IA Instagram : un chatbot personnalisé comme ami virtuel
Vous vous sentez seul ? Ça tombe bien, Instagram est en train de développer un ami virtuel sous forme de chatbot à personnaliser de A à Z, afin d'avoir le digne confident que vous méritez. Mais c'est à vos risques et périls…
Meta avait prévenu qu'il allait, lui aussi, mettre de l'IA dans absolument tous ces services, que ce soit pour la publicité, pour générer des stickers dans WhatsApp ou pour introduire un assistant conversationnel dans notre messagerie instantanée préférée – ce sont pas moins de 28 chatbots basés sur les personnalités de célébrités qui sont prévus (voir notre article). Il était donc logique que les réseaux sociaux en profitent également, à commencer par Instagram. Alessandro Paluzzi, un développeur mobile et ingénieur réputé pour ses révélations (leaks pour les anglophones), avait révélé en juin dernier que Meta travaillait sur le développement d'un chatbot s'appuyant sur une IA générative, que l'on pourrait personnaliser en choisissant parmi 30 personnalités. Nous en savons aujourd'hui un peu plus puisque ce même leaker a publié de nouvelles captures d'écran du futur "ami virtuel", avec qui les utilisateurs pourront discuter pour "répondre à des questions, relever des défis, lancer des idées et bien plus encore". Mais cette sorte d'assistant virtuel pourrait ne pas être très bien accueilli par les utilisateurs, en témoigne les réactions par rapport à My AI de Snapchat. Reste que Meta est bien décidé à introduire en masse de l'IA dans ses services.
Chatbot Instagram : un ami virtuel sur mesure
On ne sait pas encore sur quel modèle de langage le chatbot s'appuie, mais on imagine qu'il s'agit de celui mis au point par Meta, baptisé LLaMA (Large Language Model Meta AI). D'après les captures d'écran, on pourra choisir le genre (masculin, féminin ou non binaire) et la catégorie d'âge (jeune, adulte ou âgé) de notre ami virtuel. Ensuite, on pourra choisir son origine ethnique et sa "personnalité" – deux traits de caractère maximum. Par exemple, l'IA pourra être réservée, enthousiaste, créative, spirituelle ou encore pragmatique. Pour personnaliser davantage notre comparse, on pourra également sélectionner ses centres d'intérêt, qui "influenceront sa personnalité et la nature de ses conversations", comme "bricolage", "animaux", "carrière", "éducation", "divertissement", "musique", "nature" et plus encore. Enfin, on pourra choisir son apparence ainsi que son nom. On accédera alors à une fenêtre de chat pour commencer à converser avec l'IA.
Bien entendu, les fonctions en développement peuvent être lancées ou non auprès du grand public, ou être modifiées au cours du processus. Mais proposer un "ami" virtuel à des millions d'utilisateurs, dont de nombreux mineurs, n'est pas sans risque...
Ami virtuel : quels dangers pour les utilisateurs ?
On peut légitimement avoir quelques réserves quant à cette nouveauté, au vu de l'accueil pour le moins mitigé qu'a reçu l'IA de Snapchat. En effet, de nombreux utilisateurs ont trouvé cette dernière particulièrement intrusive, les échanges laissant transparaitre le nombre important de données personnelles récoltées par la plateforme, y compris lorsque l'utilisateur n'a pas donné son autorisation. Par exemple, l'IA nie disposer des informations de géolocalisation, tout en indiquant où se situent les commerces les plus proches. Pire encore, le chatbot donne des conseils dangereux aux mineurs, en expliquant par exemple comment dissimuler les traces de coups infligés par un parent, comment masquer l'odeur de l'alcool ou du cannabis, ou donne des conseils à une jeune fille de 13 ans pour son réussir son premier rapport sexuel avec un adulte de 31 ans (voir notre article).
Et c'est sans parler des applications comme Replika AI qui permettent de se créer une sorte de confident virtuel. Le problème, c'est que l'IA générative parvient à tromper les utilisateurs en leur faisant croire qu'ils interagissent avec une personne humaine. Sur Replika AI, de nombreux hommes se sont profondément attachés à celle qui a finir par devenir leur petite amie numérique, et ils ont vécu un vrai deuil quand les développeurs ont décidé de bloquer toute interaction romantique ou sexuelle avec leur chabot. Sur une autre application, un homme s'est même suicidé à la demande de l'IA ! Comme quoi, la frontière entre humain et chatbot peut rapidement devenir floue pour l'utilisateur...
Reste que Meta ne compte pas s'arrêter là avec l'intelligence artificielle. Comme le rapportait Axios, Mark Zuckerberg avait organisé le 8 juin une réunion avec ses équipes dans les bureaux du groupe afin de détailler les plans de l'entreprise en matière d'IA. Dotée de son propre modèle de langage, celle-ci indiquait avoir conçu "une gamme de technologies à différents stades de développement". "Au cours de la dernière année, nous avons vu des percées vraiment incroyables – des percées qualitatives – sur l'IA générative et cela nous donne l'occasion d'aller maintenant prendre cette technologie, de la faire avancer et de l'intégrer dans chacun de nos produits", avait expliqué Mark Zuckerberg à Axios. Le PDG de Meta avait mentionné une IA générative qui aide les internautes à retoucher leurs photos sur Instagram. Depuis, la technologie a également été testée pour la publicité, véritable cœur de métier de la firme. Enfin, cette dernière mise également sur l'IA pour développer le métavers, qui peine pourtant à convaincre et lui coûte énormément d'argent.