Fin des bornes dans les gares SNCF : cap sur le tout numérique

Fin des bornes dans les gares SNCF : cap sur le tout numérique

C'est la fin d'une époque : la SNCF va retirer de ses gares les fameuses bornes jaunes utilisées pour composter les billets cartonnés, en misant tout sur les solutions dématérialisées. Une marche forcée vers le tout numérique qui fera des laissés-pour-compte...

Certains se souviennent peut-être avec nostalgie de l'époque où il fallait obligatoirement composter – valider – son billet de train aux petites bornes orange puis jaunes de la gare avant de monter en voiture. Une opération obligatoire et assez délicate puisqu'il fallait se frayer un chemin dans la foule et trouver le sens du billet pour entendre le "clac" qui signifiait que la mission avait été accomplie – bien évidemment, ça ne marchait pas du premier coup. Autant dire que cela pouvait se révéler assez stressant, surtout lorsque l'on était en retard et que le train partait dans quelques minutes ! Puis, petit à petit, les billets en carton à poinçonner ont été remplacés par les billets électroniques. Mais pourquoi en parler au passé ? Parce que, après avoir supprimé de nombreux guichets avec des humains, la SNCF va bientôt se débarrasser de ces reliques : il n'y aura bientôt plus de bornes en gare ! 

SNCF : des bornes trop chères à entretenir et peu utilisées

On compte plus de 3 000 bornes de compostage en France, principalement sur les lignes TER mais, selon la SNCF, leurs coûts de maintenance élevés couplés à leur utilité décroissante ne justifient plus leur maintien. "Selon les lignes, 96 à 99 % des billets sont désormais dématérialisés. Nous avons donc décidé de retirer les composteurs de nos gares, car l'immense majorité de nos clients n'ont déjà plus à composter leurs billets", explique-t-elle à BFMTV. En plus, selon la dernière enquête de satisfaction sur la SNCF de l'UFC-Que Choisir, seuls 44 % des usagers étaient satisfaits de leur état de marche. Il n'en fallait pas plus pour que l'entreprise pousse plus loin ses efforts de modernisation et maintienne le cap sur le tout numérique – notamment avec son application SNCF Connect – afin d'offrir un "parcours voyageur plus simple et plus fluide." Cela reste quand même à voir, étant donné les nombreux bugs de ses applications mobiles font perdurer l'angoisse des contrôles – l'application a-t-elle bien enregistré le billet ? Va-t-elle fonctionner malgré l'afflux de voyageur ? Le smartphone aura-t-il assez de batterie pour le voyage ? La tension reste palpable.

La SNCF n'a pas donné de dates précises pour le démantèlement des bornes de compostage. On sait qu'il sera effectif sur les lignes TER AURA (Auvergne-Rhône-Alpes) à partir du 1er mars 2023. Pour le reste de la France, il démarre dès maintenant et sera progressif. En revanche, certaines zones ne sont pour l'instant pas concernées. C'est le cas pour les trajets Transilien, les TER Sud Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur) et les TER Nouvelle-Aquitaine. Pour prévenir du début de l'opération, les distributeurs de billets et les composteurs seront équipés d'autocollants avertissant des changements à venir sur les lignes concernées.

Fin des bornes SNCF : quelles solutions pour ceux qui n'ont pas de mobile ?

Mais si la majorité des usagers n'utilisent plus les bornes de compostage et leur préfèrent les billets dématérialisés, un petit pourcentage d'entre eux résistent encore et toujours au numérique. Désormais, ils devront s'adresser au chef de bord – sur le quai ou à la montée dans le train – et lui présenter leur titre de transport. Mais cette situation devrait rester très rare étant donné qu'il est impossible d'acheter un billet de TGV ou Intercités cartonné depuis novembre 2021, en dehors d'offres très spécifiques. De même, le compostage n'est plus obligatoire depuis le 1er janvier 2022 puisque les billets ne sont valables qu'une journée – contre deux mois auparavant – et que, par conséquent, le contrôle du billet fait office de compostage.

Si l'on comprend l'envie de la SNCF d'aller davantage vers le dématérialisée et de suivre l'évolution d'une société de plus en plus numérique, on peut s'interroger sur ce que ces transformations vont imposer aux usagers les moins à l'aise avec les outils électroniques. À commencer par les personnes âgées, qui ne sont pas toutes à l'aise avec les smartphones, les applications et Internet. Car, de façon plus générale, imposer sans alternative le numérique pour les actions du quotidien, comme les démarches administratives – déclaration de revenus, certificat d'immatriculation de véhicule, demande d'allocation, renouvellement de pièces d'identité, etc. – ou l'achat de titres de transport – raréfaction des guichets avec des humains, achat des "tickets" de bus par SMS – aggrave la fracture numérique en France, et pas uniquement chez les plus anciens.

Sans même parler de tous ces laissés-pour-compte – dont le nombre finira naturellement par se réduire… –, on a le droit de s'interroger sur  l'usage imposé d'un smartphone – et du forfait qui va avec –, surtout en période d'inflation où tous les prix augmentent. Quid des pannes, des bugs, des problèmes de connexion et autres aléas liés à l'utilisation d'appareils et de solutions électroniques, et de tous les services en ligne qui y sont liés  ? Le smartphone et ses congénères seront bientôt obligatoires pour vivre, pour être simplement citoyen et usager, et pas uniquement consommateur ? Il serait être temps de s'interroger sur cette marché forcée…

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