France transfert : un WeTransfer pour les agents de l'État

France transfert : un WeTransfer pour les agents de l'État

Pour éviter l'usage de solutions de transfert étrangères et privées, le Gouvernement a mis en place France Transfert, un service réservé aux agents de l'État qui souhaitent partager des fichiers volumineux et non sensibles via Internet.

Partager via Internet jusqu'à 20 Go de données (à raison de 2 Go par fichier) à un maximum de 100 destinataires : c'est ce que permet de faire France transfert, un service réservé aux agents de la fonction publique d'État (détenteurs d'une adresse de courriel en .gouv.fr). Cela vous fait penser à quelque chose ? C'est normal. Conçu, développé et opéré par le ministère de la Culture avec le soutien de la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique), France transfert se veut une alternative à d'autres plateformes jusqu'ici par défaut très prisées des agents de l'État, comme WeTransfer, Dropbox, Mega.nz, ou SwissTransfer. L'objectif de France transfert est d'assurer le partage de fichiers volumineux sur ordinateurs, sur smartphones et sur tablettes numériques, entre les agents de l'État, mais aussi avec des partenaires ou des prestataires extérieurs issus des secteurs publics (de la fonction publique territoriale ou hospitalière), privés, ou associatifs.

Seule condition indispensable pour utiliser ce service : que l'expéditeur ou le destinataire du message soit un agent de l'État. En pratique, plusieurs options sont proposées pour sécuriser et personnaliser au mieux son envoi. Outre le chiffrement et la double authentification (mobilisés ici, rappelons-le, pour le partage de fichiers "non sensibles"), il est possible d'importer une liste de contacts, de décider d'une durée de conservation pour les fichiers envoyés (par défaut la durée de conservation est fixée à 30 jours), de rentrer les adresses de courriel des différents destinataires ou de demander un lien de partager pour envoyer et consulter les fichiers concernés.

France transfert : un outil sécurisé et souverain

En deux mois d'existence, le service France transfert comptabilise déjà 10 500 envois et 15 000 téléchargements. Ce à quoi il faut ajouter le fait que le ministère des Affaires étrangères a récemment décidé de faire de France transfert un "outil par défaut" pour ses 13 700 agents. La dynamique d'adoption est donc bel et bien réelle. Le nouveau service fait désormais partie de SNAP (le "sac à dos numérique de l'agent public"), un environnement de travail qui réunit un ensemble d'outils d'origine française et open source (qui mettent donc l'accent sur l'interopérabilité des usages). France transfert est hébergé, en France, par une solution de cloud souverain et sécurisé opérée par 3DS Outscale, une filiale de Dassault Systèmes, bénéficiant de la qualification SecNumCloud délivrée par l'ANSSI (l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information).

Sur fond de débat sur la souveraineté numérique, le déploiement de la plateforme France transfert traduit, de la part de l'État, une volonté, rythmée périodiquement par de très médiatiques effets d'annonces, de gagner en autonomie par rapport à des solutions technologiques étrangères (le plus souvent américaines). En septembre 2021, le DINUM avait ainsi enjoint les agents de la fonction publique à ne plus utiliser l'offre Microsoft 365. Cependant, si le partage de fichiers via France transfert ne concerne que les données dites "non sensibles", il faut aussi entendre par ce vocable que dans le domaine des solutions d'analyse de données liées au technologie de défense et au monde du renseignement), bien des points de friction ne sont pas, en dépit des bonnes intentons souvent affichées, encore complètement résolus.

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