Watermark Remover.io : l'IA qui efface sans vergogne les copyrights
Puissante et fascinante, l'intelligence artificielle met en exergue de nombreux problèmes éthiques et légaux. C'est le cas de Watermark Remover.io, qui efface en quelques secondes les filigranes des images protégées, au mépris des droits d'auteur.
Alors que l'intelligence artificielle connait d'incroyables avancées technologiques, son évolution soulève petit à petit de nombreux problèmes, notamment vis-à-vis de l'industrie créative. C'est le cas des générateurs d'images comme DALL-E ou Midjourney, qui sont régulièrement accusés de violer les droits d'auteur. En effet, comme leur fonctionnement repose sur du machine learning, et donc sur le traitement d'un grand nombre d'images d'artistes qui se trouvent sur Internet, ils finissent par en quelque sorte les "recopier", et ce alors qu'elles ne sont pas libres de droits ! Et autant dire que les choses ne risquent pas de s'améliorer avec ce service gratuit capable de supprimer complètement les filigranes des photos. Baptisé Watermark Remover.io et disponible via un site Web ou une application Android, il est est devenu un véritable cauchemar pour les droits d'auteur !
Watermark Remover.io : le problème des droits d'auteur
Lorsque quelqu'un veut illustrer son site Internet, il doit utiliser des images qu'il a lui-même produites, des images libres de droit ou faire appel à une banque d'images, comme Shutterstock ou Adobe Stock par exemple. Mais pour éviter que quelqu'un ne se serve sans payer – en faisant une capture d'écran par exemple –, ces dernières appliquent sur les photos de jolis filigranes, qui prennent généralement la forme d'un petit quadrillage avec le nom du site qui revend l'image, ce qui la rend inutilisable. Ces filigranes sont souvent la seule chose qui protège le travail du photographe. Par conséquent, l'arrivée d'un outil gratuit capable de les supprimer en un seul clic est particulièrement inquiétante pour la communauté créative.
Watermark Remover.io est extrêmement simple d'utilisation – et c'est bien le problème. Il suffit de se rendre sur le site, d'y déposer l'image avec le filigrane – il supporte le png, le jpeg, le jpg ou encore le webp – et de cliquer sur le bouton. En quelques secondes seulement, l'IA "nettoie" le cliché, et il n'y a plus qu'à le télécharger. Et le résultat est vraiment impressionnant ! Les développeurs vont encore plus loin en proposant des abonnements payants afin de pouvoir effacer les marques de propriété intellectuelle en masse. En soi, la technologie n'a rien de révolutionnaire. On la trouve dans de nombreux logiciels et applications, où elle permet d'effacer des objets ou des personnes indésirables de l'arrière-plan des photos, comme avec Photoshop par exemple. Cependant, ces outils ne sont généralement pas aussi accessibles que Watermark Remover.io – en plus, ils sont souvent payants –, qui fait gratuitement tout le travail en un seul clic.
Watermark Remover.io : la nécessité d'un cadre pour les IA
Le problème de ce genre d'intelligence artificielle est donc vraiment éthique, voire légal. En effet, la suppression d'un filigrane sans le consentement du propriétaire initial est illégale dans de nombreux pays et dépend de l'usage que l'on en fait. En revanche, les outils qui permettent de contourner les protections du droit d'auteur ne sont pas forcément illégaux eux-mêmes.
La FAQ de Watermark Remover.io précise bien que les utilisateurs ne doivent pas "supprimer les filigranes des images protégées par le droit d'auteur" et qu'il faut obtenir l'autorisation du propriétaire avant de le supprimer tout filigrane et d'utiliser la photo à des fins commerciales. En cas de violation de la loi, ce n'est pas l'outil qui sera mis en cause, mais bien les utilisateurs, qui sont les "seuls responsables des réclamations, dommages, coûts, dépenses, procès, etc. intentés par un tiers en rapport avec l'utilisation des images résultant de la suppression des filigranes." Avec l'explosion de son utilisation, la technologie de l'IA appelle plus que jamais une réglementation forte et claire. En France, la CNIL a déjà pris les devants en créant un service de l'intelligence artificielle (SIA), qui devra tenter de répondre aux diverses interrogations et surtout d'encadrer l'utilisation de l'IA à l'avenir.