Les jeux vidéo rendent sourd - une nouvelle étude scientifique sonne l'alerte sur la perte d'audition
Selon une récente étude scientifique, les joueurs de jeux vidéo, qui sont bien souvent exposés de façon prolongée à des niveaux sonores trop élevés, ont plus de risques de développer des pertes d'audition.
Depuis leur création, dans les années 1970, les jeux vidéo n'ont cessé de conquérir de nouveaux utilisateurs au point de devenir l'une des plus grandes industries culturelles. En 2022, par exemple, ce sont plus de trois milliards de joueurs qui ont été recensés dans le monde. Mais si les jeux vidéo ont des bienfaits reconnus pour leurs adeptes – dont l'apprentissage, la créativité, la mémoire ou même la concentration –, ils ont également leur lot d'inconvénients. En effet, les joueurs peuvent notamment souffrir de plusieurs troubles tels que la dépendance, l'isolement social et même des problèmes de vision. Parallèlement, l'éternel débat concernant les jeux vidéo qui rendraient certains utilisateurs violents – notamment à cause de leur manque de discernement entre la fiction et la réalité – continue toujours d'intriguer les non-initiés. Mais ce n'est pas tout ! Comme le révèle une étude publiée dans le BMJ Public Health, le mardi 16 janvier 2024 – dans laquelle les scientifiques ont analysé 14 rapports impliquant plus de 50 000 joueurs de 9 pays différents –, les jeux vidéo peuvent également provoquer des pertes d'audition.
Parmi les nombreuses enquêtes qui ont été menées au cours de cette étude, certaines se sont penchées sur les jeux dits bruyants qui sont proposés sur consoles, sur ordinateur, dans les salles d'arcade ou même sur smartphone. Malheureusement, les conclusions des spécialistes ne sont guère optimistes. Selon eux, les joueurs réguliers, qui sont majoritairement représentés par des hommes – car ils jouent plus longtemps et avec un son plus élevé que les femmes –, ont un plus grand risque de surdité partielle. La pathologie la plus fréquente concerne notamment une baisse de la perception de certains sons. "Cela se traduit par une perception diminuée des sons les plus faibles, comme les chuchotements, ou encore des sons aigus de haute fréquence, comme les 'sss' ou les 'fff' , a expliqué Paul Avan, directeur du centre de recherche et d'innovation en audiologie humaine (CERIAH) à l'Institut Pasteur, lors d'un échange avec Le Figaro. Outre ce phénomène particulièrement inquiétant, les joueurs peuvent également développer des acouphènes qui peuvent se manifester de manière ponctuelle. Dans certains cas, les bourdonnements peuvent même s'installer de façon irréversible.
Ces problèmes auditifs sont la conséquence d'un bruit trop élevé émis par les casques des joueurs. Pour tenter de s'immerger dans des univers tels que la guerre de Call of Duty ou les courses automobiles de Gran Turismo, les gamers ont malheureusement tendance à laisser le volume de leur casque trop fort. Pour rappel, l'OMS recommande aux adultes de ne pas écouter de volumes sonores supérieurs et équivalents à 80 décibels (dB) pendant quarante heures au cours d'une même semaine. Pour les enfants, l'organisme revoit ce chiffre à 75 dB pendant quarante heures par semaine. D'autant plus que ce temps d'exposition diminue de moitié à chaque augmentation de 3 dB. Ainsi, les adultes doivent éviter d'être exposés à 83 dB plus de vingt heures par semaine ou à 86 dB pendant plus de dix heures, etc.
Pour faire face à ce nouveau problème, les spécialistes veulent sensibiliser les joueurs aux risques qu'ils encourent. "Sans compter que les jeux ne sont pas la seule source quotidienne de bruit : ajoutez-y le temps d'écoute dans les transports, en boîte de nuit (> 102 dB), dans les stades (> 105 dB), mais aussi les crissements du métro par exemple qui dépassent facilement les 85 décibels", explique Paul Avan, précisant qu'il serait judicieux pour les joueurs d'investir dans un casque à réduction de bruit. "Ensuite, il est de la responsabilité des autorités et des créateurs de jeux d'inclure par exemple des compteurs journaliers qui pourraient indiquer sous forme d'alerte si le niveau sonore quotidien a été dépassé ou bien en affichant en permanence dans le coin de l'écran un code couleur avec le niveau d'intensité sonore, rouge en cas de dépassement", conclut Laurent Tavernier, directeur du service ORL au CHU de Besançon, auprès du Figaro.