Vente de La Poste Mobile : les abonnés bientôt chez Bouygues ?
"Vente de La Poste Mobile : les abonnés bientôt chez Bouygues ?"

Vente de La Poste Mobile : les abonnés bientôt chez Bouygues ?

Vente de La Poste Mobile : les abonnés bientôt chez Bouygues ?

Alors que La Poste cherche à revendre ses parts de son opérateur virtuel, La Poste Mobile, c'est finalement Bouygues Telecom qui devrait récupérer les 2,3 millions d'abonnés. À condition que SFR soit d'accord...

C'est un véritablement chamboulement qui se prépare pour La Poste Mobile et ses 2,3 millions de clients en France ! Le groupe a en effet décidé de vendre ses parts à un autre opérateur. Orange, Free et Bouygues Telecom ont rapidement manifesté leur intérêt, ce qui n'est guère étonnant étant donné que La Poste Mobile est aujourd'hui le dernier opérateur de réseau mobile virtuel – ou MVNO, Mobile Virtual Network Operator en anglais – indépendant et qu'il a réussi à devenir le cinquième opérateur de notre pays. En treize ans, il a rencontré un franc succès dans un marché très concurrentiel, notamment en profitant d'une excellente visibilité dans les près de 7 000 bureaux de poste répartis sur le territoire et en proposant des tarifs avantageux. Et, comme le rapporte Le Figaro, c'est finalement Bouygues Telecom qui devrait mettre la main cette pépite, au prix d'une transaction à 950 millions d'euros – cette somme correspond à la valeur des titres de La Poste Telecom, tandis que sa valeur d'entreprise, elle, est fixée à 963,4 millions d'euros. Il faut cependant que SFR valide le rachat.

La Poste Mobile : une revente qui peut rapporter gros

Comme le rapportait Les Echos, La Poste a commencé en janvier dernier à chercher à vendre ses parts, qui représentent 51 % du MVNO. Contactée, La Poste confirmait "avoir entamé une réflexion sur l'évolution du capital de La Poste Mobile ayant pour objectif de valoriser la réussite de la marque, leader du marché français des opérateurs virtuels, et d'accélérer son développement". Le nouveau dirigeant de la Banque Postale, Stéphane Dedeyan, souhaite assainir les comptes du groupe public. En décembre, on apprenait déjà qu'il souhaitait revendre sa filiale Ma French Bank dans le domaine des banques en ligne, car le service n'avait pas atteint la rentabilité, face à la concurrence féroce des néobanques et des banques en lignes. Toutefois, la situation est différente pour La Poste Mobile, car le MVNO est devenu rentable en 2022, réalisant un profit de 2,38 millions d'euros, et, d'après les estimations, son chiffre d'affaires devrait atteindre 336 millions d'euros en 2024. Autant dire que l'offre va en attirer plus d'un !

© La Poste

Ainsi, c'est Bouygues Telecom, qui a racheté pas mal de MVNO ces dernières années, qui va pouvoir récupérer les 2,3 millions de clients de La Poste Mobile. Un ajout significatif aux 23 millions d'usagers de l'opérateur. "Grâce à cet accord, Bouygues Telecom pourra accroître sa base de clients et se renforcer dans le Mobile et dans le Fixe en s'appuyant sur le réseau de distribution de la Poste sur tout le territoire", explique d'ailleurs Benoît Torloting, directeur général de Bouygues Telecom. L'opérateur bénéficierait également d'un partenariat de distribution exclusif associant le groupe La Poste, La Banque postale et La Poste Telecom.

Toutefois, ce rachat ne peut se faire sans l'aval de SFR, qui détient 49 % des parts de l'entreprise et lui loue son réseau jusqu'en 2026. De par ce contrat, la firme de Patrick Drahi a un droit de veto sur les propositions d'achat, mais est également prioritaire si jamais il désirait se positionner. Ce serait une bonne opportunité pour l'opérateur, qui a en ce moment quelques difficultés à retenir ses abonnés. Une telle opération lui permettrait de récupérer les clients de La Poste Mobile en devenant l'actionnaire majoritaire d'une société qui se porte bien – elle affiche une croissance moyenne de 8 % chaque année –, tout en renforçant son image. Toutefois, sachant que la maison mère de SFR, Altice France, est aujourd'hui endetté à plus de 20 milliards d'euros, il lui semble difficile de sortir les fonds nécessaires au rachat.

L'opération devrait se conclure d'ici cet été. Elle devra être validée par le ministre des Télécoms "car cela équivaudrait à une privatisation", explique une source proche du dossier. Toutefois, elle ne devrait pas avoir un grand impact pour les abonnés. L'opérateur confirme qu'il "gardera son identité et continuera d'être distribué dans les quelque 7 000 bureaux de poste". Il s'agit surtout d'une opération comptable. Le seul véritable changement se trouve dans le changement de réseau à partir de 2026, où les usagers migreront du réseau SFR à celui de Bouygues Telecom. Mais si l'opération devrait être invisible pour la clientèle, elle pourrait tout de même avoir un impact sur le marché, notamment au niveau des prix des abonnements.