Snapdragon Satellite : les appels d'urgence sur Android tombent à l'eau

Snapdragon Satellite : les appels d'urgence sur Android tombent à l'eau

C'est déjà la fin pour Snapdragon Satellite, le projet de communication d'urgence par satellite de Qualcomm ! Ignorée par les constructeurs de smartphone, la solution est enterrée avant d'avoir pu voir le jour, laissant Apple seul dans ce secteur !

Les appels par satellite sur un smartphone Android, ce n'est pas pour tout de suite ! Alors que Google a raté le coche pour une sortie dans Android 14, c'est au tour de l'outil de communication de Qualcomm, Snapdragon Satellite, de connaître des déboires. À peine dix mois après son annonce, le projet est déjà mort et enterré… Dans un communiqué de presse, Iridium, le partenaire de Qualcomm dans le déploiement de la connectivité satellitaire sur Android, annonce la dissolution du partenariat avec le fabricant de puces à partir du 3 décembre prochain. De ce fait, aucun mobile Android n'embarquera sa solution dans un futur proche. La raison ? Un manque flagrant d'intérêt de la part des constructeurs. "Malgré la démonstration de l'efficacité de la technologie, les fabricants de smartphones n'ont pas intégré la solution dans leurs appareils", explique Iridium. Dans un communiqué relayé par la CNBC, Qualcomm évoque de son côté la volonté de Samsung et compagnie de s'appuyer sur un standard universel plutôt que sur une technologie appartenant à une entreprise, même si des marques comme Honor, Motorola, Nothing, Oppo, Vivo et Xiaomi avaient annoncé leur intention d'exploiter Snapdragon Satellite lors du MWC de Barcelone, en février 2023.

Tout n'est pas mort pour autant. Le fabricant de puces prévoit de continuer à travailler avec Iridium sur un standard universel, "tout en interrompant les efforts sur la solution propriétaire". Quant à Iridium, la fin de son accord avec Qualcomm lui permet d'établir de nouvelles relations avec les fabricants d'appareils. "Bien que je sois déçu que ce partenariat n'ait pas porté ses fruits immédiatement, nous pensons que l'orientation de l'industrie est claire vers une connectivité satellitaire accrue dans les appareils grand public", a déclaré Matt Desch, PDG d'Iridium. De plus, Google s'est engagé à prendre en charge nativement les appels par satellite avec les futures versions d'Android. De son côté, Huawei propose déjà un service d'appels et de SMS d'urgence par satellite en Chine depuis fin 2022. Samsung semble lui aussi travailler sur le sujet. Patience donc !

Snapdragon Satellite : une technologie attendue comme le messie

La communication par satellite est sans conteste l'innovation qui est en train de devenir incontournable sur les smartphones haut de gamme. Elle permet d'envoyer des SMS quels que soient l'endroit et les circonstances, y compris dans les zones blanches qui ne sont pas couvertes par le réseau sans fil – comme un immense parc national ou une très grande étendue d'eau – et ne reçoivent donc aucun signal, ou encore dans des zones où la météo et la géographie imposent des défis techniques et des coûts élevés pour implanter des antennes-relais. Elle peut également se révéler salvatrice dans les situations d'urgence, en cas de catastrophe naturelle par exemple, quand les réseaux de communication terrestres sont hors service (voir notre article complet sur le sujet).

Après Apple, qui avait ouvert le bal fin 2022 en intégrant ce système de communication d'urgence à ses derniers iPhone 14 – ce qui a d'ailleurs déjà sauvé la vie de plusieurs personnes –, on attendait tous avec impatience que les smartphones Android puissent en bénéficier. À l'occasion du CES 2023 de Las Vegas, Qualcomm, le spécialiste des processeurs et de la connexion mobile, avait dévoilé son service au nom sans équivoque, Snapdragon Satellite, qui devait inaugurer la disponibilité de ce type de fonction sur un vaste éventail de smartphones Android. Le spécialiste des puces mobiles comptait s'appuyer sur le réseau satellite d'Iridium et Garmin Response, le centre de coordination des interventions d'urgences professionnelles du spécialiste des montres connectées, ainsi que sur le Snapdragon 8 Gen 2, son SoC mobile très haut de gamme.

Snapdragon Satellite : envoyer et recevoir des messages partout, tout le temps

L'un des gros avantages de Snapdragon Satellite, si on devait le comparer au système d'Apple, aurait été que l'utilisateur aurait pu en profiter n'importe où et n'importe quand, à condition d'avoir un bout de ciel au-dessus de lui. En effet, la firme à la pomme collabore avec Globalstar et ses 24 satellites, qui dépendent de stations relais au sol pour pouvoir communiquer les données. Ce qui peut se révéler problématique si l'utilisateur a besoin d'aide alors que son bateau est en train de couler au milieu de l'océan Pacifique ou s'il se situe dans une zone où il n'y a pas de relais au sol pour les satellites utilisés par Apple. De plus, la fonction de SOS d'urgence des iPhone 14 est limitée à seulement quelques pays – dont la France.

© Qualcomm

Iridium, de son côté, possède pas moins de 66 satellites – plus 9 de secours – situés à une plus basse altitude et qui forment une constellation incluant des communications inter-satellites – c'est-à-dire qu'ils communiquent entre eux. Par conséquent, ils sont capables de transmettre des données partout dans le monde, sans les limitations géographiques qui découlent de la dépendance aux relais. Matthew Desch, le PDG d'Iridium, assurait en janvier dernier que son réseau permet au service de communication par satellite de fonctionner à son plein potentiel. "Nos satellites LEO [NDRL : en orbite terrestre basse] avancés couvrent toutes les parties du globe et prennent en charge les connexions à faible puissance et à faible latence qui sont idéales pour les services de communication par satellite", promettait-il. La seule condition : avoir un smartphone équipé d'une puce Snapdragon 8 Gen 2 – le SoC haut de gamme de Qualcomm – et du modem Snapdragon X70.

En théorie, Snapdragon Satellite se voulait simple d'utilisation. Ainsi, le smartphone aurait indiqué à l'utilisateur la direction vers laquelle il aurait dû être orienté afin de bien capter un signal – vers le satellite le plus proche donc. Il aurait alors pu envoyer un SMS — avec un nombre de caractère illimité et des emoji, mais pas de photo ou vidéo, ni d'appel audio — non seulement aux services d'urgence locaux – via une application dédiée – mais aussi à un de ses contacts – via une application standard, comme WhatsApp par exemple –, là où Apple se limite aux urgences.

Snapdragon Satellite : un service de communication supérieur à celui d'Apple ?

Sur le papier, Snapdragon Satellite semblait techniquement supérieur au système de communication d'urgence d'Apple. Mais contraire à celui de la Pomme, qui est déjà pensé et opérationnel de A à Z, ce que proposait Qualcomm n'était pas un service à part entière qui serait directement fourni à l'utilisateur, mais une technologie mise à disposition de ses différents partenaires pour les appareils qui intègrent sa puce. Ainsi, ce sont les constructeurs, les opérateurs et les services de messageries (WhatsApp, Messenger, applications de running, etc.) qui auraient dû décider de la mise en œuvre, de l'usage, de ses limitations, de l'interface et surtout du coût — élevé — d'un tel service. Par conséquent, le service aurait varié d'un fabricant à un autre.

© Qualcomm

Apple, au contraire, a déjà complètement intégré ce service à ses iPhone 14 et iPhone 15. L'utilisateur répond à différentes questions — Est-ce qu'il s'agit d'un accident de voiture, d'un malaise ou d'une blessure, d'un incendie ou d'une infraction ? Êtes-vous perdu ou enfermé ? Êtes-vous le seul concerné, s'agit-il de quelqu'un d'autre ou de plusieurs personnes ? Avez-vous des douleurs ou des blessures ? — afin d'envoyer un message pré-enregistré dans le terminal qui intègre automatiquement la position GPS. Il peut aussi joindre sa fiche médicale qui aura été préalablement enregistrée dans son appareil. Tout a été pensé et réalisé, de l'intégration logicielle à la facilité de souscrire à un plan de protection – l'offre est gratuite pendant au moins deux ans. Aussi, pour concurrencer Apple, les partenaires de Qualcomm qui auraient choisi de proposer Snapdragon Satellite auraient dû créer une offre logicielle ainsi qu'une offre technique et commerciale adaptée à chaque pays où ils officient. Autant dire que c'était loin d'être gagné...