Protocole MLS : Google Messages prépare les messages universels

Protocole MLS : Google Messages prépare les messages universels

Google entend révolutionner les messageries en intégrant le MLS dans son appli Messages, un protocole sécurisé avec un chiffrement de bout en bout et capable de communiquer avec les grandes plateformes qui l'adopteront. Même Apple ?

Voilà déjà plusieurs années que Google cherche à instaurer un système de messagerie universel et sécurisé sur mobile. Le géant américain a ainsi d'abord défendu le RCS (pour Rich Communication Service), ce protocole de communication destiné à remplacer l'antique système du SMS en offrant des fonctions évoluées héritées des messageries modernes comme WhatsApp (indicateurs de lecture et d'écriture, discussions en temps réel, etc.) avec un chiffrement "de bout en bout" qui garantit que seuls l'expéditeur et le destinataire peuvent lire un message. Las, malgré tous ses efforts – et les qualités indéniables de ce protocole –, Google n'est jamais parvenu à faire adopter le RCS à d'autres acteurs. Et notamment à Apple (voir notre article) qui persiste à n'utiliser que sa technologie de communication propriétaire dans iMessage en jouant au passage sur le côté élitiste attaché aux fameuses bulles vertes, signe que les messages sont envoyés depuis un iPhone… 

Mais ce temps pourrait être bientôt révolu avec l'intégration d'une nouvelle norme. Google vient en effet d'annoncer sur son blog que son appli Messages utiliserait désormais le Messaging Layer Security (MLS), développé par l'Organisation Internet Engineering Task Force (IETF). Un protocole nettement plus ambitieux puisqu'il promet à la fois un sécurité complète des correspondances, avec un chiffrement de bout en bout, mais aussi et surtout une interopabilité totale entre les grandes plateformes de messagerie. En clair, la compatibilité des messages entres les différentes messageries : une véritable révolution !

MLS : un protocole de communication universel pour les messageries

L'IETF travaille depuis 2018 sur cette technologie afin de sécuriser les messages par un système chiffré, qui prendrait en compte les discussions de groupe et qui permettrait de s'affranchir de l'usage fermé des messageries pour adopter un système multiplateforme interopérable. Ce standard est proposé depuis septembre 2022, et Google vient d'intégrer le MLS à Google Messages. L'entreprise a l'intention "de soutenir son déploiement à grande échelle dans l'industrie, en mettant à disposition notre implémentation dans la base de code Android".

L'IETF a récemment approuvé la publication de la spécification MLS RFC 9420. Grâce à cette nouvelle spécification, Google affirme que le MLS permettra "une interopérabilité pratique entre les services et les plateformes, s'étendant à des groupes de milliers d'utilisateurs multi-appareils". Pour faire simple, il permettrait une communication chiffrée – personne, à l'exception des participants de la conversation, ne peut lire les messages – interopérable de bout en bout entre les grandes plateformes de messagerie. Par exemple, les messages envoyés sur WhatsApp pourraient être reçus sur Google Messages, et vice-versa. Parmi les autres grandes entreprises qui ont également apporté leur soutien au protocole, citons Amazon Web Services (AWS), Wickr, Cisco, Cloudflare, The Matrix.org Foundation, Mozilla, Phoenix R&D et Wire. Sans grande surprise, Apple est absent de la liste.

Finalement, le protocole MLS pourrait mettre fin à l'épineuse question du chiffrage de bout en bout des messageries instantanées en supprimant tous les protocoles propriétaires mis en place ces dernières années par les services de Meta, de Google, d'Apple ou encore de Signal. Il n'y aurait plus qu'un seul format de message, le MLS, qui pourrait être lu sur n'importe quelle plateforme. Une nouvelle qui tombe à pic étant donné que l'interopérabilité entre les services numériques, et par conséquent le chiffrement de bout en bout, est au cœur des préoccupations de l'Union européenne avec le Digital Markets Act (DMA). Reste à voir l'impact que l'adoption de ce protocole aura sur les grands acteurs du secteur, notamment Meta (WhatsApp et Messenger), Telegram et, surtout, Apple…