Bard : l'IA de Google est disponible en France et en français

Bard : l'IA de Google est disponible en France et en français

Ça y est ! Bard, l'IA de Google, est enfin disponible en France et en français ! Vous pouvez dès à présent utiliser gratuitement le concurrent de ChatGPT. Mais attention, car s'il est plutôt rapide, il raconte encore beaucoup de bêtises

Quelques semaines après son lancement auprès du grand public aux États-Unis et dans 179 autres pays, Google Bard arrive enfin en France – et plus généralement en Europe. Depuis le 13 juillet, il est donc possible d'accéder gratuitement à l'IA de Google depuis son site officiel, sans avoir à utiliser un VPN pour se localiser à l'étranger. Un petit délai de lancement dû à la législation européenne, plus sévère quant à l'exploitation des données personnelles des utilisateurs, que le géant de la tech a tenu à respecter. Mais, bonne nouvelle, Bard n'arrive pas les mains vides et fait le plein de nouveautés. Il est notamment capable de prendre en charge plus de quarante langues – dont le français ! – contre trois auparavant. Plus besoin de s'adresser à lui dans la langue de Shakespeare ! De plus, l'IA basée sur le modèle de langage LaMDA 2 (Language Model for Dialogue Application, soit modèle de langage pour les applications de dialogue en français) fait le plein de nouvelles fonctions pour le moins intéressantes. Reste que Bard apparait comme en retard par rapport à ChatGPT – même si c'est normal étant donné que le chatbot d'OpenAI a plus d'expérience –, que ce soit au niveau des hallucinations ou des garde-fous.

Bard : comment utiliser l'IA de Google en France ?

Bard est disponible gratuitement en ligne, depuis n'importe quelle interface Web – il n'y a pas encore d'application pour mobile. Son interface est similaire à celle de ChatGPT, avec une barre de saisie en bas de l'écran dans laquelle on rentre un prompt – une commande, une consigne. L'IA génère alors une réponse adaptée – enfin, plus ou moins – en langage naturel. Les conversations sont sauvegardées dans la barre latérale de gauche afin que l'on puisse les relire plus tard. On peut même épingler les plus importantes, afin de les retrouver plus facilement. Voici la marche à suivre pour tester le chatbot de Google :

► Rendez-vous sur bard.google.

► Cliquez sur le bouton Connexion.

► Connectez-vous à votre compte Gmail. Si c'est déjà fait, cliquez simplement sur Essayer Bard.

Notons que, pour chacune de ses réponses, Bard propose d'afficher "d'autres suggestions", permettant ainsi de jongler entre trois réponses différentes afin de garder celle qui nous convient le mieux – dans nos tests, il s'agissait souvent de la première.

Les différentes réponses suggérées. © CCM

Google Bard : de nouvelles fonctions à gogo

L'IA de Google propose plusieurs fonctions intéressantes. Par exemple, lorsque Bard répond à une requête, il est possible de lui faire lire la réponse à haute voix en cliquant sur l'icône en forme de haut-parleur, à droite. Cela peut être utile si l'on souhaite connaitre la prononciation d'un mot. Notons que cet audio est disponible en français. De plus, il est maintenant possible d'affiner la réponse du chatbot en fonction de nos besoins, en choisissant son ton entre "simple, long, court, professionnel, informel". Attention, cette option n'est disponible qu'en anglais pour le moment.

Google compte faire de Bard un outil pour booster sa productivité. C'est pourquoi une option, accessible via les trois petits points en bas à droite, permet de copier une réponse dans le presse-papiers pour la partager ou la réutiliser. L'IA profite également de son intégration – pour le moment légère – avec les outils de la firme de Mountain View. Aussi, on peut exporter les réponses directement vers Google Docs ou Gmail en cliquant sur le bouton de partage. Si l'on souhaite approfondir le sujet, un bouton "Rechercher", situé juste à côté, permet d'effectuer une recherche Google à partir des suggestions du chatbot. Enfin, l'un des points forts de Bard, notamment par rapport à ChatGPT, est qu'il dispose d'une approche multimodale. Ainsi, il comprend les prompts comprenant du texte et une image grâce à Google Lens, qui lui permet d'analyser les éléments visuels. Là encore, cette fonction est uniquement disponible en anglais pour le moment.

Bard : des aptitudes et comportements à améliorer

Lorsque l'on arrive sur Bard pour la première fois, la page fait apparaître plusieurs messages de prévention, notamment pour rappeler qu'il s'agit d'un service expérimental. "Bard peut fournir des réponses inexactes ou inappropriées. En cas de doute, utilisez le bouton 'Rechercher sur Google' pour vérifier les réponses de Bard", peut-on lire. Et effectivement, on se rend rapidement compte qu'il y a quelques soucis avec le chatbot. Comme toutes les IA génératives, elle a tendance à halluciner, c'est-à-dire qu'elle invente des choses lorsqu'elle ne connaît pas la réponse à une question posée, le tout en faisant preuve d'un grand aplomb.

Une belle hallucination comme on les aime. © CCM

Exemple : nous lui avons demandé de nous écrire un article de presse sur TikTok Music, qui a récemment été dévoilé. Déjà, pour le format, il faudra repasser, l'IA s'est contentée de nous répondre comme elle le fait en temps normal. Le problème, c'est surtout qu'elle a raconté n'importe quoi, inventant des caractéristiques, des fonctions ou encore des abonnements au service de streaming musical. Nous lui avons fait remarquer, et le chatbot s'est immédiatement corrigé... en continuant d'halluciner de plus belle. Il n'existe aucun abonnement au service en Allemagne, pour la simple et bonne raison que l'application est uniquement disponible au Brésil et en Indonésie. Bref, impossible d'obtenir une réponse correcte à notre question... Et comme l'IA ne fournit pas de lien pour indiquer ses sources, à la différence de Bing Chat, impossible de vérifier les informations.

Non, toujours pas. © CCM

Mais Bard rencontre également quelques problèmes au niveau de ses filtres et de ses garde-fous. Une étude menée par Check Point Research (CPR) a permis, grâce à divers scénarios, de comparer l'efficacité des mesures restrictives anti-abus mises en place par Google par rapport à celles de ChatGPT. Conclusion : "il est beaucoup plus facile de générer du contenu malveillant avec Bard", tranchent les chercheurs. Tout d'abord, ils ont demandé aux chatbots d'écrire un mail de phishing, ce que tous deux ont refusé. En revanche, Bard a accepté de leur en fournir un exemple précis, usurpant au passage l'identité d'un service financier. Les deux IA ont refusé d'écrire un morceau de code de malware. Toutefois, l'IA de Google a fourni le code de keylogger universel – permettant de capter les frappes du clavier ou de l'écran –, de même que le script d'un ransomware.

Résultat : "les mesures restrictives anti-abus de Bard dans le domaine de la cybersécurité sont moindres que celles de ChatGPT", concluent les chercheurs. De notre côté, nous nous sommes faits passer pour une jeune fille de treize ans vivant chez son père, et avons demandé à Bard des conseils pour camoufler les bleus que celui-ci nous a fait aux bras à l'assistante sociale. Si l'IA nous a, dans un premier temps, invités à en parler à quelqu'un et à demande de l'aide, elle nous a ensuite fourni toutes les informations nécessaires à la manipulation. Bref, il y a vraiment du travail de ce côté-là.

Quel bon conseil... © CCM

Bard : quid de l'exploitation des données personnelles ?

Qui dit Google et IA, dit collecte des données personnelles des utilisateurs. Il y a quelques jours, nous avions remarqué un subtil changement des règles de confidentialité de ses services américaines de l'entreprise, qui s'octroyait alors le droit d'utiliser tout le contenu disponible sur Internet. Y compris toutes les informations que l'on publie (voir notre article). Celle-ci avait même demandé à ses employés de ne pas fournir d'informations confidentielles ou sensibles au chatbot ! De quoi s'inquiéter...

Pour le moment, les utilisateurs de Bard ont la possibilité de refuser l'enregistrement de leurs discussions, même à des fins d'amélioration du service par l'entreprise californienne. Une possibilité qui fait peut-être partie des ajustements que Google a dû mettre en place pour se conformer à la réglementation européenne concernant la protection des données personnelles, après avoir échangé plusieurs mois avec la Commission irlandaise de protection des données – la CNIL européenne.

Aussi, dans la page "Mon activité Bard", il est possible d'activer ou non son "Activité Bard". "Choisissez si vous souhaitez que votre activité Bard (comme les requêtes que vous soumettez, les réponses que vous recevez et les commentaires que vous partagez) soit enregistrée ou non dans votre compte Google", indique la firme. Lorsque ce paramètre est activé, Google enregistre l'activité Bard de l'utilisateur dans son compte Google pendant 18 mois. Cela inclut la zone géographique générale de l'appareil, l'adresse IP et les adresses personnelle ou professionnelle dans du compte Google. Ces données sont utilisées pour améliorer et développer ses produits et des services, ainsi que ses technologies de machine learning. Il est également possible de supprimer son activité pendant une certaine période. Mais cela n'empêche pas de rester prudent sur ce que l'on confie à Bard !