RRF : le réseau de communication du futur pour les urgences
Le Gouvernement cherche à moderniser le réseau de communication destiné aux forces de sécurité et de secours, complètement obsolète. Les opérateurs Orange et Bouygues Telecom ont été choisis pour participer à l'opération.
Aujourd'hui, les acteurs de la sécurité et des secours – policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, SAMU, militaires, etc. – ont recours pour communiquer à des équipements radio conçus dans les années 1980 et 1990, qui fonctionnement via le réseau ANTARES (Adaptation nationale des transmissions aux risques et aux secours), en utilisant des fréquences privatives attribuées au ministère de l'Intérieur et au ministère des Armées. De fait, ils ont recours à plusieurs types d'équipements – ce qui en soit n'est déjà pas très pratique : des radios pour les communications opérationnelles fonctionnent sur une zone géographique limitée et des smartphones pour les appels et échanges de données – mails, SMS, MMS, etc.– qui, eux, sont utilisables sur l'ensemble du territoire national et international. Autres problèmes : ils ne sont pas interopérables et ne sont pas adaptés à la transmission de grandes quantités de données ou d'images en temps réel, puisque ANTARES se base sur la 2G – le débit est donc très lent. En plus, il arrive parfois que les lignes soient saturées, surtout en région parisienne. Bref, le réseau est aujourd'hui complètement obsolète.
C'est pourquoi, le 13 octobre 2022, le ministère de l'Intérieur a annoncé dans un communiqué le lancement officiel du projet Réseau Radio du Futur (RRF), qui a pour objectif de moderniser le système de communication des services de sécurité et de secours en s'appuyant sur la 4G et la 5G. C'est particulièrement nécessaire en cas de situation de crise, lorsque les opérations sont effectuées à grande échelle et que la coordination des services à tous les niveaux est un enjeu primordial. Bien entendu, le RRF doit être ultra-sécurisé. Le Gouvernement va donc investir 700 millions d'euros dans ce projet, et ce afin de faire de la France un acteur central dans le domaine stratégique des radiocommunications critiques à l'échelle mondiale, notamment avec l'arrivée des Jeux olympiques de 2024. Plusieurs acteurs ont été sélectionnés pour y participer, dont les opérateurs Orange et Bouygues Telecom.
RRF : un projet pour remplacer le vieux réseau ANTARES
Lancé en 2017, le projet RRF se destine à l'ensemble des forces de sécurité et de secours sur le terrain. Il doit leur permettre de communiquer instantanément, et via un seul et même équipement, les uns avec les autres – la fameuse interopérabilité qui manque actuellement –, y compris par de nouveaux moyens : appels vidéo, partage de position en direct, partage de documents lourds en temps réel – des résultats d'examens médicaux par exemple –, etc. Pour parvenir à un tel résultat, le RRF va se baser sur une infrastructure hybride, qui mêle les infrastructures commerciales des opérateurs mobiles – qui couvrent une majeure partie de la France avec la 4G et de plus en plus la 5G – et les fréquences exclusives au ministère de l'Intérieur, qui bénéficient d'un accès prioritaire.
Le projet RRF s'est brusquement accéléré en 2021, suite à un appel d'offres lancé par le Gouvernement. Les entreprises Airbus et Capgemini obtiennent une enveloppe de 540 millions d'euros afin de s'occuper de l'architecture et de l'intégration du réseau. Pour ce faire, Airbus va s'appuyer sur plusieurs partenaires comme Streamwide, Samsung, Prescom ou encore Econocom et Capgemini va s'allier à Ericsson et Dell Technologies. La conception, la livraison du système d'information et sa gestion sont laissées à Atos, avec une enveloppe de 43 millions d'euros. Les opérateurs Orange et Bouygues Telecom vont s'occuper de la gestion globale du réseau.
RRF : Orange et Bouygues Telecom font équipe avec le Gouvernement
Ce n'est pas un hasard si ce sont ces deux opérateurs qui ont été choisis pour s'occuper du RRF. En effet, l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (l'Arcep) les a désignés comme les deux meilleurs opérateurs de France – une première place qu'Orange garde pour la deuxième année consécutive ! Ils ont dix-neuf mois pour tester une première version du RRF, réseau qui devra être pleinement opérationnel en 2024, soit pile à temps pour les Jeux olympiques. Orange va offrir la connectivité mobile de son réseau au RRF, permettant à l'ensemble des utilisateurs de communiquer pour assurer leurs missions quotidiennes. Quant à Bouygues Telecom, il va développer "de nouvelles fonctionnalités basées sur des mécanismes de priorisation et de préemption à destination des utilisateurs du RRF".
Les deux opérateurs mobiles ne sont pas peu fiers d'avoir été choisis. Dans un communiqué, Benoît Torloting, le directeur général de Bouygues Telecom, exprime la joie de l'entreprise de pouvoir "contribuer à ce projet aux enjeux fondamentaux de modernisation des moyens de communication à destination des forces de sécurité et de secours de notre pays", tandis que Nadine Foulon-Belkacémi, la vice-présidente exécutive chez Orange Business Services, met en avant leur engagement, leurs compétences et leur connaissance du terrain pour "proposer une solution souveraine et innovante". La construction du RRF a déjà débuté et une première version devrait être testée en 2023.