Algorithme TikTok : comment activer l'affichage chronologique des contenus

Algorithme TikTok : comment activer l'affichage chronologique des contenus

Conformément au DSA, le nouveau règlement européen, TikTok permet désormais de désactiver les algorithmes de recommandations dans le fil d'actualité, entre autres mesures. La fin du défilement addictif ?

L'entrée en application du Digital Services Act (DSA), le nouveau règlement européen sur les services numériques, a ébranlé les grands acteurs de la tech ! Pour rappel, il vise à encadrer les activités des plateformes – en particulier celles des GAFAM – afin de prévenir des dérives, comme la cyberviolence, la contrefaçon et la manipulation de l'information, mais aussi à mettre en place des règles de protection uniques qui s'appliqueront dans tous les pays membres de l'Union européenne. Il est censé s'appliquer aux entreprises à partir du 17 février 2024, mais les plus grandes plateformes sont concernées plus tôt. Aussi, le 25 avril 2023, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton dévoilait la liste des 19 sites et services dans la ligne de mire du DSA, dont TikTok (voir notre article). Le réseau social, comme ses comparses, avait donc jusqu'au 28 août – initialement jusqu'au 25 août – pour se conformer aux dispositions du DSA, sous peine de devoir payer des amendes pouvant aller jusqu'à 6 % de son chiffre d'affaires mondial. 

Algorithme TikTok : comment désactiver le fil d'actualité personnalisé ?

Comme annoncé sur son blog le 28 août, TikTok met en place une série de mesures afin de se conformer à la législation européenne. Le premier changement concerne l'algorithme des recommandations, un sujet très sensible chez le réseau social. En effet, il s'agit d'un secret gardé jalousement : personne ne sait comment il fonctionne, si ce n'est qu'il est très addictif. Aussi, il est désormais possible de découvrir du contenu en désactivant la personnalisation. Les fils "Pour toi" et "Live" afficheront alors des vidéos populaires provenant du pays de résidence et du monde entier, et non en fonction des centres d'intérêt des utilisateurs. De même, lorsque ceux-ci utiliseront une recherche non personnalisée, ils verront des résultats composés de contenus populaires de leur région et dans leur langue préférée. Les fils "Suivre" et "Amis" continueront à afficher les créateurs qu'ils suivent, mais par ordre chronologique et non plus en fonction du profil de l'internaute.

► Pour désactiver le fil d'actualité personnalisé depuis votre mobile, ouvrez l'application TikTok.

► Sur la page d'accueil, appuyez sur l'icône Profil, à droite dans la barre horizontale en bas de l'écran.

► Vous atterrissez sur la page de votre profil. Appuyez sur l'icône du menu – les trois petites lignes – tout en haut à droite. 

► Une fenêtre pop-up s'ouvre. Appuyez sur Paramètres et confidentialité.

► Une nouvelle page apparaît. Dans la section Contenu et affichage, sélectionnez Préférences de contenu.

► Ensuite, appuyez sur Personnaliser les fils d'actualité

► Une nouvelle fenêtre s'affiche afin de vous informer qu'en désactivant la personnalisation des flux d'actualité, "cela affectera certains aspects de ton expérience". Appuyez sur le bouton rose Désactiver. Vous pouvez bien évidemment changer d'avis à tout moment et la réactiver en procédant de la même manière.

► Notons que vous pouvez également désactiver la personnalisation des résultats de recherche, en appuyant sur Recherche personnalisée dans la section Préférences de contenu.

Contrairement à Instagram ou à Facebook, la désactivation de la personnalisation des flux d'actualité par les algorithmes du réseau social est enregistrée, ce qui évite d'avoir à effectuer la même manipulation à chaque fois. Notons toutefois que la procédure n'est réalisable que depuis l'application mobile.

TikTok : vers une plus grande protection des mineurs

Ce n'est pas la seule mesure qu'à mis en place TikTok pour se conformer au DSA. Une autre concerne les utilisateurs mineurs de la plateforme. En mars déjà, celle-ci avait mis en place un avertissement au bout d'une heure d'activité pour les moins de 18 ans afin de responsabiliser les mineurs (voir notre article). Cette nouveauté, bien que bien accueillie par les autorités, a été jugée insuffisante et pas assez efficace. Aussi, TikTok va définir par défaut les comptes des Européens âgés de moins de 16 ans comme "privés", en rendant leurs vidéos inaccessibles à des personnes extérieures à leur cercles d'abonnés, et d'empêcher leurs contenus d'être recommandés par l'algorithme du réseau social. De plus, celui-ci met fin au ciblage publicitaire de ses utilisateurs mineurs, âgés de 13 à 17 ans, afin qu'ils n'aient plus de publicités personnalisées basées sur leurs activités sur TikTok ou en dehors. Notons que les utilisateurs ont déjà le contrôle des pubs qu'ils peuvent voir et qu'ils peuvent activer ou désactiver les publicités personnalisées dans leurs paramètres.

TikTok : signaler des contenus et modération plus transparente

TikTok compte améliorer la modération sur sa plateforme. Ainsi, les utilisateurs européens peuvent signaler plus facilement n'importe quel contenu qu'ils estiment illégal, y compris les publicités. Une liste de catégories, telles que "le discours haineux, le harcèlement et les délits financiers", est proposée à l'utilisateur voulant signaler un post, afin de faciliter sa démarche. En fonction de la nature du signalement, le contenu sera supprimé dans le monde entier ou inaccessible dans une ou plusieurs régions. "Les contenus signalés comme étant illégaux seront d'abord examinés à la lumière de nos lignes directrices communautaires et supprimés globalement s'ils enfreignent les politiques de TikTok", explique l'entreprise. "Dans le cas contraire, notre nouvelle équipe de modérateurs et de juristes évaluera s'il est contraire à la loi et nous en restreindrons l'accès au pays concerné uniquement." 

Pour se faire, il faut maintenir son doigt appuyé sur une vidéo, un live ou un commentaire depuis l'application mobile, puis appuyer sur "Signaler, tout en haut à gauche de la fenêtre qui s'ouvre, puis choisir "Signaler du contenu illégal". Depuis un navigateur Web, il faut cliquer sur les "…" en haut à droite d'une vidéo, puis sur "Signaler", et ensuite choisir l'option "Signaler du contenu illégal".

Le réseau social promet également d'être moins opaque sur la question de la modération. Il s'engage à renforcer la communication sur les contenus jugés illicites, sur ses règles relatives à la modération et sur les moyens de faire appel en cas de désaccord – un peu de pédagogie ne fait jamais de mal. Les utilisateurs dont le contenu a été banni auront de plus amples informations sur la raison d'une telle décision. Par exemple, ils sauront si celle-ci a été prise par l'algorithme ou bien par un modérateur en chair et en os. Ils pourront bien entendu faire appel s'ils trouvent cela injustifié.

TikTok : le réseau social montre patte blanche

Toutes ces nouveautés font partie de la seconde salve de mesures destinées à amadouer les autorités européennes. Le 20 juillet dernier, le réseau avait déjà annoncé de nouvelles mesures de mise en conformité. La plateforme chinoise avait notamment mis en accès libre son interface de programmation (API) à des fins de recherche. Les chercheurs peuvent maintenant accéder à certaines données anonymées "sur des sujets liés aux tendances de consommation, à la désinformation, à la santé mentale". Et autant dire que la plateforme a bien besoin de montrer patte blanche !

En effet, le 17 juillet dernier, elle a fait réaliser un audit dans ses bureaux irlandais par des fonctionnaires européens afin d'évaluer sa conformité au DSA. Le test a porté sur la protection des enfants, le système de recommandation et de modération des contenus de TikTok, les contenus illégaux en ligne, l'accès aux données et la transparence. Et le résultat n'a pas été glorieux… De plus, la Commission d'enquête Influence du Sénat a rendu début juillet, après de longues investigations, son rapport. Et le verdict est sans appel : l'application représente un danger. Le Sénat a notamment pointé le manque de confidentialité des données des utilisateurs, les soupçons d'espionnage de la part de Pékin, l'importante désinformation et l'additivité de la plateforme auprès des jeunes (voir notre article). Celle-ci a reçu un ultimatum : elle a six mois – désormais plus que cinq – pour se mettre en conformité avec la législation française. S'il n'apporte pas suffisamment de garanties avant la fin de l'année, le réseau social pourrait être banni de France.