Fin de Netflix Essentiel : les anciens abonnés doivent changer de formule

Fin de Netflix Essentiel : les anciens abonnés doivent changer de formule

Netflix supprime sa formule classique Essentiel à 10,99 € par mois pour tout le monde. Si vous êtes encore abonné à cette offre, vous devrez bientôt changer de formule et accepter la pub ou payer plus cher !

Il fallait s'y attendre. Après avoir retiré de son catalogue sa formule classique Essentiel sans publicité à 10,99 € par mois pour les nouveaux clients, Netflix va également la supprimer pour les anciens abonnés qui en profitaient. Ces "fidèles" devront bientôt changer d'offre, en basculant sur la formule Essentiel avec pub ou une formule plus chère. 

Le streaming vidéo sans publicité semble de plus en plus être réservé aux portefeuilles les plus garnis ! Ce qui était à l'origine le principal argument des services de SVOD (vidéo à la demande sur abonnement) pour attirer les téléspectateurs lassés des pubs à répétition entre leurs programmes télés, est en train de un privilège plus qu'onéreux. La faute à une concurrence accrue entre les plateformes et à l'appel de la rentabilité. Mais Netflix a décidé d'aller un cran plus loin en supprimant l'abonnement Essentiel, qui  permettait de profiter de tout le catalogue de la firme et d'une qualité HD (720p) sur un seul écran pour 10,99 € par mois, en France. C'était l'offre la moins coûteuse si l'on désirait faire l'impasse sur la publicité.

C'est par le biais d'un bandeau que Netflix avait partagé la nouvelle le 12 décembre 2023. À la rubrique "Changer d'offre" de la page "Votre compte", on peut lire :"L'offre Essentiel n'est plus proposée. Si vous modifiez votre offre, vous ne pourrez pas revenir à Essentiel". À ce moment, cette disparition ne concernait que les nouveaux abonnés : les anciens qui avait souscrit cette offre pouvaient continuer à en profiter au même tarif. Cette fois, c'est terminé : Netflix va les forcer à basculer sur une autre formule. 

Cette décision est une façon d'augmenter, mine de rien, les prix pour ses futurs abonnés, puisqu'il faudra maintenant payer 13,49 € par mois pour profiter du SVOD sans publicité – contre 5,99 € avec –, et une bien mauvaise nouvelle en cette période d'inflation généralisée, d'autant plus que l'entreprise a déjà sensiblement augmenté ses prix depuis son arrivée sur le marché. Ce n'est néanmoins pas une grande surprise, car l'abonnement Essentiel avait déjà été supprimé en octobre dernier en Allemagne, en Espagne, au Japon, au Mexique, au Brésil et en Australie, alors qu'il n'était déjà plus proposé aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Italie depuis un moment (voir notre article). Et, depuis, la plateforme la cachait dans son catalogue : il fallait cliquer sur un lien très discret pour y accéder sur sa page d'abonnement. À mesure que la formule Standard avec pub se dotait de caractéristiques plus avantageuses, comme la possibilité de profiter de deux écrans en simultané et une qualité Full HD, l'avenir de la formule Essentiel semblait plus que compromis...

Tarifs Netflix : 67 % d'augmentation depuis les débuts

Cette décision intervient après une importante augmentation des prix en octobre dernier. En effet, l'offre Standard avec pub s'était maintenue au prix de 5,99 € par mois, tandis que l'abonnement Essentiel était passé de 8,99 € à 10,99 € par mois – soit une hausse de 22 %. De son côté, l'abonnement Standard était resté à 13,49 €. En revanche, la formule Premium avait subi une hausse de 11 %, passant de 17,99 € à 19,99 € – ce qui, à environ 240 € par an, représente un budget non négligeable pour une famille.

En France, Netflix a augmenté ses tarifs à deux reprises depuis janvier 2019 pour ses offres sans publicité. L'abonnement Standard est ainsi passé de 8,99 € par mois en 2014 à 11,99 € par mois en juin 2019, avant de monter 13,49 € en août 2021, soit une augmentation totale de 50 % ! Dans le même temps, la formule Premium, proposée à 11,99 € par mois en 2014, a ensuite grimpé de 13,99 € par mois, puis à 15,99 euros, puis à 17,99 €, avant d'atteindre les 19,99 €, soit 67 % de hausse au total. Quant à l'offre Essentiel, elle n'avait augmenté "que" de 38 % depuis son lancement, passant de 7,99 € à 8,99 € par mois, avant de finalement atteindre les 10,99 €. Dans l'intervalle, Netflix a mis en place une formule d'entrée de gamme sensiblement moins chère, à 5,99 € par mois, mais avec des coupures publicitaires baptisée tout simplement Standard avec pub (voir notre article).

La dernière augmentation des tarifs avant la suppression de la formule Essentiel. © CCM

Le très séreux Wall Street Journal avait prévenu de cette augmentation dans son édition du mardi 3 octobre 2023. Selon le quotidien américain, la plateforme de streaming s'apprêtait en effet à revoir une nouvelle fois ses prix à la hausse. Aux États-Unis et au Canada dans un premier temps, mais on se doutait que d'autres pays devraient suivre, comme cela avait été le cas pour les précédents changements tarifaires.

Augmentation Netflix : une hausse pour mieux rémunérer les scénaristes ?

Les motivations de Netflix sont multiples. D'abord, comme toutes les entreprises et tous les particuliers, la plateforme doit faire face à l'inflation généralisée, avec une hausse sensible des coûts de l'énergie indispensable à ses serveurs. Ensuite, après longtemps régné en maître sur la vidéo à la demande, Netflix doit désormais faire face à une concurrence redoutable, notamment de Disney+ – qui a également également ses tarifs (voir notre article) –, Amazon Prime Video – qui s'apprête à introduire de la publicité dans son offre de base –, Paramount+ et Max – qui va bientôt arriver en France.

Enfin, et surtout, la plateforme n'a pas été épargnée par la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood. Un mouvement social qui a bloqué toutes les productions audiovisuelles pendant des mois, ces professionnels de la création réclamant de meilleures rémunérations et des garde-fous face à l'arrivée dans l'introduction de l'intelligence artificielle générative qui pourrait changer complètement les règles du jeu, en entraînant de nombreuses suppressions d'emplois. Des accords avaient finalement été conclus en octobre dernier avec les scénaristes, ce qui aura une incidence économique pour les plateformes de streaming comme Netflix si elles souhaitent continuer à produire de nouveaux contenus originaux.

Reste que Netflix a signé un très bon troisième trimestre avec un chiffre d'affaires de 8,5 milliards de dollars (soit +8 % par rapport à l'an dernier ), des bénéfices de 1,7 milliard (+20 %) et 8,8 millions de nouveaux abonnés. Des résultats qui découlent de la décision du SVOD de facturer le partage de compte, qui s'est révélée très lucrative pour l'entreprise. "Le niveau de résiliation reste bas, au-delà de nos attentes, et la conversion de ceux qui utilisent le compte d'un tiers en abonnés payants démontre une bonne rétention", se réjouit-elle. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes... sauf pour le portefeuille des utilisateurs !