Présidentielle 2022 : un quiz pour choisir un candidat

Présidentielle 2022 : un quiz pour choisir un candidat

À l'instar de l'appli Elyze qui a récemment défrayé la chronique, le Quizz du berger propose de trouver un candidat à l'élection présidentielle par affinités d'idées en répondant à un questionnaire anonyme.

À l'approche de l'élection présidentielle 2022, dont le premier tour se déroulera le 22 avril, de nombreux citoyens s'interrogent encore sur leur vote. Entre l'inquiétude suscitée par la situation internationale, l'indécision face aux candidatures et au flou de certains programmes, la déception engendrée par des choix précédents ou encore l'indifférence totale à toute question politique, les raisons sont nombreuses et variées et le risque d'une forte abstention reste élevé. C'est précisément pour tenter d'impliquer les indécis qu'une équipe enthousiaste a développé Elyze, une application mobile principalement destinée aux jeunes – mais pas que – qui a fait grand bruit – et même soulé des polémiques – il y a quelques semaines (voir notre article). L'idée, originale, consistait à trouver un candidat par affinités d'idées, en répondant à un questionnaire, mais à la manière d'un Tinder.

Le Quizz du Berger : des réponses plus étoffées que sur Elyze

Une recette que vient de reprendre Le Quizz du Berger, qui promet d'aider ainsi à trouver le "candidat idéal". Mais avec plusieurs nuances. En premier lieu, il ne s'agit pas d'une application à installer sur un téléphone ou une tablette, mais d'un site Web, auquel on accède avec un simple navigateur Internet, sur ordinateur comme sur mobile. Ensuite, tout reste anonyme : il n'y a pas besoin de créer un profil ou de livrer des données personnelles. Surtout, contrairement à Elyse qui se contente d'une réponse "binaire" – d'accord ou pas d'accord – à chacune de ses questions, Le Quizz du Berger fait plusieurs propositions – jusqu'à six ! – ce qui complexifie le remplissage du questionnaire comme son analyse. Enfin, le quiz ne fournit pas uniquement un résultat global, en désignant un candidat, mais également des affinités par thèmes. 

En pratique, Le Quizz du Berger propose un questionnaire comportant actuellement 114 questions réparties dans 18 thématiques : Affaires étrangères, Climat, Énergie et Écologie, Démographie et question migratoire, Dépenses et dette publiques, Agriculture et alimentation, Culture, Finance, Gouvernance et République… On peut commencer par n'importe quel thème et il n'est pas nécessaire de répondre à tout : on peut même tout simplement ignorer les questions embarrassantes ou inintéressantes. Il est même possible d'effectuer des recherches par mots-clés – en tapant le mot "nucléaire", on accède au thème Climat, Ecologie, Energie, par exemple – ou d'enregistrer le formulaire pour le compléter plus tard.   

On obtient très rapidement un résultat d'affinités, avec un classement décroissant sous forme de pourcentage d'idées communes avec un ou plusieurs candidats, et il est possible à tout moment de reprendre le questionnaire sur n'importe quelle thématique et même de modifier des réponses. On peut aussi afficher les réponses (fictives) des candidats pour s'y comparer. Outre le classement global, on voit également un résultat par thème et se découvrir des affinités sur l'Europe avec X, sur les questions sociales avec Y et sur l'environnement avec Z.

Un projet conçu avec des étudiants de Science Po

À l'initiative du projet Le Quizz du Berger, il y a un développeur Web, Arnaud Ambroselli, qui se dit "intéressé par la politique et notamment par le comportement des électeurs et militants" et qui s'est évertué à ce qui motivait des votes. "J'ai voulu faire un site dans lequel on a un premier résultat global pour aider à mieux choisir son candidat, mais aussi des résultats thèmes par thèmes pour se rendre compte qu'il est possible d'avoir des proximités avec des candidats ou des partis qu'on n'aurait pas soupçonnés. Et donc d'insinuer le doute chez l'électeur. […] C'est en réfléchissant à la politique qu'on en fait, et il est important en démocratie que les électeurs se posent des questions, parce que le doute fait progresser", explique ce passionné. 

Comme il souhaitait des questions ouvertes pour ne pas orienter les réponses, le développeur a fait appel à Science Po Toulouse. Quatre étudiants de l'Interface SPTJC–Junior Entreprise de Sciences Po Toulouse ont rédigé les questions sous la houlette de deux superviseurs afin de rendre le quiz neutre et pertinent. Selon eux, l'étude des propositions des candidats a été méthodique et réalisée de manière scientifique, avec une méthodologie comptant pas moins de 243 pages d'explications détaillées sur les positions de chacun des candidats sur tous les thèmes.

De fait, Le Quizz du Berger apparaît moins ludique qu'Elyze, d'autant qu'il faut du temps pour faire le tour du questionnaire."Mon site demande plus à ceux qui répondent aux questions", reconnaît Arnaud Ambroselli. "Pour ceux qui ont déjà une conscience politique forte, voire très forte, répondre devrait leur insinuer une part de doute et une ouverture aux autres partis et candidats qu'il n'auraient jamais considéré sans ce quiz. Mon projet est en open source, et mon vœu le plus cher serait que ce type de quizz puisse être repris pour n'importe quelle élection : il suffit juste de changer le questionnaire. Mais je sais la difficulté que représente un tel exercice : relativement exhaustif, impartial... C'est très technique, cela représente des jours entiers de travail, non rémunéré. Il est donc disponible pour qui veut s'en servir, et qui a le courage de s'y plonger !"

L'ensemble n'est pas sans défaut – la présentation st austère, il y a des coquilles et des fautes d'orthographe, certaines questions-réponses méritent une lecture attentive en raison de leurs tournures et des options – comme la possibilité de partager ou de comparer ses résultats avec des amis – laissent perplexe. Mais, comme dans le cas d'Elyze, l'initiative est respectable. Non par les résultats qu'elle suggère, qui ne tiennent pas compte de l'attrait "humain" que certains candidats peuvent exercer, par exemple, mais par le fait qu'elle amène à s'interroger sur des sujets de société et donc à s'intéresser aux programmes et à la politique. Il faut juste espérer que ces nouveaux outils citoyens débouchent sur une réelle réflexion.

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