ChatCGT, ChatGPT assistant vocal… Les usages fous de l'IA vedette
ChatGPT, l'incroyable IA conversationnelle, fascine Internet et provoque de nombreux remous. Chacun tente de voir les possibilités qu'elle ouvre. Application humoristique, assistant vocal, mais aussi journaliste ou aide thérapeutique, l'horizon est vaste !
"Elle est vener, elle aime pas Macron, c'est CHATCGT" ! C'est ainsi que Vincent Flibustier, créateur du site parodique Nordpress, a présenté la semaine dernière ChatCGT, une version militante orientée extrême gauche du chatbot ChatGPT. Le principe est le même que pour son modèle : il suffit de lui poser une question pour que l'IA y réponde... d'une façon extrêmement tranchée. Réforme des retraites, Éducation nationale, Emmanuel Macron, mais aussi des interrogations pourtant bien éloignées de la politique comme l'intérêt du lundi ou les chats... Elle a réponse à tout – et, avouons-le, le résultat est hilarant ! Nous l'avons à notre tour interrogée sur des questions qui animent le débat public en ce moment, comme la réforme des retraites et l'interdiction de la chasse.
ChatCGT : le robot conversationnel version marxiste
Sur ce dernier point, ChatCGT estime que "le patronat a longtemps profité de l'exploitation des animaux sauvages pour leurs propres intérêts. La chasse est une pratique cruelle et non nécessaire qui met en danger des espèces entières et qui nuit à l'équilibre de l'environnement. Il est temps que le patronat prenne ses responsabilités et interdise la chasse." Puis, au bout de quelques requêtes, l'IA a tout simplement décidé de se mettre en grève. On vous laisse la tester à votre tour ! Mais, outre cette parenthèse humoristique, ChatGPT, l'intelligence artificielle conversationnelle qui répond de façon exhaustive et naturelle à n'importe quelle question – bien qu'elle se trompe parfois –, offre de nouvelles perspectives, et de nombreux chercheurs explorent ses différents usages possibles, notamment au travers d'applications et de déclinaisons plus sérieuses que ChatCGT.
J'approuve. pic.twitter.com/vpF7NOhD4F
— Chou de Brucycle (@ChouDeBrucycle) January 22, 2023
ChatGPT : des applications créées avec l'IA
ChatGPT est capable de rédiger en quelques secondes un texte qu'un être humain mettrait des heures à écrire, de répondre à des questions complexes, de coder, de résoudre des équations, et même de s'engager dans des débats, le tout de façon naturelle (voir notre article). Lettre de motivation, tutos DIY, articles de presse, scripts de séries... Les internautes trouvent sans cesse de nouveaux moyens de l'utiliser. Il n'est donc guère surprenant que certains développeurs se soient déjà emparés de l'IA pour mettre au point différentes applications et l'exploiter au mieux. Ainsi, il existe déjà de nombreux outils, comme une application bureau pour Windows, macOS et Linux, ainsi qu'une extension pour discuter de vive voix avec l'IA.
Une autre application, baptisée Playlist AI et disponible sur iOS, utilise ChatGPT pour créer des playlists dans Spotify et Apple Music à partir de quelques mots. L'utilisateur doit décrire le style de musique qu'il désire écouter, comme "artistes populaires dans les années 1990" ou "artistes qui ont joué u festival de musique Coachella". L'application interroge ensuite ChatGPT, qui lui fournit des morceaux, puis génère une playlist et l'ajoute au compte de streaming musical. À l'origine, l'application se nommait LineupSupply et proposait de scanner les affiches des concerts afin de reconnaître automatiquement les noms des artistes et de créer des playlists., mais aussi d'en générer à partir d'un TikTok ou de l'historique Spotify ou Apple Music – fonctions qui sont toujours proposées.
GPT-3 : un modèle de langage plus efficace que Siri
D'autres développeurs sont allés plus loin en s'emparant de GPT-3, le modèle de langage sur lequel se base ChatGPT. C'est le cas de Mate Marschalko, qui nous donne un premier aperçu de ce que pourraient être les assistants vocaux s'ils se basaient sur une telle technologie. Dans une vidéo publiée sur Reddit et YouTube ainsi que dans un article sur son blog, il nous montre le résultat que donne la combinaison de GPT-3 avec l'application "Raccourcis" d'Apple pour connecter sa douzaine de lampes, ses thermostats, son système de ventilation et ses caméras en un seul écosystème.
Rappelons que les assistant vocaux comme Siri, Google Assistant et Alexa ne répondent qu'à des commandes assez basiques, comme "allume la lumière de la cuisine", "baisse le chauffage à 19 degrés" – sobriété énergétique oblige – ou encore "ferme les volets". Pour des requêtes plus complexes, il faudra repasser. De son côté, l'assistant créé à partir de GPT-3 est capable d'interpréter correctement des requêtes complètes, comme "Ma femme arrive dans 15 minutes. Allume les lumières pour elle dehors au moment où elle va se garer". Ce à quoi il répond : "Les lumières devraient s'allumer au moment où votre invité arrivera". Plus bluffant encore, il est même capable de faire appel à ses connaissances pour prendre une décision ! Par exemple, pour l'ordre "Ajuste la chaleur dans la chambre à une température qui, selon toi, m'aiderait à mieux dormir", l'assistant rétorque : "Le thermostat de la chambre a été réglé à 19 degrés. Profitez bien de votre sommeil ! " Autre exemple : "Hier, il m'a fallu un moment pour m'endormir. Est-ce que tu as des suggestions pour m'aider à mieux dormir ?" Il propose alors à l'utilisateur de prendre un bon bain chaud, de lire un livre et d'éviter la caféine.
Pour parvenir à un tel résultat, Mate Marschalko n'a eu aucune ligne de code à écrire. Il a utilisé l'API de GPT-3 pour lui demander d'interpréter l'anglais conversationnel puis de répondre dans un format de données structuré (JSON) que l'application d'Apple va ensuite exécuter. Sauf que, et c'est bien là le problème, ce n'est pas gratuit, car chaque requête auprès de GPT-3 coûte 0,014 $. Autant dire que la facture à la fin du mois risque d'être salée pour une utilisation quotidienne ! Et il faut tester le résultat de façon plus approfondie afin d'être sûre que l'IA ne dise pas quelque chose de répréhensible. Mais cette démonstration reste une expérience intéressante qui pourrait peut-être donner des idées à Apple, Google et Amazon, qui sait !
ChatGPT : l'IA prépare-t-elle l'avenir ?
L'utilisation d'une IA comme ChatGPT pourrait apporter de profondes mutations dans de nombreux secteurs et métiers. Elle pourrait par exemple modifier en profondeur le journalisme. Ainsi, le site spécialisé dans les nouvelles technologies CNET s'est livré à une petite "expérience". Comme il l'explique dans son article, il a laissé l'IA écrire environ 75 articles avant de les faire relire, vérifier et éditer par un membre de la rédaction. Les papiers ont été signés "CNET Money", une appellation assez opaque à laquelle se sont depuis joints une mention indiquant que l'écriture des sujets avait été assistée par un moteur d'IA ainsi que le nom du journaliste les ayant validés. Ce test a été conduit afin de voir si l'intelligence artificielle pouvait remplacer un rédacteur sur une production purement informative, sans grande valeur ajoutée, dans le but d'optimiser le temps des journalistes afin qu'ils se consacrent à des sujets plus complexes et de meilleure qualité, mais aussi de voir s'il était possible de l'utiliser pour optimiser la lisibilité de l'article, son référencement ou sa structure. Toutefois, cela soulève des questions en matière d'éthique et de transparence...
Le domaine de la médecine s'intéresse également beaucoup à la technologie d'OpenAI. En effet, des chercheurs de l'université Drexel en Pennsylvanie ont publié une étude révélant que GPT-3 serait capable d'identifier certains indices dans les écrits d'une personne qui permettent de repérer les premiers stades de la maladie d'Alzheimer, qui touche pas moins de 55 millions d'êtres humains dans le monde, avec un taux d'efficacité de 80 %. Plus exactement, elle repère certaines caractéristiques du langage qui permettent de prédire la démence, et donc de détecter la maladie à son stade précoce.
D'autres se sont également intéressés à un possible usage de ChatGPT dans le domaine de la psychologie. La startup à but non lucratif Koko, qui offre du soutien psychologique par chat en ligne, explique sur Twitter avoir mené une expérience sur 4 000 personnes, soit environ 30 000 messages. Elle a fourni aux personnes qui la contactaient des messages écrits par l'IA – ils étaient quand même supervisés par un être humain –, qui ont été mieux notés que ceux envoyés par une vraie personne et ont fait diminuer le temps de réponse de 50 %. En revanche, quand les utilisateurs ont appris la vérité, ils ont tout simplement cessé de faire confiance au service. Toujours est-il que cela interroge sur la capacité d'empathie – ou du moins de simulation – des chatbots. Une expérience qui fait écho à celle d'une jeune femme qui a utilisé GPT-3 pour "dialoguer" avec une version plus jeune d'elle-même. L'IA pourrait-elle être utile pour la santé mentale ?
i kept diaries for about 10+ years of my life, writing almost everyday about my dreams, fears, secrets
— michelle huang (@michellehuang42) November 27, 2022
the content ranged from complaining about homework, to giddiness i felt from talking to my crush
some days were very mundane, some rather insightful pic.twitter.com/CzA1C20U4a
Code, animation 3D, écriture, journalisme, médical et même juridique... L'IA semble ouvrir une myriade de possibilités ! En tout cas, plusieurs géants du numérique voient en ChatGPT et les autres technologies d'OpenAI de quoi révolutionner l'avenir. C'est notamment le cas de Microsoft, qui a investi des milliards de dollars dans l'entreprise afin d'obtenir une licence exclusive de GPT-3 et ainsi l'intégrer à tous ses services, comme la suite bureautique Microsoft 365 et son moteur de rechercher Bing. De quoi faire paniquer Google, qui a lancé un "code rouge" et réorganisé divers départements pour avancer sur ses projets d'IA, dont Sparrow, qui pourrait bien être un sérieux concurrent au chatbot d'OpenAI. Mais tout n'est pas rose, loin de là. Il suffit de regarder du côté du piratage pour s'en apercevoir, les hackers utilisant déjà l'intelligence artificielle pour créer de nouveaux malwares et pour vendre des applications frauduleuses.