Mises à jour de Windows 11 : Microsoft fait n'importe quoi !

Mises à jour de Windows 11 : Microsoft fait n'importe quoi !

Coup de gueule ! Depuis la sortie de Windows 11, Microsoft enchaîne des mises à jour mal ficelées, en accumulant les problèmes. Il est grand temps que l'éditeur se reprenne pour finaliser et fiabiliser son système, au risque de perdre ses utilisateurs…

Mais que se passe-t-il chez Microsoft ? Y-a-t-il encore un pilote à la tête de la division Windows ? On peut légitiment se le demander quand on voit comme l'entreprise et ses équipes s'occupent de leur système d'exploitation phare, qui fait tourner des centaines de millions de PC dans le monde… De fait, depuis la sortie de Windows 11, en octobre, 2021, c'est du grand n'importe quoi. On voit défiler des versions non abouties et des mises à jour mal finies qui, de façon générale, posent plus de problèmes qu'elles n'en résolvent. Des fonctions promises à l'origine apparaissent tant bien que mal, mais pas chez tous les utilisateurs, tandis que des modules ou des applis dont personne n'a besoin surgissent sans prévenir – et sans séduire. Des onglets dans le Bloc-notes ? Mazette ! Un raccourci pour couper le micro ? Quel progrès ! Le réglage des périphériques RGB ? On en rêvait ! Le retour des widgets ? Tout le monde s'en fout ! Sérieusement, est-ce vraiment ce qu'on attend d'un système d'exploitation présenté comme "révolutionnaire" ?

Windows 11, avec son interface repensée, pas au goût de tous. © Microsoft

Windows 11 : des bugs en série depuis le début

Surtout, on ne compte plus les signalements de bugs plus ou moins bloquants qui affectent Windows 11 ces derniers mois, notamment depuis l'apparition de la version 22H2, censée tout arranger en apportant de nouvelles fonctions absentes de la première édition (voir notre article).Quelques exemples ? Ils ne manquent pas ! Signalons, en vrac, une incompatibilité avec les pilotes Intel Smart Sound Technology (SST), des chutes de performances avec des cartes graphiques Nvidia – comme avec les puces AMD, à la sortie de Windows 11 –, un bug qui provoquait l'erreur d'écran bleu de la mort (BSOD) avec OneDrive, un autre un bug qui créait une file d'attente d'impression en double en bloquant l'imprimante, un problème empêchant de fermer l'écran de verrouillage, des soucis d'installation et de mise à jour avec le Microsoft Store, des "fuites de mémoire", ou encore l'impossibilité d'installer la version 22H2, l'opération se soldant par un message d'erreur. 

Microsoft a récemment confirmé l'existence d'un problème avec la mise à jour KB5019980 de Windows qui date de novembre 2022 provoquant le plantage d'applications. Certes, elle avait notamment corrigé six failles de sécurité majeures et modifié le design du bouton de recherche de la barre des tâches. Mais elle avait également introduit un bug important avec les pilotes Intel. Plus récemment encore, le Patch Tuesday – l'ensemble de de correctifs que Microsoft publie le deuxième mardi de chaque mois pour tous ses produits  –de février 2023 (voir notre article) signale des pilotes à mettre à jour,, mais se montre incapable de les télécharger et de les installer, allant jusqu'à planter le PC ! On pourrait multiplier à l'envi les exemples de ratés avec Windows 11, problèmes que l'éditeur ne cache pas puisqu'il les recense régulièrement sur une page dédiée… 

Chaque Patch Tuesday entraîne ainsi son lot de nouveaux problèmes, qui s'ajoutent aux précédents avant d'être éventuellement résolus dans des correctifs parallèles, parfois par des moyens détournés, indiqués par Microsoft qui ne semble pas toujours en venir à bout. Au final, bien malin celui qui, sans parcourir d'innombrables pages sur les sites de support et d'information de Microsoft, arrive à s'y retrouver parmi les multiples versions et autres builds en circulation actuellement (voir notre article sur les builds et les KB). Seuls des archéologues patients, minutieux et experts en hiéroglyphes peuvent espérer y comprendre quelque chose…

Dernier gag en date : dans sa volonté d'inciter les utilisateurs de Windows 10 à basculer vers Windows 11, Microsoft n'hésite plus à envoyer des publicités vanta les mérites du nouveau système.… y compris à ceux équipés de PC officiellement non compatibles ! Une boulette qu'a relevée @PhantomOfEarth, un "insider" bien connu, qui s'est évidemment empressé de la partager sur Twitter le 23 février 2023. 

On pourrait à la rigueur admettre ces ratés permanents si Windows était développé et maintenu par des amateurs bénévoles, comme c'est le cas de nombreuses distributions Linux. Mais non : Microsoft emploie des milliers d'ingénieurs diplômés ! Pire : Windows est payant ! Certes, son prix est souvent "transparent", car la licence d'utilisation est incluse avec le PC. Mais il n'est pas gratuit pour autant. Est-ce à dire que la garantie de deux ans qui s'applique aux produits électroniques – entre autres – ne concerne pas le logiciel qui les fait fonctionner ?

Des onglets dans l'Explorateur : la grande nouveauté de Windows 11. © Microsoft

Windows 11 : juste un Windows 10 revisité

Certes, tout n'est pas à jeter dans Windows 11. Outre le design revisité avec les fenêtres aux coins arrondis, on apprécie l'intégration d'onglets dans l'Explorateur – il était temps, quand on sait que d'autres systèmes comme macOS ou Ubuntu proposent ce mode de visualisation depuis des années… – et d'autres petites améliorations.  Mais, disons-le clairement, n'en déplaise à Microsoft : Windows 11 n'est pas un nouveau sytème révolutionnaire. C'est simplement un Windows 10 – nom de système qui aurait du être le dernier de la famille, dixit Microsoft à son lancement en 2015… –, amélioré et modernisé, mais surtout bricolé à la va-vite, pour d'obscures raisons – sans doute commerciales –, histoire de faire rêver avec du "neuf". Alors oui, Windows 11 apporte bien une touche plus "actuelle" sur le plan visuel. Mais la nouvelle ergonomie et les nouvelles fonctions ne font toujours pas l'unanimité, d'autant certains choix – notamment des amputations de fonctions ou de raccourcis par rapport à Windows 10 – laissent perplexe. 

Android dans Windows 11. Sympathique, mais encore au point… © Microsoft

Pour couronner le tout, Microsoft a cru bon de limiter le passage à Windows 11 avec des exigences matérielles difficilement acceptables, avec une liste très strictes de processeurs acceptés et, surtout, la présence du fameux composant de sécurité TMP 2.0 : deux contraintes qui ont d'emblée interdit à des PC pourtant assez récents et parfaitement fonctionnels de passer au nouveau système. Un choix d'autant plus incompréhensible que les préversions de Windows 11 fonctionnaient sans souci sur des ordinateurs anciens et que Tiny11, une version trafiquée et allégée par un bidouilleur astucieux (voir notre article) tourne sans aucun souci sur des PC officiellement incompatibles !

Comment s'étonner dans ces conditions que beaucoup d'utilisateurs préfèrent rester sur Windows 10, qui fonctionnent encore parfaitement ? Car, malgré l'insistance de Microsoft, sur quelque 1,4 milliard d'appareils tournant sous Windows dans le monde, le "vieux" système – qui date de 2015 – est toujours installé sur 68 % des PC, contre seulement 17 % pour le "nouveau". C'est dire !

Et comme si tout ce grand capharnaüm ne suffisait pas, Microsoft a cru bon d'ajouter encore une touche de confusion en annonçant l'arrêt de la commercialisation de Windows 10 (voir notre article), ne laissant d'autre choix aux réticents à Windows 11 que de se précipiter sur des copie ISO tant qu'elles sont disponibles (voir notre article), sur des licences bradées (voir notre article), voire, au pire, sur des versions piratées.

Le nouveau lecteur multimédia, introduit discrètement dans Windows 11. © Microsoft

Et ce n'est pas fini ! Pour ajouter encore au désordre et à la confusion, Microsoft ne cesse d'ajouter des fonctions à Windows 11 – on parle ainsi actuellement d'un nouveau moteur pour l'Explorateur, qui intégrait une visionneuse d'images –, en les distillant et en les diffusant au compte-goutte, sans aucune logique apparente, comme si chaque équipe travaillant sur le système faisait des essais dans son coin, en lâchant ses nouveautés dans la nature quand bon lui semble. Pire encore, dans sa lutte acharnée contre Google et les autres géants de la tech, Microsoft vient de se lancer dans une course effrénée – et précipitée – l'intelligence artificielle, en commençant à truffer ses produits d'IA à la ChatGPT, de Bing à Microsoft 365 (voir notre article), quitte à partir en vrille (voir notre article). Et on imagine sans peine que cette technologie en vogue sera au cœur des prochaines versions de Windows.

Stop !

Windows 11 : en finir avec le chantier permanent

Il serait grand temps que Microsoft se reprenne en se concentrant réellement sur la qualité, au lieu d'essayer de nous vendre de l'innovation permanente de façon totalement décousue. N'oublions pas qu'un système d'exploitation est un peu comme une maison : il doit être complet et fonctionnel à sa livraison. Et pas en travaux permanents. Que dirait un acheteur si, en récupérant lien immobilier qu'il vient d'acquérir, découvrait que tout est encore en chantier, – la cuisine a été repeinte mais la plomberie date de vingt ans, l'électricité est refaite seulement en partie, il reste des fuites sur le toit… – alors même que le catalogue promettait un logement neuf ? 

L'utilisateur standard ne demande pas la Lune : il veut un système d'exploitation simple, réactif et fiable qui ne lui réclame pas de changer d'habitudes tous les deux mois à cause de l'introduction de fonctions qu'il n'a pas réclamées et dont il n'a pas besoin. Combien regrettent encore aujourd'hui Windows XP ou Windows 7 parce qu'ils leur suffisaient amplement ? Seuls les geeks toujours avides de nouveautés aiment réellement s'amuser avec des fonctions expérimentales.

Le nouveau Gestionnaire des tâches de Windows 11. © CCM

Il est normal qu'un système d'exploitation évolue, à la fois pour s'adapter à des évolutions technologiques et pour répondre à des nouvelles demandes, qu'il s'agisse de confort, de fonctions ou de sécurité. Mais il ne suffit pas de repeindre superficiellement la façade, de changer la place des meubles et d'ajouter quelques accessoires décoratifs pour rénover un logement !  

Mais voilà, à force de courir après Apple – qui a l'avantage de maîtriser le logiciel et le matériel dans son écosystème soigneusement fermé –, Microsoft s'éparpille dans toutes les directions, sans tenir un cap clair, et sans jamais rien finaliser. Il y a quelques temps, l'éditeur a introduit la notion de Moments, des pseudo événements censés marquer l'introduction d'évolutions importantes de Windows 11. Mais personne ne comprend rien au rythme et au concept… Au lieu de distiller des fonctions et des nouveautés souvent mineures au fil des mois sans raison apparente –, Microsoft devrait se remettre calmement au travail avec des objectifs plus lisibles, en se concentrant sur l'essentiel et ne diffusant qu'une grande version réellement finalisée par an, ce qui est bien suffisant. Et si l'on fait la synthèse des doléances des utilisateurs que l'on trouve sur les formes de discussion, on peut peut facilement établir la liste de ce que l'éditeur devrait faire.

  • Débarrasser Windows 11 des résidus des très anciennes versions, avec leur interface à l'ancienne, qui jure avec les jolis effets du petit nouveau : c'est le cas du fameux Panneau de configuration, qui donne accès à certaines fonctions du système, parfois en doublon, parfois de manière unique,  et qui est toujours présent, mais bien caché (voir notre article). 
  • Rendre les fonctions et les modules présents parfaitement fonctionnels, avant d'une ajouter de nouveaux mal fagotés et souvent inutiles.
  • Cesser de faire de la publicité insistante pour d'autres produits Microsoft dans le menu Démarrer ou dans le Microsoft Store.
  • Faire du ménage dans la gamme – pourquoi autant de versions de Windows ? – et dans les mises à jour, pour que l'utilisateur lambda – et les autres ! – s'y retrouvent. 
  • Revoir les exigences matérielles pour Windows 11 au lieu d'essayer de l'imposer de force alors que nombre de PC récents et parfaitement fonctionnels sont incompatibles – mais qu'ils faisaient très bien tourner les préversions et qu'ils acceptent les récentes, quand on contourne les restrictions.

Est-ce vraiment trop demander ? Non. Il est temps que Microsoft tienne ses promesses pour offrir un système d'exploitation digne de ce nom, de sa réputation et de ses utilisateurs.

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