eSim et iSim : la fin de la carte SIM dans les smartphones ?
Alors que l'eSIM commence à se populariser sur les smartphones, un nouveau remplaçant de la traditionnelle carte SIM traditionnelle s'annonce déjà : l'iSIM, un équivalent directement intégré dans la puce du téléphone.
Il va falloir s'habituer à voir des smartphones sans aucun tiroir ou emplacement SIM, cette fameuse petite carte électronique associée à un forfait, indispensable pour communiquer sur un réseau mobile. Et pour cause : voilà déjà plusieurs années que les constructeurs et les opérateurs proposent de la remplacer par l'eSIM (contraction de Embedded SIM, pour SIM intégrée ou SIM embarquée en français), un équivalent prenant place dans une puce dédiée dans le smartphone. Une évolution liée en grande partie à un problème de place. Et qui va encore s'accentuer dans les prochaines années avec l'arrivée de l'iSIM, la technologique ultime pour remplacer la carte SIM classique…
eSIM : une carte SIM intégrée au smartphone
De fait, l'espace étant par essence compté dans un smartphone, les constructeurs cherchent à miniaturiser tous les éléments – sauf l'écran ! – afin d'intégrer un maximum de composants et de capteurs ainsi que des batteries toujours plus importantes tout en évitant que les appareils deviennent trop massifs. Et la carte SIM n'échappe pas à cette cure d'aigrissement sans fin ! Car même si elle devenue de plus en plus petite au fil du temps – en passant du format SIM au micro SIM puis au nano SIM –, elle occupe d'autant plus de place qu'elle nécessite un logement sous forme d'emplacement ou de tiroir. D'où la généralisation progressive de l'eSIM, cette version miniaturisée de la carte SIM traditionnelle directement soudée à la carte mère qui permet aux constructeurs de se passer du tiroir à carte SIM – et donc de gagner de la place pour les composants – qui permet également aux opérateurs de modifier plus facilement et à distance les informations qu'elle contient (voir notre fiche pratique).
Cela fait plusieurs années que l'eSIM est prise en charge par de nombreux constructeurs, en particulier pour les smartphones haut de gamme. Apple a même franchi un cap puisque, aux États-Unis, les iPhone 14 n'ont plus de tiroir pour carte SIM physique, ce qui oblige leurs utilisateurs à adopter l'eSIM. Et les appareils tournant sous Android pourraient bientôt suivre le même chemin ! En effet, Google a annoncé au MWC 2023 – qui s'est tenu début mars – une nouvelle fonction de transfert des eSIM sur son système d'exploitation. Une meilleure prise en charge de l'eSIM facilitera donc son utilisation et devrait encourager l'adoption de la technologie. Mais son successeur semble déjà entrer en scène, puisque Qualcomm et Thales ont lancé fin février une version améliorée, baptisée iSIM.
Google souhaite faciliter le transfert d'une eSIM d'un appareil à un autre, en se fondant sur les normes de sécurité de la GSMA (l'association de l'industrie des télécommunications) et du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel). Plus tard dans l'année, "nous proposerons une nouvelle fonction de transfert eSIM pour Android, qui permettra aux utilisateurs de transférer rapidement et en toute sécurité leur forfait mobile vers un nouvel appareil, sans avoir à échanger une carte SIM physique", annonce le géant du numérique. L'opérateur allemand Deutsche Telekom sera le premier à adopter cette nouvelle fonction de l'écosystème. La firme n'a pas donné plus de détails pour le moment, mais cette annonce marque un pas important vers le remplacement des cartes SIM physiques par les eSIM.
iSIM : une carte SIM intégrée au processeur
Toutefois, l'eSIM semble déjà avoir trouvé un successeur avec l'iSIM (Integrated Subscriber Identification Module, ou module d'identification d'abonnement intégré en français). Cette technologie possède le même fonctionnement que l'eSIM mais diffère dans sa conception. En effet, l'eSIM est un composant distinct qui est soudé sur la carte mère du smartphone. En revanche, l'iSIM est directement intégrée dans le SoC – la puce principale, qui intègre notamment le CPU et le GPU. De ce fait, elle permet au constructeur d'économiser de l'espace, et donc d'intégrer une plus grosse batterie ou de proposer un smartphone plus fin, et de réduire les coûts de construction et de logistique. Sans compter qu'elle peut tirer profit directement de la puce dans laquelle elle est intégrée !
Le projet d'une carte iSIM est en route depuis plusieurs années déjà, mais c'est à l'occasion du MWC que Qualcomm et Thales ont annoncé fin février avoir développé et intégré une iSIM au processeur Snapdragon 8 gen 2, qui équipe aujourd'hui la plupart des appareils haut de gamme de 2023, comme le Samsung Galaxy S23 ou le Xiaomi 13. Mieux encore : l'iSIM a obtenu la certification de la GSMA, qui atteste qu'en matière de sécurité et de flexibilité pour les utilisateurs, l'iSIM offre les mêmes avantages et garanties que l'eSIM. Pour délivrer cette certification, l'organisme se penche sur trois points : l'iSIM doit être aussi résistante aux attaques sophistiquées que la puce des eSIM actuelles ; les éléments sensibles chargés dessus par les fabricants de puces et de smartphones dans leurs usines doivent être protégés pour éviter toute compromission lors de la fabrication ; l'iSIM doit être compatible avec les standards des services d'activation à distance des opérateurs.
"Parallèlement à l'eSIM de plus en plus populaire, l'iSIM 5G de Thales offre aux fabricants d'appareils et aux opérateurs mobiles une liberté encore plus grande. Cela leur permet d'offrir à leurs clients une connectivité sans fil, sans effort et une offre de services toujours plus intéressante et accessible", explique Guillaume Lafaix, vice-président des solutions intégrées chez Thales. Ainsi, l'utilisateur peut posséder plusieurs abonnements en même temps – un professionnel et un personnel, ou pour deux pays par exemple. Cette technologie a donc de quoi séduire à la fois les utilisateurs, les opérateurs et les constructeurs. Sa généralisation devrait donc se faire petit à petit. Selon une étude du cabinet Kaleido Intelligence, l'iSIM pourrait prendre 19% des expéditions d'eSIM en 2027, soit 300 millions d'unités. Et le marché de emplacement de la carte SIM est colossal : rien qu'en France, au 31 décembre 2022, on comptait quelque 82 millions de cartes SIM classiques en circulation.