Test Lenovo Smart Paper : plus bloc-notes que liseuse
Telle une tablette hybride, la Smart Paper de Lenovo se veut à la fois liseuse et bloc-notes. Et si elle présente un véritable intérêt pour la prises de notes manuscrites, elle s'avère moins à l'aise avec les livres électroniques.
On ne démontre plus les avantages des liseuses électroniques. Elles permettent d'embarquer avec soi une montagne de livres dans un format ultra compact, fournissent un confort de lecture exemplaire qui s'adapte à la vue de chaque utilisateur et se montrent vraiment très économes en énergie grâce à la technologie d'encre électronique (e-Ink) qu'elles utilisent. Un appareil pratique à trimballer partout avec soi. La tendance actuelle vise à mettre cette technologie au profit de nouveaux usages comme la prise de notes. Une expérience déjà menée par Amazon avec sa Kindle Scrib, mais aussi par Kobo avec son modèle Elipsa 2 ou encore avec la reMarkable 2. Le Chinois Lenovo se plie à son tour à l'exercice avec la Smart Paper, une "tablette" à encre électronique fournie avec un stylet et disposant de pas mal de cordes à son arc pour séduire les étudiants (un peu fortunés quand même) ou tous ceux qui sont amenés à prendre régulièrement des notes manuscrites. L'engin se double d'une fonction liseuse pour lire ses livres préférés avec un bel écran... mais ce n'est malheureusement pas son activité préférée. Nous avons pu tester la Smart Paper pendant plusieurs semaines. Voici notre verdict.
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Lenovo Smart Paper : un design luxueux et une bonne ergonomie
Au déballage, la Lenovo Smart Paper en jette. Son boîtier tout aluminium inspire confiance. Les finitions se montrent très soignées. La face avant laisse place au grand écran e-Ink de 10,3 pouces proposant une définition de 1872 x 1404 pixels pour une résolution de 212 ppp dont on perçoit immédiatement les avantages que l'on peut en tirer : confort pour la prise de notes et la lecture. L'écran est cerclé par des bordures assez larges mais, loin d'être disgracieuses, elles permettent, comme sur les tablettes d'ailleurs, de positionner ses doigts sans faire de fausses manipulations sur la dalle tactile.
La dalle e-Ink propose plusieurs niveaux de luminosité et de température de couleur pour s'adapter à toutes les conditions de lumière. Elle peut ainsi être utilisée sans le moindre problème en plein soleil ou dans un environnement très sombre sans éblouir ou fatiguer les yeux comme nous avons pu le constater dans une salle de conférence plongée dans le noir.
Sur le bord gauche, la tablette dispose d'une longue encoche. Dotée d'un dispositif magnétique, elle accueille le styler fourni. Il y reste d'ailleurs très bien arrimé ce qui évitera de le perdre pendant le transport. La tranche gauche se dote d'un port USB-C pour la recharge (le chargeur est même fourni) et d'un premier micro. Un second est positionné sur la tranche inférieure. Ils servent à capter la voix pour les notes vocales. La Smart Paper est livrée avec un étui portfolio qui permet de protéger le dos comme l'écran de l'appareil et de recouvrir le stylet. L'ensemble respire la sobriété et la discrétion. Ainsi affublée, la tablette ressemble à un carnet. Ça tombe bien, c'est son objectif.
Lenovo Smart Paper : une prise de notes facile
Bloc-notes électronique par essence, la Smart Paper se comporte dans cette situation exactement comme on pouvait s'y attendre. Le stylet glisse sur l'écran facilement, sans provoquer cette sensation de frottement prononcé que l'on retrouve parfois sur certains appareils. Ce n'est pas aussi lisse et souple qu'avec un iPad équipé d'un Apple Pencil mais ce n'est pas désagréable non plus. On se rapproche plus de l'écriture sur papier ce qui est moins déroutant. Les temps de latence sont également bien maîtrisés pour ne pas provoquer de décalage entre les mouvements effectués et ce qui s'inscrit à l'écran. Là encore c'est une réussite. Le stylet est assez léger pour ne pas fatiguer la main et son ergonomie confortable. Seul regret : il ne dispose d'aucun bouton. On aurait fortement apprécié de pouvoir presser un petit bouton pour activer une gomme. Las, il faudra s'en remettre à une icône dans l'interface de l'outil de prise de notes.
Grâce à ses deux micros, la Smart Paper permet par ailleurs d'ajouter des notes vocales aux notes écrites. Une bonne intention mais Lenovo n'est pas allé au bout de l'idée. La tablette ne dispose d'aucun haut-parleur pour écouter les notes audios. Il faudra obligatoirement la relier à un dispositif Bluetooth pour en profiter. Dommage.
Lenovo Smart Paper : un logiciel qui mérite des ajustements
Ça ne se voit pas au premier coup d'œil mais cette Smart Paper tourne avec une version adaptée d'Android 11. On retrouve ainsi quelques gestes utilisés habituellement avec un smartphone ou une tablette Android comme le glissement du doigt du haut vers le bas de l'écran pour afficher le tiroir des actions rapides ou encore le balayage en sens inverse pour revenir au menu général. Bien vu. Les opérations s'effectuent avec une bonne fluidité. On apprécie également la présence d'un module de reconnaissance des caractères. Il permet en quelques secondes de transformer l'écriture manuscrite en caractères d'imprimerie avec une bonne efficacité. Un outils pratique pour ceux qui peinent à se relire, à condition toutefois d'écrire proprement pour que les caractères soient bien reconnus.
En revanche, Lenovo aurait pu pousser un peu plus loin la réalisation de ses applications. L'appli de prise de notes par exemple n'ajoute pas automatiquement une page supplémentaire lorsque l'on arrive au bas d'une page remplie. Inutile de faire glisser votre doigt comme il est possible de le faire avec un Samsung Galaxy Note ou un S23 Ultra, il faut cliquer sur le bouton + niché dans la barre d'outils latérale.
Surtout, bien que fonctionnant avec une version redessinée d'Android, la Smart Paper ne propose aucun accès au Play Store ou à une boutique d'applications maison. Pour ajouter une application, il faudra donc télécharger son fichier APK. Pas très pratique. Heureusement, la Smart Paper peut, par défaut, se connecter à un compte Google Drive pour récupérer des fichiers. Elle dispose aussi d'un client email et d'une version allégée de Firefox pour naviguer occasionnellement sur le Web.
Lenovo Smart Paper : une liseuse électronique trop timide
Évidemment, avec ce grand écran, la tentation est forte d'entamer la lecture d'un livre électronique. Mais malgré toutes les aptitudes de la tablette, il faut ruser. Nous y avons téléchargé un fichier epub standard depuis Google Drive. L'appli ebook Reader installée par défaut s'est bien lancée… mais a refusé d'ouvrir le fichier. L'appli renvoie vers le site ebooks.com où aucun livre en français n'est disponible. Décevant. Nous avons donc dû installer une application de lecture de livres epub en récupérant son fichier APK pour pouvoir accéder au contenu. Après quelques contorsions avec l'interface pour afficher les différents menus, la lecture est enfin possible. Mais on aurait bien évidemment apprécié la présence par défaut d'une appli de lecture optimisée pour ce grand écran.
Lenovo Smart Paper : faut-il craquer pour le bloc-notes électronique de Lenovo ?
La Smart Paper dispose de nombreux atouts pour séduire. Un bel et large écran e-Ink confortable, un stylet ergonomique et précis, une solution de prise de note facile et une autonomie digne d'une liseuse traditionnelle (c'est à dire plusieurs semaines) grâce à sa batterie de 3625 mAh. Mais elle souffre aussi de quelques défauts. Une vraie application de lecture de livres électroniques n'aurait pas été un luxe ou, le cas échéant, un accès, même limité, au Play Store d'Android pour y télécharger une appli adéquate. Ce qui pêche surtout, c'est son prix. La smart Paper s'affiche à 499 euros tout de même. C'est 80 euros de plus que la Kindle Scribe d'Amazon, 100 euros de plus que la Kobo Elipsa 2 ou 150 euros de plus que la reMarkable 2. Un tarif qui en fait le bloc-notes électronique le plus cher du marché. Lenovo doit revoir son prix à la baisse s'il veut séduire les étudiants en cette rentrée ou l'inflation galope.