont utilisés par Uptobox. Une information qui a depuis été confirmée dans un communiqué de l'Alliance for Creativity and Entertainment (ACE) – une coalition mondiale d'ayants droit réunissant des géants du secteur comme Apple TV+, Amazon, Disney, Warner Bros, Netflix, Sony Pictures Entertainment, Paramount et Amazon, qui a pour but de lutter contre le piratage de contenus et les sites de streaming illégaux. Les forces de l'ordre veulent obtenir l'identité des administrateurs de la plateforme ainsi que celle de ses abonnés Premium. D'après l'ACE, des opérations seraient également en cours en France et aux Émirats arabes unis. Voilà qui pourrait bien sonner le glas du service de stockage en ligne.

Uptobox : la base de données du site délocalisée

D'après l'Alliance, le site Uptobox a enregistré plus de 1,5 milliard de visiteurs sur les trois dernières années, venant principalement de France, mais aussi d'Inde, d'Indonésie et du Mexique. De plus, les gérants français du site sont actuellement basés à Dubaï, "où ils ont amassé des gains illégaux en vendant de la publicité et des abonnements premium". C'est grâce à une photo postée sur Twitter en 2018 par l'internaute Starouille que les enquêteurs de police ont pu établir le lien entre Uptobox et les centres de données à Vitry-sur-Seine.

D'après les informations fournies par le site sur X, tous les serveurs où étaient stockés les fichiers des utilisateurs ont été perdus. La base de données en elle-même n'a pas été touchée, mais, par souci de sécurité, elle "a été délocalisée off-web et les serveurs opérant le site ont été effacés dans leur intégralité". Uptobox se veut rassurant et affirme que le lien entre les fichiers et les comptes utilisateurs se fera de nouveau dès que l'accès aux serveurs sera récupéré – s'il est récupéré un jour. "Quant aux abonnements Premium, ceux-ci sont gelés et seront restaurés et crédités d'une compensation dès que nous récupérerons l'accès aux serveurs de fichiers", ajoute-t-il. Pour le moment, il est difficile de savoir si le site et quand le site sera de nouveau en ligne.

Uptobox : un service dans le collimateur de la justice

La plateforme se trouve dans le collimateur de la justice depuis plusieurs mois déjà. La Commission européenne avait inclus la plateforme dans sa liste noire de surveillance de la contrefaçon et du piratage publiée le 1ᵉʳ décembre 2022, tandis que l'Arcom en avait fait de même en avril dernier. En mai 2023, la justice française était passée à la vitesse supérieure et avait demandé aux FAI de bloquer plusieurs adresses liées à Uptobox pendant dix-huit mois, à la suite de plaintes des ayants-droits (voir notre article).

Le tribunal judiciaire de Paris estimait en effet que la plateforme "incite à la violation du droit d'auteur et des droits voisins par la mise en place d'outils spécifiquement destinés au partage de masse et illicite de contenus protégés, en promouvant sciemment ces partages, notamment par le biais d'un modèle économique qui laisse présumer que ses exploitants jouent un rôle actif dans le partage des fichiers contrefaisants". Grand bien lui fasse, le blocage se faisant sur la base des DNS, il a suffi à Uptobox de faire circuler de nouveaux noms de domaines et aux utilisateurs de changer de serveur de DNS pour y accéder (voir notre fiche pratique). Un jeu du chat et de la souris qui pourrait bien arriver à sa conclusion...

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