Addiction à Instagram : l'inquiétant rapport secret de Facebook

Addiction à Instagram : l'inquiétant rapport secret de Facebook

INSTAGRAM. Selon des documents internes de Facebook, propriétaire d'Instagram, révélés par une enquête du Wall Street Journal, la consultation du réseau social aurait une influence néfaste sur la santé mentale des adolescentes.

Instagram vend du rêve. Un rêve qui peut parfois aussi tourner au cauchemar. Dépression, anxiété, dévalorisation de soi, troubles du comportement et de l'alimentation, tendances suicidaires… Depuis plusieurs années, de nombreuses études sociologiques documentent les méfaits d'une utilisation intensive – voire compulsive – des réseaux sociaux et plus particulièrement d'Instagram sur la santé du public adolescent. Ce que l'on savait moins, en revanche, c'est que les dirigeants du groupe Facebook – propriétaire d'Instagram et de WhatsApp – (passés maîtres dans ce qu'il est convenu d'appeler "l'économie de l'attention"), étaient bel et bien conscients des risques liés à la consultation du réseau social de partage de photos et de vidéos. C'est ce que démontre le second volet d'une longue enquête ("The Facebook Files") publiée mardi 14 septembre par le Wall Street Journal. Selon le quotidien américain, dont les révélations font grand bruit outre-Atlantique, Facebook conduit "depuis trois ans des études sur l'impact de son application de partage de photos sur ses millions de jeunes utilisateurs". Et les conclusions de ces travaux, menés par des chercheurs, des sociologues et des data scientists, sont préoccupantes.

Facebook est conscient des effets néfastes d'Instagram

Jusqu'ici, dans son discours public, Facebook s'appliquait à minorer les effets potentiellement néfastes, malsains et toxiques sur l'équilibre mental des quelque 1,386 milliard d'utilisateurs actifs mensuels d'Instagram. Cette posture apparait de moins en moins tenable. Citant une étude menée en interne par Facebook en mars 2020, le Wall Street Journal rapporte ainsi que "32% des adolescentes disent que, lorsqu'elles se sentent mal dans leur corps, ce sentiment empire en allant sur Instagram. La comparaison avec les corps montrés sur Instagram peut changer l'image que les jeunes femmes ont d'elles-mêmes et la façon dont elles se décrivent." Dès 2019, les conclusions d'une présentation en interne chez Facebook alertaient déjà sur le fait que les réseaux sociaux "aggravaient les problèmes de représentation corporelle pour une adolescente sur trois", souligne le quotidien américain. 

Aux États-Unis, les révélations du Wall Street Journal pourraient avoir des répercussions politiques. Plusieurs sénateurs ont fait part de leur intention d'ouvrir une enquête sur les recherches menées en interne par Facebook pour connaître l'impact d'Instagram sur les jeunes. Dans un communiqué, ces parlementaires indiquent avoir pris contact avec "un lanceur d'alerte de Facebook" et qu'ils "utiliseraient toutes les ressources disponibles pour découvrir ce que Facebook sait et depuis quand il le sait, au besoin en demandant d'autres documents et en auditionnant des témoins", tout en précisant que "la spectaculaire enquête du Wall Street Journal n'est peut-être que la partie émergée de l'iceberg". Rappelons que, bien qu'au fait des dangers liés à l'utilisation d'Instagram, Facebook envisageait, il y a quelques mois encore, de lancer une version du réseau social destinée aux moins de 13 ans. Cette initiative avait alors suscité une levée de boucliers de la part de plusieurs organisations de défense des droits de l'enfant

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