Caméras cachées dans les locations Airbnb : attention aux voyeurs !
L'espionnage continue de faire des ravages sur Airbnb, des hôtes dissimulant des caméras dans leur logement pour filmer les locataires à leur insu. Un voyeurisme malsain qui échappe au contrôle de la plateforme et aux sanctions.
Les sites de location d'hébergements de particuliers en ligne, comme Aibnb, sont très pratiques, mais peuvent parfois donner lieu à de très mauvaises surprises. Propriétaire peu consciencieux, logement non conforme aux photos, équipement défaillant... Mais les choses peuvent aller beaucoup plus loin ! Il n'est pas rare que des locataires, en particulier des femmes, trouvent des caméras placées dans la chambre ou la salle de bain, même si cela est strictement interdit par la plateforme et la loi... Bien qu'il n'y ait aucun chiffre officiel, les témoignages de voyageurs traumatisés sont malheureusement légion. Les journalistes de Libération ont mené leur enquête sur cette pratique ignoble qui viole l'intimité des personnes et n'est pas assez encadrée par la loi.
Caméras cachées dans les locations Airbnb : une pratique courante pourtant illégale
Les voyeurs ne manquent pas d'imagination pour dissimuler leurs caméras, aidés par des constructeurs bien désireux de leur vendre leurs caméras espions. On en trouve sous toutes les formes, cachées dans des objets anodins du quotidien : une lampe, un radio réveil, un stylo, une horloge, un chargeur... De ce fait, elles sont tellement discrètes qu'elles en deviennent presque invisibles. Certaines caméras retransmettent même les images sur une application mobile (celle du voyeur) en temps réel. Et même minuscules, elles sont généralement équipées d'un enregistreur vidéo, d'un micro, d'une carte micro SD, d'une vision nocturne, voire de la détection de mouvement. L'horreur !
Parmi les témoignages recueillis par Libération, on trouve celui d'une jeune femme qui, il y a deux ans, a passé une nuit avec son mari dans un logement situé dans une petite commune de l'Allier. Six mois plus tard, elle a eu la mauvaise surprise d'être convoquée à la gendarmerie, qui lui a appris que l'individu qui leur louait le logement y avait dissimulé plusieurs caméras. Les gendarmes l'ont alors invitée à se joindre aux autres plaintes... "Les gendarmes nous ont identifiés sur plusieurs vidéos. J'ai pleuré quand je me suis vue nue sortant de la douche", témoigne-t-elle. Les affaires de ce type sont extrêmement nombreuses. C'est le cas de celle d'un retraité ayant été condamné en avril 2018 à deux mois de prison avec sursis pour avoir filmé dans leur douche de jeunes étudiantes coréennes, russes et colombiennes, logées dans le cadre du programme Erasmus, dans son appartement du XIVe arrondissement parisien.
Il n'y a pas de chiffres officiels en France, les dernières données remontant à 2017, avec 857 infractions de ce type enregistrées rien que pendant l'année. Certains voyeurs vont encore plus loin en mettant les vidéos prises en ligne et, une fois hébergées sur des serveurs situés dans des pays étrangers, sont difficilement atteignables pour la justice française. Certains enfants peuvent être filmés à leur insu pour alimenter les sites de pédopornographie. Malheureusement, la plupart des personnes condamnées en France échappent à la prison ferme. Elles encourent deux ans d'emprisonnement et 60 000 euros d'amende selon l'article 226-2-1 du Code pénal, dans le cadre où la personne a été filmée nue. De son côté, Airbnb autorise les dispositifs déconnectés "à condition qu'ils soient éteints et divulgués à l'avance aux voyageurs", peut-on lire dans les conditions générales d'Airbnb. Seules les caméras filmant un espace commun public ou une entrée sont autorisées. Les dispositifs de surveillance dans des pièces privées (chambre, salle de bain, salon, parties communes) sont strictement interdits. Mais cela n'empêche visiblement pas les voyeurs de sévir.