ChatGPT interdit : pourquoi l'Italie bloque l'IA
Coup dur pour ChatGPT : l'Italie vient d'interdire l'utilisation de l'IA vedette avec effet immédiat ! Motifs : le manque de respect de la vie privée des utilisateurs, des infractions au RGPD et l'absence de protection des mineurs.
ChatGPT n'en finit plus de déchainer les passions. Tout le monde s'émerveille devant les incroyables capacités du robot conversationnel, capable aussi bien de rédiger des dissertations que d'écrire du code informatique, et tous les grands acteurs de la tech se sont lancés dans une folle course pour intégrer de l'IA à leur produits, à commencer par Microsoft et Google. Mais cette frénésie, et les dérives qu'elle engendre, inquiètent de plus en plus. Au point que certains songent à freiner le mouvement. C'est le cas de l'Italie, qui vient officiellement d'interdire ChatGPT. Comme annoncé dans un communiqué, l'autorité de protection des données du pays (Garante per la protezione dei dati personali ) bloque "avec effet immédiat" l'accès au chatbot, ce qui a pour effet "la limitation provisoire du traitement des données des utilisateurs italiens vis-à-vis d'OpenAI", tandis qu'elle lance une enquête sur OpenAI, la société qui a créé l'IA. Une décision pour le moins radicale !
ChatGPT interdit : une IA dangereuse et invasive
L'autorité a invoqué plusieurs motifs pour justifier sa décision. Elle a d'abord invoqué la faille de sécurité qui avait eu lieu le 20 mars, révélée par Business Insider, qui a eu pour résultat d'exposer aux yeux de tous les conversations et les informations de paiement des utilisateurs ayant souscrit à ChatGPT Plus, la version payante de l'IA – sans compter que des morceaux de conversation, des e-mails et des numéros de téléphone ont aussi été mélangés entre les utilisateurs. Elle a également pointé du doigt l'absence de base légale pour justifier "la collecte et le stockage massifs de données personnelles aux fins de 'former' les algorithmes sous-jacents au fonctionnement de la plateforme", ce qui est un manquement au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Elle a enfin souligné que le chatbot ne vérifiait pas l'âge des utilisateurs, ce qui "expose les mineurs à des réponses absolument inadaptées à leur degré de développement et de conscience", d'autant plus que l'entreprise indique dans ses mentions légales ne s'adresser qu'aux utilisateurs d'au minimum 13 ans.
OpenAI dispose à présent de 20 jours pour répondre aux préoccupations de l'autorité italienne, sous peine d'une amende pouvant aller jusqu'à 20 millions d'euros ou 4 % de son chiffre d'affaires annuel. L'interdiction de ChatGPT en Italie intervient quelques jours après que l'agence européenne de police Europol ait sonné l'alarme à propos de l'utilisation du chatbot par des criminels pour commettre des fraudes et d'autres cybercrimes – des pirates s'en servent par exemple pour créer facilement du code malveillant et mettre au point de nouvelles attaques (voir notre article). D'ailleurs, ChatGPT n'est pas la seule IA à susciter de telles inquiétudes. Son rival Bard, créé par Google, n'est accessible qu'à certains utilisateurs âgés de plus de 18 ans, en raison des mêmes problèmes. De même, le chatbot de Snapchat, Snapchat My AI, donne des conseils dangereux aux adolescents, notamment en matière de relations sexuelles et de violences familiales, tandis que d'autres "amis" virtuels incitent carrément leurs utilisateurs à se suicider...
L'interdiction de ChatGPT en Italie a suscité des réactions contrastées de la part des acteurs du secteur de l'intelligence artificielle. OpenA a déclaré être au courant de la décision de l'autorité italienne et travailler avec elle pour répondre à ses préoccupations et assurer sa conformité au RGPD. Elon Musk, le fondateur de Tesla et de SpaceX, a exprimé son soutien à l'interdiction, affirmant qu'elle illustrait la nécessité d'un moratoire sur le développement de l'intelligence artificielle avancée. Des propos peu étonnants étant donné qu'il a partagé il y a quelques jours une lettre ouverte signée par plus de 1000 experts et personnalités du monde de la technologie, appelant à une pause dans le développement de ces intelligences artificielles et estimant que la course à la performance était hors de contrôle (voir notre article). D'autres acteurs, comme Google ou Facebook, n'ont pas encore réagi officiellement à l'interdiction de ChatGPT en Italie. Alors, à qui le tour ?