Assurance santé Apple : un nouveau service en 2024 ?
Selon des analystes américains, Apple pourrait proposer une assurance maladie en 2024, en s'appuyant sur les données de santé collectées par ses montres connectées Apple Watch. Fantasme ou réalité ?
On le sait, le domaine de la santé intéresse au plus haut point les géants du numérique – les fameux GAFAM. Sur un strict plan économique, le marché est énorme – la pandémie de Covid l'a encore démontré… – et il a toutes les chances de grossir encore avec le vieillissement de la population et la multiplication de certaines maladies. Sur ce secteur stratégique, quelques entreprises technologiques de premier plan pourraient bien développer rapidement de nouveaux services en exploitant des ressources insoupçonnées. C'est notamment le cas d'Apple qui, selon le cabinet d'étude et de prospective américain CSC Insight pourrait proposer une assurance santé dès 2024. Une prédiction étonnante, car ce service sortirait de cadre habituel des activités de la firme à la pomme, mais qui prend tout son sens quand on sait que l'entreprise de Cupertino récolte une somme colossale de données de santé grâce à ses Apple Watch…
Apple Watch : un outil idéal pour récolter des données de santé
De fait, depuis le lancement de sa première montre connectée en 2015, Apple n'a cessé d'ajouter des capteurs et des fonctions de suivi de santé sur ses Apple Watch : pouls, pression artérielle, niveau d'oxygène dans le sang, température corporelle… autant de donnés précieuses pour les utilisateurs – et pas seulement les sportifs ! – qui peuvent ainsi avoir un bilan précis et fiable sur leur état de santé en temps réel. Sans compter l'électrocardiogramme et d'autres fonctions sophistiquées qui exigent en principe un examen médical chez un spécialiste. Et, selon les analystes de CSC Insight, c'est précisément cette mine d'informations sensibles qu'Apple pourrait exploiter pour se lancer sur le marché de l'assurance maladie.
Les experts soulignent ainsi qu'Apple pourrait se rapprocher d'un grand assureur à l'horizon 2024. "Apple dispose d'une multitude de données personnelles sur la santé grâce aux Apple Watch. En reliant toutes ces informations, ils peuvent devenir un acteur très compétitif de l'assurance maladie", explique en substance Ben Wood, analyste en chef chez CCS Insight. Dès lors, une question se pose : l'Apple Watch a-t-elle été lancée sur le marché dans ce but ? Ben Wood ne le pense pas : "Je ne pense pas que c'était un cheval de Troie de se lancer là-dedans : je crois juste que c'est une évolution naturelle. Tout d'un coup, ils regardent les données qu'ils ont et se demandent s'il devraient entrer dans l'industrie de la santé ?" Toutefois, il remarque que "Tim Cook a orienté Watch dans l'espace de la santé et du fitness, et ils ont touché un domaine qui vient de résonner auprès des consommateurs".
Données médicales : une mine d'informations sensibles pour un nouveau marché
Bien évidemment, comme à son habitude, Apple n'a pas commenté les hypothèses des analystes, la firme à la pomme entretenant un secret quasi militaire sur tous ses projets. Mais cette prédiction a du sens. Et cette possibilité s'inscrit dans un plus grand dessein : faire évoluer le pourcentage de la part des revenus d'Apple provenant des logiciels et des services. En 2022, ils représentent un quart du chiffre d'affaires de Cupertino, contre un tiers d'ici à 2030, selon les projections des analystes de CSC Insight. Apple a déjà depuis longtemps dépassé le cadre de constructeur – d'ordinateurs et d'appareils électroniques – et d'éditeur de logiciels pour proposer de nombreux services dans la musique, la vidéo, la vente d'applications, le stockage en ligne et le fitness. Et, après les activités bancaires – aux États-Unis –, pourquoi ne pas imaginer une incursion parallèle dans le domaine de l'assurance ?
La véritable question que pose cette éventualité réside dans la confidentialité des données médicales, éminemment sensibles et personnelles, et, surtout, leur marchandisation. Pas sûr que, s'il se concrétise le concept atteigne l'Euripe et donc la France, notamment avec la mise en œuvre prochaine du DSA (Digital Service Act) que l'Union européenne prépare pour protéger les informations privées des consommateurs (voir notre article). L'avenir nous dira ce que les GAFAM comptent faire des précieuses données qu'elles ont accumulées à travers leurs merveilleux produits et services numériques…