PimEyes : un outil de reconnaissance faciale inquiétant
"PimEyes : un outil de reconnaissance faciale inquiétant"

PimEyes : un outil de reconnaissance faciale inquiétant

PimEyes : un outil de reconnaissance faciale inquiétant

Grâce à la reconnaissance faciale, le moteur de recherche PimEyes peut retrouver des photos et des vidéos publiées sur Internet à partir d'un visage. Un outil redoutablement efficace, qui ouvre la voie à des dérives inquiétantes…

Vous connaissez sans doute le principe de la reconnaissance faciale. Utilisée dans de nombreux domaines liés à la sécurité, cette technologie d'analyse de visage permet, par exemple, d'identifier des intrus lors d'infractions grâce à des caméras de vidéosurveillance, de franchir un portique de contrôle dans un aéroport. ou encore, dans un registre plus quotidien, de déverrouiller un smartphone ou un ordinateur, sans saisir de code. Intégrée dans de nombreux dispositifs spécialisés, elle est aussi exploitée dans des applications grand public – comme Facebook, qui l'utilise pour identifier des amis –, mais également accessible via des services en ligne, via des moteurs de recherche permettant de retrouver des personnes à partir d'une image de leur visage. Le problème, c'est que certains sont tellement efficaces qu'ils en deviennent inquiétants. 

PimEyes : un outil de reconnaissance faciale terriblement efficace

C'est notamment le cas de PimEyes, un puissant service en ligne qui défraie actuellement la chronique. Accessible à tout le monde – contrairement au célèbre Clearview AI, qui est réservé aux forces de l'ordre –, moyennant un abonnement de 30 dollars par mois – soit une trentaine d'euros –, ce moteur de recherche inquiète par ses performances. D'autant que son fonctionnement est très simple : il suffit de soumettre un visage pour que l'algorithme de reconnaissance faciale de PimEyes retrouve toutes les photos et vidéos publiées sur Internet où la personne apparaît. Et PimEyes est tellement efficace qu'il est capable d'identifier des personnes sur des images où elles apparaissent en portant des lunettes ou une casquette ! Difficile de le tromper…

© PimEyes

PimEyes ne recense que les images publiées sur Internet et disponibles au public, évitant les photos sur les réseaux sociaux comme Twitter, Instagram ou Facebook si elles sont mises en mode privé. Le but officiel est de pouvoir surveiller sa réputation en ligne en sachant où une personne apparait sur Internet, comme l'explique le directeur du logiciel Giorgi Gobronidze, un Géorgien de 34 ans, dans la FAQ du moteur : "Avec PimEyes, vous pouvez vérifier quels sites web accessibles ont publié des photos contenant un visage donné. Vous pouvez utiliser ces informations pour retrouver les images qui ont été publiées sans votre consentement et vous défendre contre les escroqueries, le catfishing ou le vol d'identité."

PimEyes : des utilisations très indiscrètes

Cependant, rien n'empêche les internautes d'utiliser cet outil à des fins malveillantes. Il est possible, par exemple, de chercher des photos de n'importe quelle personne puisqu'il suffit simplement de cocher une case affirmant que vous êtes bien la personne en question pour accéder aux données de PimEyes.

Les journalistes du New York Times ont décidé de tester les capacités du moteur de recherche et les différentes utilisations qu'il est possible d'en faire. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que PimEyes est très performant, détectant les visages sur les photos de mariages, de fêtes, de festivals ou encore en arrière-plan sur une photo de touriste. Mais certaines photos sont plus problématiques, et le journal révèle des histoires inquiétantes. Un des testeurs a ainsi avoué avoir eu recours au moteur pour identifier les personnes avec un pseudo qui le harcèlent sur Twitter. Un autre confie avoir découvert les véritables identités d'actrices de films pornographiques et recherché des photos explicites de ses connaissances Facebook. Une ingénieure en informatique américaine a testé l'outil avec l'une de ses photos et a eu le malheur de retrouver une vidéo pornographique dont elle ne connaissait pas l'existence. Elle a donc essayé de l'effacer en payant, mais les journalistes du New York Times ont pu retrouver la vidéo un mois plus tard… L'absence de contrôle permet donc de facilement trouver un visage qui n'est pas le sien, et il faut payer de nouveau pour pouvoir retirer une photo compromettante d'Internet.

Un bilan inquiétant, d'autant que PimEyes compte des dizaines de milliers d'abonnés, la plupart situés aux États-Unis et en Europe. Le moteur est actuellement visé par une enquête en Allemagne pour violations de la loi européenne sur la protection de la vie privée. Il est donc primordial de faire très attention à ce que vous et vos proches postez sur Internet, car cela peut rester à vie et vous mettre dans des situations très compromettantes.

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