Dark Web : découvrir la face cachée d'Internet

Dark Web : découvrir la face cachée d'Internet

Associé à toutes sortes d'activités illégales, le Dark Web est l'objet de nombreux fantasmes dans l'imaginaire des internautes. Voici ce qu'il faut savoir sur cette face cachée d'Internet, à la fois fascinante et inquiétante.

Depuis l'avènement d'Internet, le Web est devenu un outil essentiel de notre vie quotidienne, et son importance ne va qu'en grandissant. Il compte des milliards de pages, ainsi que des bases de données et des serveurs qui fonctionnent tous 24 heures sur 24. Pourtant, nous ne naviguons que sur une infime partie, appelée le "Web de surface". Sous cette partie émergée l'iceberg se trouve un domaine beaucoup plus vaste et plus complexe, appelé le Deep Web (Web profond), qui n'est pas indexé sur les moteurs de recherche. Ce lieu comporte lui-même une face cachée et clandestine où tout est permis : le Dark Web. Un terme qui, dans l'imaginaire de beaucoup, désigne un lieu regorgeant d'activités illicites et aux trafics de toutes sortes (ventes d'armes, de drogues, d'organes, d'êtres humains, d'outils d'espionnage et de piratage, échanges de contenus pédopornograohiques, activités complotistes ou terroristes, etc.). Voilà qui fait froid dans le dos ! Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'est pas fréquenté uniquement par des personnes dépourvues de toute morale et peut se révéler très utile... À condition de prendre plusieurs précautions !

© Philipp Katzenberger-Unsplash

C'est quoi le Deep Web ?

Le Web de surface (ou surface Web) est la partie de la Toile la plus communément utilisée par les internautes. N'importe qui peut y accéder via un navigateur Web comme Firefox, Google Chrome, Microsoft Edge ou Safari. Il se constitue de toutes les pages qui sont indexées sur les moteurs de recherche comme Google, Bing et Opera. Pourtant, même s'il s'agit de la partie du Web la plus connue et celle à laquelle on pense communément, elle ne représente qu'une petite portion de la Toile – ce serait un peu la surface émergée si on devait le comparer à un iceberg.

En effet, si l'on y pense, la très grande majorité des pages ne sont pas accessibles en cherchant dans un moteur de recherche, et pourtant là aussi on les utilise quotidiennement, sans forcément y penser. Elles constituent ce qu'on appelle le Deep Web, ou Web profond en français – on l'appelle également le Web invisible. Il s'agit de sites Web et de données qui sont protégés par des mots de passe, des pare-feu ou des protocoles de cryptage, et qui ne sont pas directement accessibles au grand public. C'est notamment le cas des contenus payants, des comptes bancaires, des comptes de streaming comme Netflix ou Disney+, des back-offices ou des messageries électroniques. Prenons l'exemple d'une banque. Son site Web comporte une partie publique référencée dans les moteurs de recherche et accessible à tous (page de support, page d'accueil, les actualités, etc.) – qui fait partie du Web de surface –, mais aussi une partie privée qui concerne toutes les informations bancaires de ses clients et à laquelle on accède en rentrant ses identifiants – qui fait donc partie du Deep Web. Ce dernier comprend aussi des pages de bases de données qui sont trop volumineuses pour être indexées et les réseaux internes d'entreprises, de gouvernements ou encore d'établissements d'enseignement utilisés. Bref, rien à voir avec les activités illégales et la zone de non-droit que l'on peut imaginer donc, qui ne correspondent en réalité qu'à une petite partie du Web profond.

Dark Net et Dark Web : quelles différences ?

Dans ce vaste océan se trouve le Dark Net, un système de réseaux interconnectés et parallèles au Web que l'on utilise au quotidien – que l'on appelle alors par opposition le Web "clair". On ne peut accéder au Dark Web que par des logiciels, des configurations ou des protocoles spécifiques, comme le navigateur Tor (The Onion Router) – qui est le plus connu –, I2P et Freenet, ce qui limite son accès tout en garantissant un haut degré d'anonymat. On parle de réseaux de superposition car chacun se repose sur un autre pour fonctionner. Pour sa part, Tor utilise un système de relais pour masquer l'adresse IP de l'utilisateur en faisant transiter la communication à travers plusieurs serveurs dans différents pays, ce qui rend difficile la localisation de l'utilisateur et l'identification de sa véritable adresse IP, et lui permet donc de naviguer sans laisser de traces.

Au sein de cet ensemble des réseaux cachés et privés, on trouve des sites accessibles uniquement via ces réseaux anonymes et qui forment le fameux Dark Web. La différence entre le Dark Net et le Dark Web est subtile et il est aisé de confondre les deux. Pour simplifier, on peut dire que le premier désigne l'infrastructure physique, le réseau en tant que tel – le contenant en somme –, tandis que le second concerne le contenu qu'on y trouve. Le terme Dark Web est souvent utilisé pour désigner un Web criminel, évoluant en dehors du tout cadre juridique et où l'on peut faire toutes sortes d'activités et de commerces illégaux, comme la vente d'armes à feu, le commerce de données privées piratées, le trafic de drogue, les réseaux de pédophilie ou encore les salons d'exploitation sexuelle. Toutefois, toutes les activités n'y sont pas illégales ! En effet, le Dark Web héberge aussi des sites cryptés qui permettent à des journalistes, des militants ou encore des opposants politiques de communiquer et de partager des informations sans craindre la surveillance des gouvernements et en échappant à la censure dans certains pays.

Comment fonctionne le Dark Web ?

Le Dark Web utilise des logiciels de routage et des serveurs anonymes pour permettre une navigation anonyme. Il faut donc, comme nous l'avons vu, obligatoirement passer par des outils spécifiques comme Tor. Ce dernier crypte et redirige la demande de l'utilisateur à travers plusieurs couches de serveurs, appelées nœuds, dans le monde entier. Ces nœuds sont des ordinateurs qui agissent comme des relais pour le trafic Internet, en le redirigeant à travers le réseau. Chacun d'entre eux ne peut voir que l'adresse IP du nœud précédent et du nœud suivant, ce qui rend la trace de l'utilisateur très difficile à remonter – mais pas impossible. Une fois que la demande atteint le dernier nœud du réseau, elle est renvoyée au navigateur de l'utilisateur, qui peut alors accéder au site désiré. L'inconvénient de ce système, c'est que la connexion est beaucoup moins fluide et rapide que sur le "Web de surface".

Les adresses des sites sont différentes de celles du Web traditionnel. On les appelle URL en oignon (onion, en anglais) car elles se terminent souvent par ".onion" au lieu de ".com", ".fr" ou ".org". Ce sont des identificateurs uniques générés par le réseau Tor, qui sont constitués d'une série de lettres et de chiffres aléatoires, ce qui les rend très difficiles à trouver et à mémoriser.

Comment accéder au Dark Web en toute sécurité ?

Tout d'abord, rappelons que, s'il n'est pas illégal de surfer sur le Dark Web, participer à des activités punissables par la loi l'est évidemment. Il faut également garder en tête que cette partie du Web est très dangereuse, et que les utilisateurs peuvent se retrouver exposés à des logiciels malveillants et des escroqueries, mais aussi à la surveillance des services de police et de gouvernements. Avec tous ces rappels nécessaires à l'esprit, la première chose à faire est d'utiliser un vrai VPN pour dissimuler sa véritable adresse IP et crypter sa connexion Internet de manière sécurisée. Il est également primordial d'installer un bon antivirus et un anti-malware sur son ordinateur à cause des nombreux malwares qui sévissent sur le Dark Web. Ensuite, il faut télécharger et installer un logiciel spécial comme Tor, ce dernier étant disponible sur Windows, Mac, Linux, iOS et Android. Une fois que c'est fait, il est alors possible d'accéder aux sites du Dark Web en rentrant leur adresse .onion spécifique.

Comme elles ne sont pas indexées par les moteurs de recherche ordinaires, les adresses du Dark Web ne peuvent pas être trouvées par une recherche classique avec des moteurs comme Google ou Bing. Pour les trouver, il existe plusieurs méthodes. La première est de chercher dans des annuaires, comme The Hidden Wiki ou le site DarkWebLinks. Ils sont accessibles via des moteurs de recherche, mais attention, tous les liens ne sont pas sûrs ! Certains utilisateurs du Dark Web partagent des URL d'oignons sur les réseaux sociaux, comme Twitter ou Reddit, mais là encore les liens ne sont pas toujours sûrs. Enfin, et c'est certainement la méthode la plus sûre, certains utilisateurs peuvent se partager directement les adresses entre eux, par le biais de recommandations personnelles. Encore une fois, notez bien qu'en raison de la navigation à travers les nœuds, les sites du Dark Web sont plus lents que les sites ordinaires. Vous voilà prévenu !

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