Bluesky Social : le concurrent de X (Twitter) est enfin accessible à tous

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  • Éditeur Bluesky PBLLC
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Bluesky Social, le nouveau réseau social de micro messages, est désormais accessible auprès du grand public, sans que l'on ait besoin d'une invitation pour s'inscrire. Le successeur de Twitter entre enfin dans la cour des grands !

Bluesky Social, le réseau social décentralisé qui se veut comme une alternative à Twitter, prend enfin son envol ! Si, depuis décembre dernier, les publications étaient rendues visibles par tous, que l'on ait un compte Bluesky ou non, il fallait encore bénéficier d'une invitation pour rejoindre la nouvelle plateforme développée par Jack Dorsey, l'ancien PDG de Twitter. C'est désormais du passé, et tout le monde peut maintenant rejoindre directement la plateforme, accessible gratuitement sur le Play Store, l'App Store et par le biais d'un navigateur Web. Pour l'occasion, l'entreprise a décidé de modifier le logo, qui prend désormais la forme d'un papillon, "symbole de changement et de transformation". Espérons que cela lui permette de vraiment décoller car, même s'il revendique déjà trois millions de membres, Bluesky souffre d'une popularité moindre que Threads et X.

© BlueSky Social

Certes, il manque encore certaines fonctions indispensables à la plateforme, comme la messagerie instantanée. Un journaliste de The Verge , qui avait pu tester le réseau social, l'avait décrit comme "une plateforme où les gens traînent et discutent entre eux", "sans animosité" – contrairement à X (anciennement Twitter), lieu de cyberharcèlement par excellence –, et facile d'accès. Il semble y régner une sorte de bienveillance que les utilisateurs ont à cœur de maintenir – reste à voir si ce sera toujours le cas avec plusieurs millions d'internautes. La modération est au cœur du réseau social, comme l'explique l'entreprise sur son blog. "Les réseaux sociaux centralisés – comme Twitter – utilisent l'étiquetage pour mettre en œuvre la modération – nous pensons que cette partie peut être dissociée, ouverte à l'innovation des tiers et configurée en tenant compte de la volonté de l'utilisateur", écrit Jay Graber, le PDG de Bluesky Social. "Pour les utilisateurs, la possibilité de personnaliser son flux leur rendra le contrôle de la ressource qui est le plus cher pour eux : leur attention."

Bluesky Social : une interface à la Twitter épurée

La plateforme mise sur une interface assez épurée et minimaliste qui rappelle très fortement celle de Twitter. Le flux principal affiche les derniers messages des membres suivis, avec les nombres de "J'aime", de commentaires et partages. Le profil des utilisateurs reprend là encore l'esthétique de Twitter, avec une photo de profil ronde, un arrière-plan, une courte biographie, et va même jusqu'à indiquer le nombre de followers et de personnes suivies.

L'utilisateur crée un identifiant qui prend ensuite la forme de @nomd'utilisateur.bsky.social, et définit le nom d'affichage qui apparaît plus en évidence en gras. En plus du flux principal, il bénéficie d'un onglet Discover qui lui permet de découvrir de nouveaux comptes à suivre et de voir les messages les plus populaires. Un onglet spécifique est également dédié aux notifications, à savoir les "j'aime", les réponses aux publications et les republications, là encore en se calquant sur le modèle de Twitter. En revanche, il n'y a pas encore de messagerie instantanée. La plateforme est assez facile d'accès. Il suffit de cliquer sur un bouton + pour créer un message de 256 caractères maximum et qui peut inclure des photos. Les utilisateurs peuvent partager, mettre en silencieux et bloquer des comptes. Bref, pour le moment, BluesKy Social se présente comme un clone de Twitter en un peu plus dépouillé. La véritable nouveauté se situe surtout du côté de la décentralisation du réseau social.

© BlueSky Social

Bluesky Social : un réseau social décentralisé et fédéré

Les utilisateurs de Twitter – désormais rebaptisé X – ont tous été très inquiets par le rachat du réseau social par Elon Musk – et ils le sont toujours –, d'autant que le milliardaire fantasque multiplie les décisions et les déclarations controversées depuis son arrivées. Après avoir licencié les dirigeants et menacé de se séparer de 75 % des employés, il s'était attaqué au fonctionnement même de la plateforme. Il a notamment rendu le badge de certification accessible via un abonnement payant et affirmé sa volonté d'assouplir les règles de modération, jugées trop strictes. De nombreux twittos, donc de grandes marques et des personnalités, craignent que l'oiseau bleu ne devienne une zone de non-droit où prolifèrent la haine et la désinformation, et s'inquiètent du tournant politique qu'il prend (voir notre article). C'est dans ce contexte que le hashtag #TwitterMigration s'est petit à petit popularisé et beaucoup cherchent déjà un "remplaçant" où aller se nicher.

Autant dire que c'est tombé à pic lorsque, le 25 octobre 2022 – soit quelques jours avant le rachat officiel de Twitter –, Jack Dorsey, l'ancien  PDG de Twitter – qui a démissionné en novembre 2021 –, a inauguré son nouveau réseau social, Bluesky Social, sur lequel il travaille depuis 2019 – bien avant d'avoir démissionné donc. Alors que la nouvelle plateforme n'était même pas encore en version bêta, elle avait déjà récolté plus de 30 000 inscriptions deux jours seulement après son inauguration. Il faut dire que son concept a de quoi séduire sur le papier. L'entrepreneur entend ni plus ni moins que révolutionner le fonctionnement des réseaux sociaux ! Il veut mettre au point une norme commune qui permettrait à différents services de communiquer entre eux – c'est ce qu'on appelle l'interopérabilité. C'est comme le fonctionnement d'un e-mail –  où peu importe la messagerie électronique utilisée, l'e-mail arrive toujours au destinataire – mais pour les réseaux sociaux. Un projet ambitieux – peut-être trop ?

Il faut savoir que les principaux services de réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter et LinkedIn, sont centralisés, c'est-à-dire qu'ils stockent toutes les données en un même endroit, qu'ils peuvent modifier ce que voit l'utilisateur et comment il utilise la plateforme comme bon leur semble. Ils sont en charge de tout ce qui se passe dessus ! Bien évidemment, cela a un impact sur des questions importantes comme la confidentialité des données, la modération voire même la censure dans certains cas – à tout hasard, citons WeChat, qui sert de modèle à Elon Musk. Au contraire, un réseau social décentralisé n'est ni contrôlé ni géré par une entité unique, et ce dans l'objectif de donner aux utilisateurs plus de pouvoir, plus de liberté et de garantir la protection de leur vie privée – comme Mastodon, DTube, Diasporas, etc. C'est ce fonctionnement que va utiliser Bluesky Social. Il se compose de plusieurs serveurs gérés par des entités différentes – c'est ce qu'on appelle un réseau social fédéré. Mais cela n'a pas que des avantages, car il faut trouver un moyen pour que des personnes du monde entier collaborent pour exécuter un système sans pouvoir modifier ni supprimer les algorithmes qui le font fonctionner.

© BlueSky Social

Bluesky Social : le pouvoir et le contrôle aux utilisateurs

Bluesky Social utilise le protocole ouvert AT (Authenticated Transfer Protocol) qui n'appartient pas aux dirigeants de la plateforme. Il permet à une quantité illimitée de services différents de fonctionner entre eux tant qu'ils utilisent ledit protocole. Une personne peut même créer son propre réseau social, avec ses propres infrastructures ou l'hébergeur qu'il a choisi, et communiquer avec Bluesky Social. "Alors que le Web échange des documents, le protocole AT échange des informations schématiques et sémantiques, permettant aux logiciels de différentes organisations de comprendre les données des autres. Cela donne aux clients ATP la liberté de produire des interfaces utilisateur indépendamment des serveurs et supprime le besoin d'échanger du code de rendu (HTML/JS/CSS) lors de la navigation dans le contenu", explique Bluesky Social sur son blog.

L'objectif de Bluesky Social est de redonner à l'utilisateur le contrôle complet de ses données personnelles. La plateforme a déjà esquissé les grandes lignes de son fonctionnement. Chaque membre possède une identité numérique qu'il est le seul à détenir. Celle-ci peut être transférée d'une plateforme à une autre sans aucune restriction ni limite de la part du nouveau réseau social de Jack Dorsey ou de quiconque. "L'identité en ligne d'une personne ne doit pas appartenir à des sociétés sans responsabilité envers leurs utilisateurs", explique la société dans un billet de blog.

Les internautes peuvent également contrôler les algorithmes de recommandation afin de décider eux-mêmes du contenu qu'ils veulent consommer, et de comment fonctionne le réseau social pour eux. "Les algorithmes dictent ce que nous voyons et qui nous pouvons atteindre. Nous devons avoir le contrôle de nos algorithmes si nous voulons faire confiance à nos espaces en ligne" , déclare l'entreprise. Toutefois, elle n'a pas expliqué comment l'utilisateur peut manipuler l'algorithme selon son bon vouloir. D'autres détails devraient être petit à petit dévoilés.

© BlueSky

Bluesky Social : un concurrent sérieux pour Twitter ?

Mais Bluesky Social peut-il devenir un sérieux concurrent pour X ? Il est encore beaucoup trop tôt pour le dire, étant donné que le réseau social n'en est qu'à ses premiers pas. Le contexte est, certes, favorable avec les polémiques que suscite les décisions et les annonces d'Elon Musk, et le statut de Jack Dorsey apporte de la visibilité et de la légitimité au projet. Le principe de ce réseau social est en tout cas très novateur, mais il doit faire ses preuves pour espérer séduire le grand public. Et c'est là l'une des difficultés qu'affronte tout nouveau réseau social : aussi incroyable soit son concept, il est inintéressant tant qu'il n'y a pas beaucoup de monde dessus – le réseau social de Wikipédia peut en témoigner. Et le risque de Bluesky Social est le même que pour Mastodon – qui a connu un pic de popularité éphémère grâce au rachat de Twitter –, à savoir la complexité de son fonctionnement, qui peut s'avérer trop technique pour la plupart des utilisateurs. Sans compter que Threads, le nouveau réseau social de Meta, qui a enregistré 50 millions d'utilisateurs lors de son lancement, en l'espace d'une seule journée.