Amazon Shopper Panel : 2 dollars pour des données personnelles

Amazon Shopper Panel : 2 dollars pour des données personnelles

Pour cibler davantage ses publicités et pousser à la consommation, Amazon propose à ses clients de lui donner leurs données personnelles contre 2 $ par mois. Une proposition qu'il est vivement conseillé de refuser...

Les données personnelles des utilisateurs représentent une véritable mine d'or pour les géants du numérique, étant donné qu'elles permettent d'optimiser leurs produits et leurs services, mais, surtout, de mieux cibler les publicités, ces sources financières indispensables et incommensurables. À tel point qu'ils les collectent dès qu'ils le peuvent, et parfois sans en avoir informé explicitement leurs utilisateurs. Pour pouvoir les traquer toujours davantage, ils n'hésitent pas à les soudoyer, en témoignent les applications Opinion Rewards et Screenwise Meter de Google, ou encore le VPN Onavo de Facebook qui, moyennant 20 dollars par mois, s'introduisait dans l'intimité des 13-25 ans – pratiques qui ont été épinglées. C'est au tour d'Amazon – pourtant critiqué pour la façon dont il gère les données de ses clients et de ses partenaires  – de recourir à cette méthode controversée en lançant un programme qui rémunère les participants de quelques dollars pour traquer le trafic de leurs smartphones. Une démarche qui permet à l'entreprise de connaitre les publicités Amazon consultées par les utilisateurs et qui risque d'engendrer une énorme levée de boucliers.

Amazon Shopper Panel : des informations personnelles pour une poignée de dollars

Amazon Shopper Panel est un programme sur invitation qui fonctionne via une application – disponible sur Android et iOS, mais seulement pour les clients américains et britanniques pour le moment – qui "offre" aux participants des récompenses mensuelles moyennant des informations personnelles sur eux. Ainsi, ils peuvent gagner 10 dollars pour leur porte-monnaie Amazon – le but est de pousser à la consommation – ou un don caritatif en partageant dix reçus (tickets de cinéma, additions de restaurant, tickets de caisse...), reçus qui peuvent et ont déjà été utilisés comme preuves au tribunal soit dit en passant. Les utilisateurs peuvent également être rémunérés de 3 dollars pour chaque sondage répondu et de 2 dollars par mois en activant le suivi des publicités – celles d'Amazon, mais aussi d'entreprises tierces qui ont recours à Amazon Ads. Le but annoncé est d'optimiser les publicités du géant du e-commerce, car une publicité que rapporte est une publicité sur laquelle le client clique. Il faut donc qu'elles soient le plus ciblé possible afin de correspondre à ses besoins et à ses envies.

© Amaon

Pour activer le suivi des publicités, Amazon demande aux volontaires de lui accorder une permission similaire à celles qu'on donne aux VPN pour sécuriser une connexion. Sauf que dans ce cas, c'est pour mettre en place une connexion DNS (Domain Name System) – un système qui traduit les noms de domaine explicites (par exemple www.amazon.com) en adresses IP lisibles par une machine (par exemple, 192.0.2.33) afin d'identifier et de localiser l'appareil sur Internet – avec ses serveurs afin de collecter des informations sur les publicités qu'ils ont vues et avec lesquelles ils ont interagi. L'entreprise affirme que ces autorisations ne permettent pas de recevoir ni de partager des informations personnelles avec des tiers – mais ça, c'est elle qui le dit.

En soi, la démarche se veut "honnête" dans le sens où elle s'assure que l'utilisateur est réellement consentant pour la collecte de ses données personnelles. Cependant, la récompense est vraiment maigre par rapport à ce qu'elles valent véritablement pour l'entreprise. Au final, au vu des sommes perçues, le programme n'a pas grand intérêt pour les utilisateurs, surtout avec les risques qu'il implique (fuites, piratages, mauvaises utilisations de la part d'Amazon, etc.). En effet, Amazon n'est pas vraiment le meilleur en protection. Pour rappel, l'entreprise donne à la police les enregistrements de ses caméras Ring sans l'accord des utilisateurs – onze enregistrements depuis le début de l'année – et est actuellement la cible d'une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC) – l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers – pour avoir utilisé les données des vendeurs tiers à des fins anticoncurrentielles. La question qui se pose est donc la suivante : la sécurité et la confidentialité de notre vie privée valent-elles quelques dollars ?

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