Chaînes TNT : vers un grand chamboulement en 2025 ?

Chaînes TNT : vers un grand chamboulement en 2025 ?

L'Arcom vient de lancer une consultation publique pour réattribuer 15 fréquences de télévision numérique terrestre (TNT). L'occasion de redistribuer les cartes pour voir de nouvelles chaînes apparaître et d'anciennes disparaître.

Si elle semble aujourd'hui beaucoup moins attrayante que le streaming, notamment à cause de son caractère linéaire, la télévision numérique terrestre – plus connue sous l'acronyme TNT – reste un vecteur simple et économique pour diffuser massivement de la vidéo. Toujours très populaire en termes d'audience – et pas seulement auprès des seniors… –, elle ne nécessite ni connexion à Internet – et donc pas de forfait fixe ou mobile chez un opérateur ou un FAI –, ni abonnement à une plateforme comme Netflix, Disney+ ou Prime Video. Elle est même désormais gratuite pour les téléspectateurs, depuis la fin de la redevance audiovisuelle (voir notre article), qui n'ont besoin que d'un téléviseur et d'une antenne hertzienne compatible pour en profiter.

Depuis son introduction, en 2005, la TNT a évolué à plusieurs reprises, pour augmenter à la fois la qualité d'image et le nombre de chaînes TV diffusées. Aujourd'hui, en métropole, on peut ainsi accéder à 30 chaînes nationales — dont 5 payantes — et 42 chaînes locales –, dont celles du groupe public France Télévisions. Et depuis avril 2016, elle exploite la norme Mpeg-4 au lieu de la Mpeg-2 de ses débuts, offrant ainsi la Full HD (1080p dans le jargon) en standard. Et en attendant l'arrivée hypothétique de l'ultra haute définition (4K UHD) avec la norme DVB-T2/HEVC – une évolution retardée afin de libérer une bande de fréquences pour la téléphonie mobile… –, c'est un nouveau paysage qui se dessine dans l'offre des chaînes d'ici à 2025.

© Arcom

TNT : 15 fréquences à réattribuer

En effet, certaines autorisations de diffusion arrivant prochainement à échéance, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique - la fameuse Arcom, qui remplace à la fois le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi) depuis 2022 – vient de lancer une consultation publique préalable à l'appel à candidatures qui aura lieu en 2024. Et les changements pourraient être importants car ils concernent pas moins de 15 fréquences, et donc autant de chaînes. Seront ainsi remis en jeux les canaux occupés sur les différents multiplex par C8, W9, TMC, TFX, NRJ 12, LCI, Paris Première, Canal+, BFMTV, CNews, CStar, Gulli, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma et Planète+, dont les contrats se termineront en 2025. 

Bien entendu, les propriétaires de ces chaînes – dont le groupe de Vincent Bolloré qui possède notamment Canal+, C8 et CNews – pourront se porter candidats à leur succession, y compris en changeant leur offre. Mais ce grand jeu de chaises audiovisuelles sera surtout l'"occasion de voir de nouveaux acteurs entrer sur ce marché très convoité – car très lucratif. On songe par exemple à Xavier Niel, l'emblématique créateur d'Iliad (Free) qui avait déjà postulé – sans succès – au printemps dernier au remplacement de M6, dont l'autorisation était arrivée à échéance.

TNT 2025 : Canal+ hors des ondes ?

Certes, malgré les grands discours gorgés de belles intentions, il y a raisonnablement peu de chances de voir apparaître de nouvelles chaînes participant à une réelle montée en qualité et en diversité, Arte restant depuis le début la seule à se distinguer par sa programmation originale et créative face à une multitude d'émissions ouvertement racoleuses. Même le groupe France Télévisions a du réduire sa voilure en sacrifiant France 4 il y a quelques années, le canal libéré étant occupé en soirée par Culturebox. Mais l'espoir est officiellement permis de voir le PAF – le paysage audiovisuel français – se renouveler en partie. Il est d'ailleurs possible que des chaînes comme C8 et CNews soient éliminées, suite aux polémiques et aux poursuites qu'elles ont engendrées en raison de leur manque d'honnêteté et d'indépendance dans le traitement de l'information, comme le soulignait l'Arcom en infligeant une sanction d'un montant de 3,5 millions d'euros en février 2023. 

Par ailleurs, cette redistribution pourrait – et devrait même ! – être l'occasion de s'interroger sur l'intérêt d'octroyer des fréquences à des chaînes cryptées payantes comme Canal+ à une époque où le streaming via Internet paraît bien plus adapté aux services à péage. Souhaitons donc que cette consultation publique permette à l'Arcom de revoir profondément l'offre télévisuelle gratuite en France, pour le bien de tous, et pas seulement au profit de quelques groupes privés aux motivations uniquement financières…

Notons d'ailleurs que si elle s'adresse en priorité "aux opérateurs audiovisuels autorisés sur la TNT nationale ou qui souhaiteraient le devenir à l'issue d'un prochain appel aux candidatures",  la consultation est officiellement ouverte "à toute personne intéressée qui souhaiterait formuler des observations, en particulier sur les modalités d'attribution des ressources radioélectriques qui seront rendues disponibles en 2025". À bons entendeurs…

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