Google Workspace : de l'IA à tous les étages
Après Microsoft, c'est au tour de Google d'intégrer de l'IA dans sa suite bureautique. Les utilisateurs de Workspace vont pouvoir s'appuyer ainsi sur un assistant intelligent pour générer automatiquement des documents, y compris dans Gmail !
Depuis que ChatGPT, le robot conversationnel révolutionnaire d'OpenAI, a débarqué sur Internet à la fin 2022, Microsoft et Google se sont lancés dans une course à l'IA effrénée. Il y a quelques jours, la start-up a annoncé la sortie de GPT-4, la nouvelle version du modèle de langage qui alimente ChatGPT – et qui est déjà intégrée dans le chatbot de Bing. Ni une, ni deux, Google a répondu en annonçant sur son blog l'intégration d'une intelligence artificielle dans les services de sa suite Google Workspace, notamment dans Gmail, Docs, Slides, Sheets, Chat et Meet. "Nous nous trouvons actuellement à un moment charnière de notre parcours dans le domaine de l'IA. Les percées réalisées dans le domaine de l'IA générative modifient radicalement la manière dont les gens interagissent avec la technologie", explique le géant d'Internet dans un post. Ainsi, les utilisateurs pourront déléguer certaines tâches de rédaction ou de création de contenus à l'intelligence artificielle.
Google Workspace : l'IA comme assistant
L'intégration de l'IA aux services de Google devrait permettre aux utilisateurs de gagner un temps précieux dans l'exécution de tâches administratives. Ainsi, ils auront simplement à saisir un sujet ou une consigne pour que l'intelligence artificielle génère un brouillon, qu'ils pourront modifier et éditer à leur guise – pour rédiger un e-mail de bienvenue à un nouvel employé par exemple. De même, elle pourra "rédiger, répondre, résumer et hiérarchiser" les mails dans Gmail. Elle sera également capable de résumer une conversation comprenant plusieurs e-mails, de suggérer une réponse appropriée, ou encore de convertir des notes prises sous la forme de points en un texte présentable.
Sur Sheets – l'équivalent de Microsoft Excel –, l'IA sera capable de passer "des données brutes aux idées et aux analyses grâce à l'auto-complétion, à la génération de formules et à la catégorisation contextuelles". De plus, elle pourra générer automatiquement des images, du son et des vidéos dans Slides. Enfin, elle pourra générer de nouveaux arrière-plans et prendre des notes dans Meet, ainsi qu'"activer des flux de travail pour faire avancer les choses dans Chat." Voilà qui semble plutôt prometteur sur le papier !
Google Workspace : une course à l'IA avec Microsoft
Juste après l'annonce de Google, Microsoft a dévoilé lors d'une conférence l'intégration à sa suite Microsoft 365 de Copilot, une IA servant d'assistant pour créer des présentations PowerPoint, rédiger des documents Word, résumer des tableaux Excel, et qui s'annonce comme véritablement révolutionnaire (voir notre article). C'est décidément la guerre entre les deux géants du numérique ! Toutefois, cette vitesse d'innovation et l'absence de fiabilité de ces modèles d'IA ne manquent pas de susciter quelques inquiétudes, notamment au niveau de la sécurité des données professionnelles des utilisateurs et de la fiabilité de la technologie.
En effet, on craint forcément les erreurs, les dérives et les hallucinations – ces moments où les IA se mettent à faire et à dire n'importe quoi –, surtout que Microsoft met la pression à Google et l'amène à trop se précipiter, comme cela a été le cas avec la présentation de Bard, qui a été un véritable fiasco et a fait perdre beaucoup d'argent à l'entreprise (voir notre article). Et autant cela peut prêter à sourire lorsque l'on teste un chatbot, autant cela peut vite s'avérer problématique en plein travail, avec une intelligence artificielle qui inventerait de nouveaux clients ou de nouveaux produits, qui attribuerait des citations ou des idées citées en réunion aux mauvaises personnes, ou qui se tromperait pour résumer un tableau Sheets comprenant des centaines de lignes ! "Parfois, l'intelligence artificielle se trompe. Parfois elle vous régale avec une chose excentrique, et souvent elle a besoin d'être guidée ", admet Google.
Au vu des polémiques avec LaMDA, son modèle de langage qui serait doué d'une conscience selon l'un de ses anciens collaborateurs, du manque de fiabilité de Google Bard, des pétages de câbles du chatbot de Bing ou encore des dérives de My AI de Snapchat, on peut légitimement se poser des questions sur la course à l'IA qui semble avoir gagné les entreprises de la tech depuis quelques mois qui, ne voulant pas se laisser concurrencer, sortent leurs technologies parfois trop vite, sans avoir posé les garde-fous nécessaires. Google apporterait une grande attention à son IA avec "une expérimentation réfléchie et de nombreuses itérations basées sur le retour d'information des utilisateurs", afin de mettre en place "des garde-fous contre les abus, en protégeant la confidentialité des données des utilisateurs et en respectant les contrôles des clients en matière de gouvernance des données." Ainsi, la nouvelle IA intégrée à la suite Workspace sera d'abord testée par des programmeurs américains de confiance. Aucune date de disponibilité pour le grand public ni prix n'ont été communiqués – cette IA sera-t-elle proposée via une option payante ou ajoutée gratuitement aux outils de Google ? De plus amples informations devraient être données lors de la conférence annuelle de la firme, la Google I/O, qui aura lieu le 10 mai prochain.