Fin de Salto : Molotov gratuit pour les anciens abonnés

Fin de Salto : Molotov gratuit pour les anciens abonnés

C'est fini pour Salto ! Le Netflix à la française ferme définitivement ses portes ce lundi 27 mars. Molotov, l'autre service de TV en streaming français, profite de l'occasion pour attirer les abonnés déçus en leur offrant un an gratuit.

Clap de fin pour Salto ! Lâché par tous ses actionnaires et sans repreneur sérieux, la plateforme de streaming à la française a fermé définitivement ses portes ce lundi 27 mars 2023, comme prévu. Et c'est le moment précis que Molotov a choisi pour faire une annonce étonnante : le célèbre service de TV en streaming a en effet décidé d'offrir un an d'abonnement gratuit aux anciens clients de Salto ! Un cadeau de consolation évidemment intéressé puisque la plateforme espère ainsi attirer et fidéliser ces abonnés abandonnés qui n'auraient pas envie de se tourner les services américains du genre Netflix, Disney+, AppleTV+ et autre Amazon Prime Video. Une façon astucieuse de faire les yeux doux aux laissés pour compte…

Molotov Welcome : un cadeau pour les anciens abonnés à Salto  

Valable uniquement du 27 mars au 2 avril 2023, l'offre Molotov Welcome ne concerne toutefois que les clients qui étaient encore abonnés à Salto en février ou en mars – une preuve sera bien sûr exigée, pour vérification – et qui n'étaient pas abonnés à Molotov l'année dernière. Cette formule donne accès à plus de 80 chaînes TV avec des services de replay, dont celles de la TNT, en qualité Full HD, sur deux écrans simultanément. Toutefois, si les chaînes du groupe TF1 sont bien incluses, celles du groupe M6 ne sont accessibles que durant deux moins  à compter de la date de souscription. En outre, l'enregistrement et le contrôle du direct ne sont pas disponible dans cette offre de découverte. Une fois les douze mois gratuits écoulés, la formule basculera vers l'offre Molotov Extra, un abonnement à 5,99 euros par mois dépourvu de ces limitations. 

Salto : les adieux du Netflix à la française

Salto avait précisé les modalités de remboursement de ses abonnés il y a un mois. Les abonnés seront "automatiquement remboursés au prorata du nombre de jours restant sur [le] mois en cours, ou sur l'année en cours pour l'offre annuelle, directement sur le moyen de paiement associé [au] compte", indiquait la plateforme sur sa page d'aide dédiée. L'offre étant sans engagement, ceux qui avaient souscrit à l'abonnement mensuel pouvaient déjà résilier. Pour les souscriptions faites via Bouygues Telecom et Amazon Prime Video, il fallait passer par leurs portails respectifs.

Conformément au règlement général de la protection des données (RGPD), Salto conservera certaines données personnelles et peut donc les traiter jusqu'à l'arrêt du service, fin mars. La plateforme conservera cependant certaines données (sondages, informations de comptes, sondages...) jusqu'au 27 avril 2023 afin de répondre aux demandes des abonnés. D'autres, comme les factures, les adresses e-mail et les numéros de contrat, seront conservés pendant dix ans, conformément à l'obligation légale française. Mais Salto prendra soin de les chiffrer afin de les protéger.

C'est sur son site officiel que la plateforme avait finalement annoncé la triste nouvelle le 13 février. "Il n'est malheureusement plus possible de souscrire à Salto", indique-t-elle. "Merci à tous les abonnés Salto d'avoir partagé avec nous leur envie et leur enthousiasme pour une plateforme de streaming Made in France." Il n'est désormais plus possible de souscrire à un abonnement. Les abonnés actuels, de leur côté, peuvent continuer de profiter des programmes disponibles sur la plateforme jusqu'à sa fermeture définitive, mais l'offre a déjà été considérablement réduite, à l'image des épisodes en avance des séries quotidiennes du groupe TF1, comme Ici tout commence et Demain nous appartient. Une fois Salto clôturé, certains des programmes qui étaient disponibles devraient retourner sur les plateformes respectives de TF1, M6 et France Télévisions. Pour ceux qui étaient diffusés en exclusivité en revanche, il faudra attendre qu'une autre plateforme rachète les droits.

Salto : un service de streaming qui peine à convaincre

Ce n'est pas une surprise. Comme le rapportait Télérama, la dirigeante de France Télévisions, Delphine Ernotte, avait réuni un Comité Social Économique (CSE) le vendredi 20 janvier afin d'acter la dissolution de la plateforme et la cessation de ses activités et avait annoncé que son groupe se désengageait de la plateforme. Concernant la dissolution de la plateforme, la direction avait expliqué aux représentants du personnel que "rien n'est encore officiel tant que des offres de reprise peuvent être examinées, mais nous ne laisserons pas les salariés dans l'expectative plusieurs mois". Pour sauver la plateforme, il aurait fallu un actionnaire fiable à qui revendre leurs parts – idée à laquelle les différents groupes télévisés n'étaient pas fermés – mais, selon L'informé, seule une société espagnole, "Agile", était intéressée par un rachat. Elle n'avait malheureusement pas vraiment réussi à convaincre les trois actionnaires.

La plateforme Salto a été mise en place conjointement par les groupes TF1, M6 et France Télévisionss à l'automne 2020, période de pandémie et de confinement favorable au lancement d'un nouveau service de vidéo à la demande (SVOD) made in France. Elle propose de retrouver les émissions et séries françaises préférées – comme Scènes de ménages et HPI – et de regarder la télévision en direct. Elle propose aussi des séries américaines populaires, comme And just like that  – le reboot de Sex and the City –, Stargirl, Pretty Little Liars ou All American, ainsi quelques belles exclusivités, comme l'épisode retrouvailles de Friends et Harry Potter Retour à Poudlard, sorti le même jour  sur HBO Max. On peut également souligner la présence de productions françaises "inédits Salto", mais elles ne représentent qu'une très faible part du catalogue. Un investissement important, mais qui peine à séduire le public, avec moins d'un million d'abonnés en 2022 – à titre de comparaison, Netflix compte 10 millions d'utilisateurs français.

© Salto

Pour essayer de rentrer dans ses frais, Salto a été contraint d'augmenter le prix de ses abonnements, en faisant passer son offre de base de 6,99 euros à 7,99 euros par mois pour trois écrans en simultané, et en mettant en place un abonnement annuel à 69,99 euros. Une technique dangereuse car un tel prix peut rebuter de potentiels abonnés. C'est plus que l'abonnement Amazon Prime à 6,99 euros qui, en prime, offre beaucoup plus de services – en plus du service de SVOD, l'utilisateur bénéficie de livraisons gratuites et prioritaires, de millions de titres de musique à écouter hors connexion, d'une sélection de livres numériques et de jeux vidéo.

Salto : une concurrence française et américain rude

Salto a souffert d'une concurrence de poids. Bien évidemment, la plateforme a dû faire face aux poids lourds que sont Netflix, Disney+, Apple TV et OCS, mais aussi à de nouveaux arrivants qui ont un catalogue assez fourni : Paramount+ et Universal+ – le premier est arrivé en France au mois de décembre avec des tarifs assez bas, le second est attendu prochainement. Avec la multiplication des plateformes, le contenu est de plus en plus éparpillé, et il faut payer de plus en plus pour accéder aux programmes désirés. Avec l'inflation généralisée, le public estobligé de faire des choix. Et autant dire que Salto allait du mal à arriver en haut du classement…

Mais la concurrence est également venue des propres actionnaires de Salto ! En effet, TF1 avait lancé en novembre 2021 myTF1 Max, une formule payante présentée comme une extension de son service de replay gratuit classique. Idem du côté de M6 avec 6play max. Il était donc fort à parier que les deux groupes privilégient leurs propres services de SVOD au détriment de Salto. D'ailleurs, Rodolphe Belmer, le tout nouveau directeur général de TF1, avait déclaré en novembre 2022 dans Lettre A envisager de se retirer de la plateforme Salto même si, officiellement "aucune décision n'est prise" du côté du groupe, comme le rapportait Le Monde. Même son de cloche chez M6, qui n'avait pas de "stratégie préétablie." Chez France TV en revanche, le scepticisme était de mise. Delphine Ernotte, la présidente du groupe, avait expliqué être à la recherche de 45 millions d'euros pour boucler le budget 2023 de France Télévisionss, soit la somme exacte que le groupe audiovisuel public devait obtenir pour le rachat de ses parts dans Salto en cas d'une fusion entre TF1 et M6. Il ne restait donc qu'un scénario possible : une liquidation pure et simple… 

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