Pourquoi l'Arcom veut abaisser la qualité des vidéos Netflix

Pourquoi l'Arcom veut abaisser la qualité des vidéos Netflix

Pour réduire l'impact environnemental du numérique, l'Arcom a émis des recommandations à destination des plateformes et services audiovisuels. L'une d'elles consiste à réduire la qualité des vidéos en streaming.

Aujourd'hui, dans notre pays, la vidéo occupe la majeure partie de la bande passante sur Internet. Si on se réfère aux chiffres de la troisième édition du référentiel des usages numériques en France, publiée en avril dernier, les cinq plus grands fournisseurs de contenus représentent à eux seuls plus de la moitié du trafic sur les réseaux français ! Netflix reste le service générant le plus de trafic, en occupant 20 % de la bande passante, loin devant Google, deuxième avec 11 %, Akamai, Facebook et Amazon, qui représentent chacun entre 8 et 5 % des flux. Et le problème ne se pose pas uniquement dans l'Hexagone puisque c'est sensiblement la même chose pour le trafic Internet mondial (voir notre article). Le point commun entre ces géants d'Internet est qu'ils font tous de la vidéo en streaming : Google avec YouTube, Amazon avec Prime Video, Facebook avec les vidéos hébergées sur le réseau social, etc.

Le problème lorsque l'on visionne une vidéo sur le Web, c'est que l'on consomme de l'énergie, et que l'on produit donc des émissions de gaz à effet de serre. Aussi, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a publié ce mercredi 13 septembre dans le Journal officiel une liste de recommandations pour adopter des gestes plus écologiques lors de l'utilisation de services de télévision, de médias audiovisuels à la demande et de plateformes de partage de vidéos, afin que les internautes soient globalement mieux "informés de l'impact environnemental de leur consommation de (vidéos)". Et pour ça, il n'y a pas de secret, il va falloir réduire la qualité des vidéos, afin de réduire l'échange de données, et donc l'impact environnemental.

© Arcep

Streaming vidéo : l'Arcom rêve de sobriété énergétique

Ces services sont de plus en plus gourmands, et ce n'est pas près de s'arrêter. La vidéo consomme énormément de données – et donc de débit –, en particulier avec la démocratisation de la haute définition (FUD) et de l'ultra haute définition (4K ou UHD), d'autant plus que les formats d'image comme la 8K commencent à apparaître. Bien sûr, des techniques ont été mises en place pour limiter la consommation, comme le codec AV1, mais cela ne suffit pas à ralentir l'augmentation du trafic Internet. Et si le numérique ne représente aujourd'hui que 2,5 % de l'empreinte carbone des Français – soit 17,2 millions de tonnes équivalent CO2 –, ce chiffre pourrait tripler d'ici 2050. Pour éviter ce scénario, l'Arcom liste donc plusieurs recommandations à destination des chaînes télé, des plateformes de streaming (Netflix, Disney+, Amazon Prime Video, Paramount+...) ou de vidéos (YouTube, TikTok...). Attention, il s'agit de préconisations, et non d'obligations !

Ainsi, l'Autorité recommande à ces acteurs la mise en place de solutions plus respectueuses de l'environnement et moins consommatrices d'énergie. Cela commencerait par la mise à disposition d'une fonction "sobriété énergétique", qui serait accessible facilement, "en un ou deux clics", et donc l'existence serait "clairement visible et signalée" par les services. Elle pourrait par exemple venir diminuer la qualité de l'image ou désactiver la lecture automatique de vidéos, en prenant en compte "la taille de l'écran du terminal" et "le type de réseau utilisé", explique l'Arcom, sans donner sans plus de détails techniques. Une solution qui risque de ne pas plaire aux principaux intéressés, certains utilisant la qualité de l'image comme argument marketing pour justifier un abonnement plus onéreux (comme Netflix), ou ayant recours à l'enchaînement de contenus pour "garder" l'utilisateur sur la plateforme (comme YouTube et TikTok).

© Arcom

Parmi les autres recommandations, l'Arcom demande à ces acteurs de mettre en place une campagne de communication annuelle et de rappeler à leurs utilisateurs et spectateurs les bonnes pratiques pour réduire leur impact numérique, comme éteindre les différents terminaux et équipements numériques lorsqu'ils ne sont pas utilisés ou recourir au réseau fixe plutôt que mobile. Enfin, le régulateur souhaite que les différents services audiovisuels lui présentent un bilan de tout ce qu'ils ont mis en place pour se conformer à ces recommandations, et qu'ils travaillent ensemble afin de mettre en place une méthodologie commune de calcul de l'impact environnemental de leur usage. Reste à voir si les plateformes et les chaînes de télé vont jouer le jeu.