THESEE : le service de plainte en ligne fait un carton
THESEE : le service de plainte en ligne fait un carton
Piratage de compte, tentative d'extorsion, rançongiciel, fraude et escroquerie sur Internet : THESEE, la plateforme du Gouvernement pour porter plainte directement en ligne, connait un fort succès, surtout pour les faux sites de vente.
Si vous êtes victime d'une arnaque en ligne – quelle qu'en soit la nature, à l'exception notable du phishing –, plus besoin de vous déplacer au commissariat ou à la gendarmerie dont dépend votre domicile, d'enregistrer une pré-plainte et d'attendre que l'on vous donne enfin un rendez-vous physique. En effet, depuis le 15 mars 2022, vous pouvez déposer plainte directement en ligne. Ce nouveau service mis en place par le ministère de l'Intérieur s'appelle THESEE (ou Thésée), acronyme de Traitement Harmonisé des Enquêtes et Signalements pour les E-Escroqueries.
Et le moins que puisse dire, c'est que la plateforme a du succès depuis son arrivée. Surtout, elle semble particulièrement efficace ! Comme le rapporte France Inter, le dispositif en ligne a recueilli près de 85 000 plaintes et signalements lors de sa première année d’exercice – plus exactement, 68 000 plaintes et 16 500 signalements – pour différents cas de figure. Ainsi, 40 % concernaient de faux sites de ventes – les acheteurs n'ont jamais reçu leur commande –, 17 % pour de faux vendeurs, 11 % pour de faux acheteurs, 10 % pour de fausses locations et 9 % pour des piratages de profils. Le reste des sollicitations concernent des tentatives de chantage, des escroqueries sentimentales – les escrocs se font passer pour des personnes cherchant l'amour en ligne afin de soutirer de l'argent à leur conquête – et des blocages de données suivis de rançons – les fameux ransomwares – ou rançongiciels en français.
Une trentaine de personnes se chargent d'évaluer chaque cas, de vérifier que la plainte est recevable et de demander d'éventuels compléments. En général, le traitement d'une plainte ou d'un signalement se fait sous 48 heures. Ensuite, les policiers cherchent des points communs entre les affaires, qui sont alors parfois regroupées en une seule et même procédure judiciaire, ce qui facilite grandement les choses. Au total, ce sont pas moins de 75 enquêtes qui ont été ouvertes, pour un préjudice total estimé à plus de 8 millions d'euros. 76 dossiers concernant des ransomwares ont également été transmis aux services compétents.
THESEE : un service public en ligne pour déposer plainte
Pour accéder à THESEE, il faut se rendre depuis son ordinateur ou via son smartphone sur le site officiel de l'administration française, Service-public.fr et sélectionner la rubrique Justice, puis dans la section Infractions la sous-rubrique Arnaque sur Internet. Dans un premier temps il vous sera demandé de renseigner un questionnaire pour préciser la nature de l'escroquerie dont vous pensez être victime. Ensuite, une fois le questionnaire bien rempli, il vous faudra cliquer sur "Accéder au service en ligne" pour être redirigé vers le service compétent ; ce service prendra en charge soit votre dépôt de plainte, soit votre signalement (si vous ne souhaitez faire qu'un signalement).
À ce stade, et pour pouvoir continuer la procédure, il est nécessaire de s'identifier grâce à son compte France Connect, la solution d'identification créée par l'État pour faciliter la connexion à plusieurs centaines de services en ligne. Vous êtes ensuite invité à remplir un formulaire administratif officiel de dépôt de plainte ou vous indiquerez vos informations personnelles, mais aussi et surtout une description précise des faits. Une fois la procédure validée, vous recevrez dans votre espace personnel une copie du document et un récépissé de votre dépôt de plainte. Ce dernier document est absolument nécessaire pour faire valoir vos droits et entamer des démarches de compensation, c'est-à-dire de remboursement auprès de votre banque ou de votre assureur.
THESEE : presque toutes les arnaques liées à Internet
Cette procédure de dépôt de plainte en ligne concerne des escroqueries fréquemment constatées en ligne (à l'exception du phishing, ou hameçonnage en français, pourtant très en vogue actuellement). Parmi les escroqueries prises en compte citons le piratage de comptes (de courriels ou de réseaux sociaux), la chantage en ligne qui se traduit le plus souvent par une menace d'atteinte à la réputation et à l'honneur d'une personne et/ou une tentative d'extorsion, les ransomwares (aussi appelés rançongiciels en français) qui paralysent l'activité et les données d'un ordinateur ou d'un réseau informatique, l'escroquerie à la romance (ou "romance scam") via les sites de dating (une pratique très bien décrite par le documentaire de Netflix L'arnaqueur de Tinder), les escroqueries à la petite annonce (les fausses annonces de location de biens immobiliers), ou bien encore les fraudes sur les sites de e-commerce. À l'autre bout de l'écran, pas de bots (des robots), mais une équipe spécialisée de 17 policiers et gendarmes affectée à l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) prendra en charge les investigations.
Dépôt de plainte en ligne : attention aux abus !
Si cette simplification de la procédure de dépôt de plainte est assurément un "plus" pour les internautes, c'est également pour le ministère de l'Intérieur un moyen de mieux analyser ces plaintes, de mieux les catégoriser et , suivant les différents modes opératoires constatés, de mieux rechercher et de mieux identifier les auteurs des infractions signalées. Attention toutefois : déposer une plainte en ligne est aussi lourd de sens que de déposer une plainte dans un commissariat de police ou dans une gendarmerie. Pour être recevable, le dépôt de plainte doit être étayé de faits précis (le cas échéant la communication de captures d'écran pourra s'avérer utile), mais aussi, et surtout, ce dépôt de plainte ne doit en aucun cas relever de la dénonciation mensongère. Car, comme il est rappelé sur une page qui s'affiche au cours de la procédure selon l'article 434-26 du Code pénal, "la dénonciation mensongère de faits constitutifs d'un délit qui ont exposé les autorités judiciaires à d'inutiles recherches est punie de 6 mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende".