L'IA débarque dans les services publics français avec Albert

L'IA débarque dans les services publics français avec Albert

L'intelligence artificielle fait son entrée dans la fonction publique ! Gabriel Attal a dévoilé Albert, une IA souveraine à destination des agents des services publics, dans les domaines des impôts, de l'environnement et de l'éducation.

La sortie de ChatGPT a créé un raz-de-marée sur Internet, mais aussi au sein des entreprises de la tech. Chacune a commencé à intégrer des IA génératives à ses services et à ses produits, se lançant dans une véritable course pour montrer qui a la plus grosse. Mais après avoir envahi le secteur privé, elle débarque également dans le public. En octobre dernier, le Gouvernement avait commencé une expérimentation de l'intelligence artificielle dans la fonction publique, avec 1 000 agents volontaires – dans les caisses d'allocation familiales (CAF), l'Assurance retraite, les préfectures, etc. – qui ont été équipés d'un outil utilisant l'IA – plus précisément de Claude, un robot conversationnel "éthique" développé par la start-up américaine Anthropic – pour les accompagner dans la rédaction des réponses en ligne aux usagers (voir notre article). Un moyen de consacrer "plus de temps à l'humain".

Cette fois, le Gouvernement passe à la vitesse supérieure. En déplacement à Sceaux, le Premier ministre Gabriel Attal a dévoilé, ce mardi 23 avril, une série d'outils d'intelligence artificielle destinés à améliorer l'efficacité des services publics. "Je vous annonce que nous avons développé une intelligence artificielle souveraine, française, qui va révolutionner nos services publics et que nous mettons désormais au service des Français", a-t-il déclaré, appelant à "choisir l'IA" et non à la "subir", comme le rapporte BFMTV. Baptisée Albert, celle-ci a été développée par une équipe d'experts au sein du datalab de la Dinum (Direction interministérielle du numérique) à partir de juin 2023. "Grâce à eux, la France est le premier pays européen à inaugurer une IA 100 % souveraine et à la mettre au service de ses services publics", a assuré Gabriel Attal.

IA dans les services publics : aider les agents du fisc dans leur travail

Le déploiement d'Albert au sein de l'administration a quatre objectifs : "des procédures plus simples, des délais plus rapides, des réponses plus sécurisées et des politiques publiques plus efficaces", pour reprendre les mots du Premier ministre. La première à en profiter sera l'administration fiscale. Concrètement, l'IA va aider les agents à analyser les 16 millions de demandes annuelles en ligne des contribuables en générant automatiquement des pré-réponses adaptées à la place des fonctionnaires. Les agents publics seront ensuite chargés de vérifier les réponses, de les modifier si besoin et de les envoyer aux usagers.

L'objectif est de simplifier les démarches, de réduire le temps de réponse et de faciliter le travail des agents du fisc. "L'analyse de la réglementation sera automatisée, les réponses drastiquement accélérées et le travail des agents rendu moins pénible et plus intéressant", explique Gabriel Attal. L'IA va donc prendre de plus en plus de place dans l'administration. Elle était déjà utilisée pour débusquer les fraudeurs fiscaux, en détectant automatiquement un certain nombre de biens non déclarés sur les bases de données publiques. 140 000 cas de fraude ont déjà été repérés, ce qui a permis à l’État de récupérer 40 millions d'euros.

IA dans les services publics : accélérer la transition écologique

Le Gouvernement compte également sur l'intelligence artificielle pour soutenir d'autres services dans le domaine de l'environnement, comme les directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), qui s'occupent des dossiers liés à la transition écologique. Il s'agira par exemple d'instruire plus rapidement 4 000 projets environnementaux chaque année. "Il s'agit de projets qui font des centaines, parfois des milliers de pages et dont l'instruction est aujourd'hui très longue", précise Gabriel Attal. L'objectif est d'économiser "du temps et de l'argent et d'accélérer la transition écologique", grâce au raccourcissement des délais. Cela concerne notamment des "projets éoliens" ou "d'aménagements urbains" dont "l'instruction est très longue".

Après, rappelons que l'intelligence artificielle n'est pas la solution miracle, son utilisation ayant un coût écologique non négligeable. Les ordinateurs puissants nécessaires pour alimenter les modèles d'IA consomment énormément d'eau et d'énergie, et la fabrication de ces machines a un impact environnemental important – extraction des ressources naturelles, émissions de gaz à effet de serre… –, de même que la gestion des déchets électroniques lorsqu'elles deviennent obsolètes. Rappelons que ChatGOT-3 aurait requis 1 283 MWh durant sa période d'entraînement, soit l'équivalent de 274 foyers français pendant une année entière… Alors, certes, Albert n'en est pas encore à ce niveau, mais c'est un point qui mérite d'être souligné.

IA dans les services publics : Aristote à la rescousse des étudiants

Le Gouvernement compte sur une autre IA, baptisée Aristote, pour venir en aide au secteur de l'éducation. Lancée dès la rentrée prochaine, elle proposera des quiz et des évaluations pour les étudiants afin de les aider dans leurs révisions, afin "d'améliorer leur taux de réussite en licence". Elle permettra également de rendre accessibles aux élèves en situation de handicap plus de 3 000 heures de cours, en convertissant automatiquement le son des vidéos en sous-titres.

Pour revenir à Albert, il devrait être par la suite transposé à d'autres services publics. Il pourrait par exemple être utilisé pour retranscrire des audiences judiciaires et les comptes-rendus médicaux, ou bien faciliter les dépôts de plaintes. "Tant et tant d'autres cas d'IA dans nos services publics verront le jour au cours des prochains mois : de la détection des incendies et feu de forêts par drones augmentés à la gestion RH des personnels de la fonction publique", a conclu le Premier ministre. L'équipe du datalab, à l'origine de l'IA, est actuellement en discussion avec quelque 70 administrations diverses, tant centrales que territoriales, dans le but de coconstruire et de développer de nouvelles applications basées sur Albert.