Test Nothing Phone (2) : ça clignote et ça dépote

Test Nothing Phone (2) : ça clignote et ça dépote

Avec son Phone (2), Nothing continue de jouer les trublions sur le marché du smartphone en proposant un mobile toujours aussi atypique mais à la fiche technique solide doublée d'une approche logicielle originale. Pari gagné ?

À moins d'être resté déconnecté d'Internet et des réseaux sociaux depuis deux ans, la marque Nothing vous dit forcément quelque chose. Il faut dire que son patron Carl Pei (cofondateur de OnePlus) n'y va pas avec le dos de la cuiller pour orchestrer sa communication. Des annonces – qui parfois n'en sont pas– étalées sur plusieurs mois, des éléments de design dévoilés au compte-goutte, des caractéristiques techniques distillées avec parcimonie et des partenariats ou levées de fonds clamés sur les réseaux sociaux, il n'en faut pas plus pour faire le buzz et aiguiser la curiosité de la presse spécialisée et des geeks de tous poils et attirer l'attention sur ses futurs produits. Une tactique rôdée qui fonctionne depuis le premier lancement de produit de Nothing, ses écouteurs Bluetooth ear (1) en juillet 2021. Design novateur jouant sur la transparence, qualité indéniable et prix attractif ont su conquérir les premiers fans. Depuis, Nothing a appliqué sa recette à d'autres écouteurs (ear (2) et ear Stick) mais aussi à son premier smartphone, le Phone (1) sorti il y a tout juste un an. Un mobile atypique, au dos transparent et surtout, flanqué des glyphes, ces  leds blanches placées à l'arrière qui clignotent au gré des sonneries et des notifications. Nothing avait alors trouvé le moyen de se démarquer de la concurrence, simplement avec ce design original enveloppant un smartphone finalement assez banal. C'était pourtant suffisant pour en faire l'un des mobiles les plus attractifs du moment. Aujourd'hui, Nothing continue de surfer sur cette vague avec le Phone (2), son successeur. Au programme, un dos toujours transparent, encore des leds qui clignotent mais aussi une fiche technique solide qui n'a rien à envier à des concurrents bien établis et surtout une approche logicielle bien construite et tout aussi originale que le look du mobile. Suffisant pour attirer les regards sans décevoir une fois en mains malgré un prix sensiblement revu à la hausse ? Nous avons pu tester le Nothing Phone (2) pendant plusieurs semaines. Voici notre verdict.

Nothing Phone (2) : l'avis de CCM
  • Design atypique et réussi
  • Interface bien fichue
  • Utilité des leds
  • Bonnes performances
  • Autonomie correcte
  • Photo de jour
  • Étanchéité limitée
  • Légère chauffe en jeu
  • Photos de nuit perfectibles
  • Prix trop élevé

Nothing Phone (2) : un design unique, vraie marque de fabrique

On y avait gouté avec le Phone (1), on en reprend une nouvelle part avec le Phone (2). Principal argument mis en avant par Nothing, le design du smartphone reste indubitablement identifiable au premier coup d'œil. Décliné cette fois-ci en gris et blanc, l'appareil adopte toujours un dos transparent laissant apercevoir une partie de ses entrailles. En l'occurrence quelques vis, le système de recharge sans fil et, bien entendu, les fameux bandeaux de leds blanches – les glyphes – qui ont tant fait couler d'encre depuis le Phone (1). Leur montage fait plus propre et moins artisanal que sur le premier modèle.

À gauche, le Phone (1), à droite, le Phone (2) © CCM

Nothing ne s'est pas pour autant contenté de reprendre le même boîtier. Le dos n'est plus totalement plat comme c'était le cas sur le Phone (1) qui reprenait peu ou prou le design d'un iPhone. Ici, le dos se trouve légèrement bombé sur les quatre bords. Il en résulte une préhension douce et très agréable.

À gauche, le Phone (1), à droite, le Phone (2) © CCM

Le Phone (2) adopte aussi un gabarit un peu plus généreux que son aîné. Il intègre la famille des grands smartphones avec des mensurations que l'on retrouve maintenant assez fréquemment (162,1 x 76,4 x 8,6 mm) et un poids en légère hausse passant de 193 g à 201. g.

À l'avant, on profite d'un écran un poil plus grand de 6,7 pouces contre 6,55 pouces auparavant. La caméra selfie a quitté l'angle supérieur gauche de la dalle pour se décaler dans un poinçon au centre.

Enfin, comme sur le Phone (1) et sur les iPhone – source d'inspiration assumée de Carl Pei – les tranches restent plates et accueillent sur le côté gauche les boutons de volume et sur le côté droit, le bouton de mise sous tension. À noter que contrairement à nombre de ses concurrents dans cette tranche de prix, le Phone (2) profite seulement d'une certification IP54. Il résiste donc à la poussière et aux éclaboussures mais pas à l'immersion. Dommage.

Souci du détail : même l'extracteur de carte SIM fourni a un manche transparent. © CCM

Nothing Phone (2) : un écran bien calibré et confortable

Pour ce nouveau modèle, Nothing a donc opté pour un écran un peu plus grand que sur son prédécesseur. La dalle Oled de 6,7 pouces affiche une définition de 2412 x 1080 pixels pour une résolution de 394 ppp. Il s'agit d'une dalle LTPO proposant un taux de rafraîchissement dynamique de 1 à 120 Hz. Il est possible d'ajuster manuellement celui-ci pour le caler sur 60 ou 120 Hz mais gare à l'autonomie de la batterie dans ce dernier cas.

Cette dalle n'est pas la plus lumineuse du marché. Elle n'égale pas ce que l'on retrouve par exemple chez Samsung ou Honor mais demeure suffisamment confortable dans la plupart des situations. Nous n'avons pas rencontré de difficulté de lisibilité avec un ciel ensoleillé. En revanche, la colorimétrie nous a impressionnés par sa justesse. L'écran propose juste ce qu'il faut de saturation pour flatter la rétine mais sans tomber dans l'exagération.

Nothing Phone (2) : les glyphes trouvent un peu plus leurs marques

Signe distinctif des smartphones Nothing, les glyphes ou, autrement dit, les petits bandeaux de leds blanches qui clignotent et forment un symbole énigmatique sur le dos transparent de l'appareil. Outre l'aspect ludique et, il faut le reconnaître, un peu gadget que l'on avait pu constater sur le Phone (1), les glyphes endossent ici un rôle un peu plus utile. Déjà, Nothing a retravaillé l'aménagement. Leur positionnement demeure identique mais les bandeaux de leds sont découpés en un plus grand nombre de sections (onze contre cinq auparavant) afin d'offrir plus de possibilités de personnalisation.

Leur présence a ainsi pour but de moins solliciter l'écran et de garder l'appareil posé sur la face avant la plus grande partie du temps. Les glyphes sont mis à contribution pour les notifications d'appel et de SMS bien évidemment (les sonneries et animations étant personnalisables selon les contacts) mais peuvent dorénavant se réveiller pour signaler des notifications provenant d'applis de votre choix.

Ils permettent aussi de vérifier le niveau de charge du smartphone quand il est relié à un chargeur, de garder un œil sur une minuterie active en symbolisant une jauge lumineuse qui s'éteint au fil du compte à rebours ou encore de matérialiser les interactions avec Google Assistant lorsqu'on l'interpelle.

Une autre fonction élaborée pour l'appli de VTC Uber, donne aussi la possibilité d'apprécier la progression du chauffeur jusqu'au point de rendez-vous, là encore grâce à une jauge lumineuse. Les glyphes gagnent donc petit à petit en maturité et en utilité. Il n'y a plus qu'à espérer que les développeurs d'applis en tirent partie.

En attendant, Nothing permet aussi à tout un chacun de composer ses propres illuminations avec les glyphes pour les notifications. Une fonction qui manquait cruellement sur le Phone (1). L'opération s'effectue par l'intermédiaire d'une appli gratuite à télécharger sur le PlayStore de Google. Son fonctionnement reste assez sommaire et pas vraiment intuitif mais c'est un bon début.

Nothing Phone (2) : une surcouche logicielle bien fichue et efficace

Quitte à proposer un design original pour le boîtier, autant pousser le bouchon pour équiper l'appareil d'une interface qui se démarque elle aussi de la concurrence. Pari réussi ici. Le Phone (1) animé par NothingOS était déjà en marge de ce qu'on pouvait trouver sur les autres mobiles Android. NothingOS 2 améliore encore le concept. Pour cette surcouche logicielle qui recouvre Android 13, Nothing a cette fois-ci confié son développement à ses propres équipes (ce qui n'était pas le cas pour son premier smartphone). NothingOS 2 regorge de bonnes idées. Son design colle parfaitement au look un peu futuriste de l'appareil avec son pack d'icônes pixelisées immédiatement reconnaissables.

Le volet des raccourcis rapide adopte une organisation très claire sous forme de tuiles arrondies. De son côté, l'écran d'accueil fait la part belle aux widgets conçus par Nothing. Ils permettent de créer des dossiers géants pour regrouper les applications. Les icônes des applis de base adoptent la charte graphique monochrome pour se fondre dans l'interface.

Il est aussi possible de créer des raccourcis vers des fonctions d'Android et même de placer des widgets sur l'écran de verrouillage de l'appareil, un peu comme le propose iOS 16 sur iPhone. Des widgets qui demeurent visibles même avec l'écran en veille (en mode always on display).

L'ensemble demeure très fluide, agréable à manipuler. Nothing a très bien réussi son OS. Et si jamais NothingOS n'était pas à votre goût, il est tout à fait possible d'opter pour une interface Android plus classique, très proche de celle que l'on retrouve sur les smartphones Pixel de Google.

Enfin, on salue aussi le suivi des mises à jour. Déjà sur le Phone (1) nous avions été surpris de la méticulosité avec laquelle Nothing proposait des mises à jour à la fois d'Android et des patchs de sécurité mais aussi de NothingOS pour corriger ici et là quelques bugs et améliorer certaines fonctions. Le Phone (1) devrait d'ailleurs profiter de NothingOS 2 à la fin de l'été. Pour le Phone (2), la marque prévoit 3 ans de mises à jour majeures d'Android et 5 ans de patchs de sécurité. C'est plutôt pas mal et ambitieux pour cette jeune marque quand on voit des constructeurs bien établis se contenter du minimum avec 2 ans de mises à jour du système par exemple.

Nothing Phone (2) : des performances en hausse

Fiche technique

Taille écran  6,7 pouces
Définition écran 2412 x 1080 pixels
Technologie écran Oled / 60-120 Hz
Résolutiuon écran 394 ppp
SoC Snapdragon 8+ Gen 1
Mémoire vive 12 Go
Stockage 256 Go
Capteurs photos (dos) 50 + 50 Mpx
Capteur photo (selfie) 32 Mpx
WiFi / Bluetooth 6E / 5.3
5G Oui
Capteur d'empreinte Oui
Reconnaissance faciale Oui
Batterie 4700 mAh
OS Android 13
Dimensions 162,1 x 76,4 x 8,6 mm
Poids 201 g

Le Phone (1) sorti l'an passé se reposait sur un SoC de milieu de gamme, le Snapdragon 778G+ de Qualcomm. Pour le Phone (2), Nothing revoit les ambitions à la hausse. L'appareil est animé ici par le SoC haut de gamme de Qualcomm star de 2022, le Snapdragon 8+ Gen 1. Un processeur suffisamment puissant encore aujourd'hui pour s'attaquer sans broncher à la très grande partie des tâches qui lui sont confiées. En outre, la version que nous avons eu entre les mains embarque 12 Go de RAM et 256 Go d'espace de stockage (l'appareil est aussi disponible en version 8 Go sur le site de Nothing). Une configuration technique solide donc qui se ressent dans les différents benchmarks que nous lui avons fait subir mais aussi dans la réalité avec une fluidité exemplaire et une excellente réactivité dans le traitement photo. Pour comparaison, le Phone (1) affiche un score de 642573 points sur Antutu 10 soit deux fois moins que le Phone (2).

Antutu et 3DMark © CCM
GeekBench © CCM

En jeu, le Phone (2) n'est pas à la traîne non plus. Avec Genshin Impact, notre titre de référence, nous avons pu jouer avec le niveau de détails moyen à 60 images par seconde sans rencontrer de ralentissements. Néanmoins, le smartphone a témoigné d'une certaine chauffe peu agréable. Et les tranches en alu n'ont pas amélioré l'expérience transmettant la chaleur dans les paumes des mains. Attention, ça ne brûle pas, mais cela devient assez gênant après plusieurs dizaines de minutes de jeu.

Nothing Phone (2) : la photo en dilettante

Nothing a revu à la hausse les ambitions photo pour son Phone (2) sans toutefois viser le haut du panier. L'appareil embarque ici un capteur grand-angle de 50 Mpx (f/1,88) stabilisé et un capteur ultra grand-angle de 50 Mpx également (f/2,2) avec un stabilisateur numérique. En façade, la caméra selfie repose sur un capteur 32 Mpx (f/2,4). On regrette l'absence de téléobjectif pourtant tendance en cette année 2023. La monture semble assez légère vis-à-vis de la concurrence, notamment celle de Google avec son Pixel 7 vendu dans la même fourchette de prix.

De jour, le capteur principal donne satisfaction dans l'ensemble. Les couleurs profitent d'une bonne restitution et les détails assez présents pourvu que la lumière soit bien au rendez-vous.

Grand-angle © CCM
Grand-angle © CCM
Grand-angle © CCM
Grand-angle © CCM

En l'absence de téléobjectif, le Phone (2) propose un zoom numérique de 2x à 10x. le 2x présente d'assez bon résultats. Au-delà, la perte de détails se révèle assez significative.

Zoom 2x © CCM
Zoom 2x © CCM
Zoom 10x © CCM

Le mode portrait est plutôt bien abouti. L'appareil ne perd pas trop ses repères et réussi, lorsque le sujet est bien exposé, à opérer un détourage correct pour un bokeh réussi.

Le module ultra grand-angle délivre lui aussi des résultats satisfaisants. Le lissage peut se montrer parfois trop présent au point d'estomper des détails mais l'ensemble demeure correct.

Ultra grand-angle © CCM
Ultra grand-angle © CCM
Ultra grand-angle © CCM
Grand-angle © CCM

Lorsque la lumière baisse, le Phone (2) rencontre quelques difficultés. Sot l'appareil accroit fortement la lumière ambiante au point de sérieusement déformer la réalité, soit il propose des clichés vraiment très sombres et peu détaillés. Nothing va devoir retravailler sa copie sur ce point, notamment sur le traitement appliqué, un poil agressif. À noter que les glyphes peuvent faire office de lumière d'appoint pour les photos de nuit, proposant une ambiance plus douce que le traditionnel flash.

Grand-angle soir © CCM
Grand-angle nuit © CCM

Le module ultra grand-angle ne fait pas plus de prouesse avec un bruit numérique parfois très prononcé.

Ultra grand-angle soir © CCM
Ultra grand-angle nuit © CCM

Pour les selfies, le Phone (2) s'en sort haut la main. Il réussit a faire ressortir les bonnes couleur et à ajuster la lumière de façon très convaincante même avec des contre-jour très prononcés.

Pour la vidéo, le Nothing Phone (2) se montre capable de filmer jusqu'en 4K à 60 images par seconde en préservant la stabilisation optique.

Nothing Phone (2) : une autonomie dans la moyenne

Contrairement à la grande majorité des smartphones sortis depuis le début de l'année, Nothing n'a pas doté le Phone (2) d'une batterie de 5000 mAh mais d'un accu de 4700 mAh. C'est un peu plus que sur le Phone (1) cela dit. Ainsi équipé, l'appareil a tenu un peu plus de 15 heures avec notre test PCMark. Une autonomie assez confortable qui se traduit dans la réalité par la possibilité de l'utiliser pendant un peu plus d'une journée et demie sans le recharger. Difficile d'évaluer l'impact de l'utilisation des glyphes. Néanmoins, il semble assez peu significatif.

Le Phone (2) est compatible avec la charge rapide 45 W. Las, aucun chargeur n'est fourni dans la boîte comme c'est de plus en plus le cas aujourd'hui. Avec un chargeur adapté, nous avons pu refaire le plein de l'appareil en un peu moins d'une heure. Une demi-heure de charge permet de récupérer un peu plus de 60 % de batterie. Cela reste plutôt confortable. On pourra aussi opter pour la charge sans fil, plus lente, plafonnée à 15 W.

Nothing Phone (2) : faut-il craquer pour le mobile atypique de Nothing ?

La jeune marque londonienne mise encore une fois avant tout sur le design de son appareil pour séduire un public jeune et un peu geek. Et ça fonctionne. La plupart des personnes à qui nous avons montré le Phone (2) se sont empressées de s'amuser à contempler l'animation des glyphes au dos. Anecdote amusante : plusieurs curieux ont pris le Phone (2) pour un iPhone protégé par une coque originale. Comme quoi, l'inspiration de Carl Pei, déjà revendiquée pour le Phone (1) persiste à se faire sentir. Outre les glyphes, Nothing montre aussi qu'elle est capable de monter en gamme. Le Phone (2) se dote de composants plus haut de gamme qui lui permettent de rivaliser sans rougir avec les smartphones de la même tranche de prix. Seul le volet photo est en retrait par rapport à la concurrence. Un peu dommage que Nothing ne lui ait pas accordé plus d'attention pour conduire à un smartphone bien équilibré, polyvalent et avec cette petite touche de fantaisie en plus qui fait toute la différence. Si vous possédez un Phone (1) et restez attaché à la marque, passer au Phone (2) vous donnera pleinement satisfaction. On a le droit à un bon mobile, performant et à l'autonomie très correcte. Ce qui peut refroidir en revanche, c'est son prix. À 729 euros en version 12-256 Go (679 euros en version 8-128 Go), il se heurte de plein fouet à des propositions plus solides de la part de Google avec son Pixel 7 à 649 euros (lire notre test) ou encore le tout nouveau Honor 90 à 599 euros (lire notre test). Évidemment, les designs sont beaucoup moins excentriques. Être une fashion victim représente toujours un coût dur pour le porte-monnaie.