Test Asus ROG Ally : la meilleure console portable sous Windows ?

Test Asus ROG Ally : la meilleure console portable sous Windows ?

Avec son puissant processeur et son bel écran, l'Asus ROG Ally veut être la championne des consoles de jeu portables sous Windows face au Steam Deck. Performances, affichage, autonomie… tient-elle vraiment toutes ses promesses ?

Le monde du PC a toujours été l'antichambre des dernières innovations technologiques et des performances de haute volée dans le domaine du jeu vidéo. Bien avant d'arriver dans nos consoles de salon, les cartes graphiques de dernière génération et les systèmes de stockage ultra-rapides équipaient déjà nos ordinateurs personnels, tout du moins pour les plus haut de gamme. Toute cette puissance de calcul se payait cependant au prix fort, en termes financiers bien sûr, mais également d'encombrement. Si les PlayStation 5 et Xbox Series X ont fait froncer quelques sourcils face à leur gabarit, elles font pourtant figure de poids plume en regard de n'importe quel PC gamer un peu musclé. Le jeu sur PC semblait donc réserver à un usage de bureau, assis sur une chaise à côté d'un boîtier XXL, la faute à des composants internes massifs nécessitant d'imposants systèmes d'alimentation et de refroidissement.

C'était sans compter l'irruption de Valve, le développeur du magasin de jeux en ligne Steam, début 2022 sur un marché alors émergent, celui du PC au format de console de jeu portable. Si l'entreprise n'était pas la première à concevoir un produit de ce type, force est de constater que c'est bien son Steam Deck qui, le premier, à su convaincre un large public avec sa proposition et rencontrer un franc succès tant critique que commerciale.

© Asus

C'est dans ce sillon que, un peu plus d'un an après, le constructeur taïwanais Asus annonce l'arrivée sur le marché de sa propre itération de la formule, la ROG Ally, avec la promesse de faire mieux que son concurrent direct sur tous les aspects : puissance de calcul largement revue à la hausse, écran haute définition et plus lumineux, ventilation presque silencieuse et, surtout, possibilité de jouer facilement à l'intégralité de sa collection de jeux PC, peu importe le store sur lequel ils ont été achetés (Steam, Epic Game Store, GOG, etc.).

Disponible en France depuis la mi-juin 2023, la ROG Ally s'affiche à son lancement au prix de 799 €, dans une seule configuration matérielle. Un coût élevé, pour des ambitions qui le sont tout autant. Nous avons eu l'opportunité de passer deux mois en compagnie de la petite et redoutable machine d'Asus, afin de nous forger une opinion sur la proposition ludique de ce produit qui, disons-le d'emblée, est une franche réussite. La console accumule les succès sur le plan technique, malgré quelques erreurs de jeunesse, pour un résultat jouissif et un confort de jeu étonnant, en dépit de quelques frustrations liées à l'ergonomie logicielle et à l'autonomie. Si la ROG Ally n'est pas un produit aussi grand public qu'une véritable console de jeu portable, elle tient en revanche toute sa promesse d'étendre l'intégralité de sa ludothèque PC au-delà des frontières de son bureau, comme nous avons pu le vérifier en deux mois de test en équipe à CCM, avec Maurine Briantais et Fabrice Brochain.

Asus ROG Ally : l'avis de CCM
  • Très bonnes performances en jeu
  • Qualité et réactivité de l'écran
  • Très bon rendu sonore
  • Prise en main intuitive et agréable
  • Compatibilité native avec tous les stores
  • Bonne gestion de la température en mode Silencieux
  • Polyvalence de Windows 11
  • Autonomie famélique même en mode Silencieux
  • Surcouche Armoury Crate capricieuse
  • Chauffe et ventilation en mode Turbo
  • Pénibilité de Windows 11 sur un écran de cette taille

Asus ROG Ally : un véritable concentré de PC

Comme e témoigne sa fiche technique, la ROG Ally est un véritable concentré de PC. Mieux encore, elle est fondée sur une configuration matérielle musclée, équivalente à celle d'un ordinateur portable gamer de milieu de gamme. Ainsi, son principal moteur n'est autre qu'un processeur Ryzen Z1 Extreme, un processeur appartenant à la série 7040U d'AMD et comparable à un modèle 7840U en termes de performances, avec une amplitude d'enveloppe thermique (TDP) modifiée pour l'occasion et pouvant descendre jusqu'à 9 W (voir notre article). Cette puce de nouvelle génération  est composé d'un CPU à 8 cœurs / 16 threads en architecture Zen 4, affichant une fréquence de base de 3,36 GHz et une fréquence de pointe de 5,1 GHz. En fonction des benchmarks considérés, il se positionne au même niveau qu'un Intel i7 13620HS ou qu'un Ryzen 7 6800HS, et dépasse même très légèrement les M2 Pro et M2 Max d'Apple sur Cinebench R23 en multi-coeur, ce qui est particulièrement remarquable pour un processeur mobile.

Mais son principal atout, et celui sur lequel mise Asus pour proposer un haut niveau de performances en jeu, est son processeur graphique intégré (ou iGPU pour integrated Graphic Process Unit), le Radeon 780M. Ce circuit électronique directement intégré sur la puce s'appelle un APU, pour Accelerated Process Unit, et vise à épauler le processeur central (le CPU) dans des opérations spécifiques, tels que les calculs graphiques dans le cas présent, en se dispensant de l'appui d'une carte graphique séparée. La précédente itération de cet iGPU, apparu en 2022 sur les processeurs Ryzen de série 6000, avait surpris son monde par ses remarquables performances en 3D et sa capacité à faire tourner très convenablement des jeux récents et gourmands en puissance de calcul. C'est d'ailleurs sur le Radeon 680M que Valve s'était appuyé pour concevoir son Steam Deck, avec le succès qu'on lui connaît. Un an plus tard, c'est donc sur son successeur, le logiquement nommé Radeon 780M, qu'Asus a jeté son dévolu pour sa ROG Ally. L'iGPU est conçu selon l'architecture RDNA3 d'AMD, comporte 12 unités de calcul graphique, peut atteindre une fréquence de 2,7 GHz, et gère la technologie de mise à l'échelle Radeon Super Resolution (RSR) d'AMD.

Côté mémoire, la console embarque 16 Go de LPDDR5 à 6400 MT/s (mégatransferts par seconde), de la RAM à basse consommation qu'on trouve habituellement dans les smartphones et les PC portables haut de gamme, qui délivre des performances similaires à la DDR classique mais à une tension électrique plus faible, offrant ainsi un gain d'autonomie pour les appareils mobiles. Cette mémoire est partagée entre le CPU et l'iGPU, avec 4 Go affectés par défaut au processeur graphique, mais cette valeur peut être modifiée dans les paramètres de la machine. Au niveau du stockage, la ROG Ally dispose d'un SSD d'une capacité de 512 Go, et ce volume peut être étendu via l'ajout d'une carte microSD. La connectique est réduite à son strict minimum, avec un port USB Type-C pour la charge et la sortie vidéo en DisplayPort 1.4, une prise audio au format mini-jack 3,5 mm pour brancher un casque ou des écouteurs, et d'un connecteur ROG XG Mobile Interface permettant de brancher une carte graphique externe. La partie réseau est quant à elle assurée par une carte Wi-Fi 6E 2*2 triple bande et le Bluetooth 5.2.

Fiche technique de l'Asus ROG Ally

CPU (Processeur central)

AMD Ryzen Z1 Extreme : architecture Zen4, gravure 4 nm, 8 cœurs/16-threads, cache 24 Mo (L2 8 Mo/L3 16 Mo), fréquence de base 3,36 GHz, fréquence de pointe 5,1 GHz, enveloppe thermique (TDP) configurable de 9 à 30W

GPU (Processeur graphique)

AMD Radeon Graphics : architecture RDNA 3, 12 cœurs, fréquence jusqu'à 2,7 GHz

Système d'exploitation

Windows 11

Écran

7 pouces (17,78 cm), définition FHD (1920 x 1080 pixels), ratio 16:9,  taux de rafraîchissement 120 Hz, luminosité 500 cd/m², temps de réponse 7 ms, finition brillante, 100 % sRGB

Mémoire vive

16 Go LPDDR5 à 6 400 MT/s en double canal, 4 Go affectés par défaut à la partie graphique (paramètre modifiable)

https://rog.asus.com/articles/guides/how-to-increase-the-rog-allys-vram-allocation/ 

Stockage

SSD 512 Go PCIe 4.0 NVMe M.2 SSD (2230)

Connectique

1 entrée-sortie audio combo en mini-jack 3,5 mm

1 port USB-C (USB 3.2 Gen 2 et DisplayPort 1.4)

1 port ROG XG Mobile Interface (qui englobe le port USB-C)

1 port pour carte mémoire microSD UHS-II compatible SD, SDXC et SDHC)

Dimensions 28,0 x 11,1 x 3,24 cm (L x H x P)
Poids 608 grammes

Asus ROG Ally : une console agréable en main

La console d'Asus n'est clairement pas une demi-portion : à la sortie de sa boite, elle paraît un peu massive au premier coup d'œil, mais cette impression se dissipe rapidement une fois en mains. Avec ses 28 cm de long et ses 11,1 cm de haut, la machine se paie le luxe d'être plus compacte que son concurrent direct le Steam Deck (29,8 et 11,7 cm), et également plus légère avec 608 grammes sur la balance contre 669 pour la console de Valve. Ces écarts, qui peuvent sembler minimes, sont en réalité assez sensibles dans ces ordres de grandeur, et la ROG Ally peut être tenue confortablement avec les bras levés au niveau du visage sans fatigue excessive lors de sessions de jeu prolongées.

Dans un contraste flagrant avec le Steam Deck, la machine d'Asus arbore une robe entièrement blanche, agrémentée de quelques fioritures et décorations directement issues de la gamme ROG, telles qu'une bande holographique et des fentes d'aération formant le logo de la marque au dos de la console. Lorsque elle est allumée, les sticks analogiques sont entourés de cercles lumineux RVB dynamiques, dont les couleurs et les cycles peuvent être personnalisés, ou totalement désactivés. La coque est pour sa part de bonne facture, très rigide, et le plastique qui la compose est légèrement granuleux, ce qui offre une bonne préhension de la machine, au prix toutefois d'un encrassement accru et très visible, d'autant plus difficile à nettoyer sur une surface rugueuse.

Asus a fait le choix d'une disposition des commandes identique à celle des manettes Xbox, avec des sticks analogiques asymétriques et des boutons/croix directionnelle situés en diagonale de ces derniers, contrairement aux Joy-Con de la Switch et au Steam Deck de Valve, sur lesquels les boutons et la croix directionnelle sont alignés respectivement à la verticale et à l'horizontale des sticks analogiques.
 

r© CCM

Cette configuration est judicieuse, car elle permet de passer des sticks aux boutons sans plier les pouces et sans contorsion excessive des poignets, comme c'est le cas avec l'alignement vertical des Joy-Conde la Switch, et sans risquer de toucher accidentellement les sticks lors des allers-retours, comme avec l'alignement horizontal utilisé sur le Steam Deck. Sur la tranche supérieure, on retrouve quatre gâchettes, deux à interrupteurs et deux progressives à effet Hall, dont la course est suffisamment longue pour être précise. Deux boutons supplémentaires, auxquels il est possible d'assigner librement n'importe quelle fonction, sont disposés au dos de la console et accessibles via les annulaires ou les auriculaires.

© CCM

Les sticks analogiques sont bons, sans toutefois atteindre l'excellence : leur course est suffisamment longue pour pouvoir être précis dans les jeux de course, de tir ou de plateforme, mais ils sont juste placés un peu trop bas et manquent légèrement de résistance pour pouvoir être parfaitement réactifs dans les titres les plus nerveux, et ce qui peut entraîner un déplacement involontaire lors de l'appui sur les touches L3 et R3. On est loin du calvaire des sticks des Joy-Conde la Switch, mais pas encore au niveau des manettes de Xbox et Playstation. Les boutons A/B/X/Y sont quant à eux de moins bonne facture, leurs interrupteurs sont un peu mous, n'offrant pas de sensation claire au déclenchement, et ils sont surtout particulièrement bruyants. Pire, sur notre modèle de test, après quelques semaines, les boutons X et Y ont tendance à se bloquer en position appuyée, et doivent être agités pour se décoincer, ce qui n'augure rien de bon pour quant à leur durabilité. En revanche la croix directionnelle est une franche réussite, silencieuse et très précise dans les huit directions grâce à sa base circulaire.

De façon générale, la prise en main de la ROG Ally est agréable et intuitive, et les habitués des manettes à sticks asymétriques retrouveront instantanément leurs marques. On note toutefois que le gabarit de la console pourra s'avérer gênant pour les petites mains, la hauteur de la machine (vue de face) obligeant à la saisir un peu plus haut pour atteindre correctement les gâchettes, ce qui déséquilibre quelque peu la répartition du poids en main.

Asus ROG Ally : un superbe écran et un son étonnant

L'écran de la ROG Ally est l'un de ses principaux atouts et arguments face à son concurrent direct. Il affiche une définition de 1920 x 1080 pixels sur une diagonale de 7 pouces, soit une superbe résolution de 315 ppp (pixels par pouce). À un tel niveau, les éléments graphiques même les plus petits apparaissent incroyablement fins et nets. Si on peut penser qu'une telle définition est excessive sur une surface d'affichage de cette taille, elle est en réalité bienvenue sur une machine qui fonctionne avec Windows 11. Le système d'exploitation n'étant absolument pas adapté pour un écran de cette dimension, il regorge de textes minuscules, dont les caractères apparaissent légèrement flous si l'on règle la définition de la ROG Ally sur 1280 x 720 pixels. Même constat dans les jeux, le 1080p offre une sensation de finesse et de clarté supplémentaire très appréciable, notamment sur les titres avec des textures détaillées ou des distances d'affichage importantes, au prix d'une consommation énergétique accrue.

Le taux de rafraîchissement de l'écran grimpe jusqu'à 120 Hz et, là encore, le résultat dans les jeux qui peuvent atteindre un tel niveau d'images par seconde est particulièrement plaisant, offrant une fluidité et une réactivité exemplaire. Le taux de rafraîchissement peut être abaissé manuellement et à tout moment à 60 Hz, via le volet des paramètres d'Armoury Crate SE, pour réduire la consommation énergétique et grappiller (un peu) d'autonomie supplémentaire, ce qui s'avère utile dans la plupart des jeux 3D les plus récents et gourmands, pour lesquels la ROG Ally ne dépasse de toute façon pas le seuil des 60 images par seconde.

Côté couleurs et contraste, l'écran de type IPS s'en sort honorablement. La colorimétrie semble relativement juste et on ne décèle pas, en tout cas pour des yeux lambda, de dérives chromatiques gênantes. La température des couleurs par défaut est bonne, tirant peut-être très légèrement sur le bleu, et peut-être ajustée dans les paramètres d'Armoury Crate SE, via une glissière (malheureusement sans unité de mesure). Le contraste est suffisant, sans atteindre les niveaux d'une dalle OLED, bien que les blancs paraissent légèrement brûlés lorsqu'on augmente la luminosité au-dessus de 80. Il est par ailleurs possible de choisir parmi plusieurs profils d'affichage prédéfinis, chacun destiné à un type de jeu ou d'activité en particulier (jeu de course, de tir, film). Cependant, après de multiples essais, nous vous recommandons vivement de conserver le profil par défaut en abaissant très légèrement la température des couleurs, tant les autres modes sont catastrophiques ; ils chamboulent complètement l'équilibre entre le contraste et la saturation, avec des résultats vraiment déplaisants à l'œil.

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La partie audio est quant à elle dans la moyenne des ordinateurs portables milieu de gamme. La ROG Ally dispose de deux haut-parleurs situés en façade, de part et d'autres de l'écran. La puissance de sortie est assez impressionnante, il ne sera jamais nécessaire de pousser le niveau sonore au maximum pour entendre clairement un dialogue ou une musique en jeu, et la distorsion est par ailleurs très bien contenue même à fort volume. La spatialisation est étonnamment bonne, offrant une véritable stéréophonie malgré un espacement réduit entre les haut-parleurs, ce qui permet de repérer aisément la provenance des sons en jeu. La restitution sonore des haut-parleurs n'est évidemment par parfaite, avec un manque flagrant dans les graves, mais les bas mediums sont suffisamment nets pour que le rendu reste agréable et les voix parfaitement intelligibles, avec toutefois une légère sibilance dans les aigus  Même verdict pour la sortie casque, qui offre une belle réserve de puissance avec une distorsion maîtrisée, et des aigus un poil sifflants. Côté sans fil malheureusement, même avec une paire d'écouteurs Bluetooth haut de gamme, on constate une latence assez marquée, qui génère un décalage nettement perceptible entre l'image et le son, qui sera d'autant plus gênant des les jeux nerveux. Globalement, la ROG Ally délivre donc une prestation sonore correcte, au niveau de celle d'un bon smartphone, suffisante pour profiter d'un jeu ou d'un film via les hauts-parleurs ou un casque filaire, mais pas pour s'immerger pleinement dans le dernier live de votre groupe préféré.

Asus ROG Ally : les avantages et les défauts de Windows

La ROG Ally est animée par Windows 11, ce qui est tout à la fois un des ses plus grands atouts et de ses pires défauts. Côté avantages, la présence du système d'exploitation de Microsoft garantit de pouvoir profiter de l'intégralité de sa ludothèque PC, et ce peu importe le store ou le launcher des jeux en question, ce qui inclut évidemment Steam, Epic Game Store, GOG, Origin ou encore Ubisoft Connect, mais également le catalogue complet du Game Pass. Un sacré argument face au Steam Deck, avec lequel seuls les jeux acquis sur la plateforme de Valve peuvent "officiellement" être utilisés (il est en réalité possible d'installer des applications tierces pour accéder à d'autres jeux, mais cela nécessite un peu de bricolage sur la machine). En revanche, si Windows 11 ouvre les portes d'un monde logiciel potentiellement illimité, force est de constater que son interface n'est absolument pas adaptée pour une utilisation sur un écran de cette taille et avec ce type de périphérique de contrôle. Sur le bureau, le pointeur de la souris se déplace avec le stick droit et les clics s'effectuent à l'aide des gâchettes de droite, ce qui se révèle particulièrement laborieux. Fort heureusement, l'écran tactile permet de naviguer un peu plus facilement dans le système d'exploitation, même si la taille des icônes et des autres éléments graphiques ne sera pas sans générer quelques frustrations.

Afin de réduire la friction et d'améliorer le confort d'utilisation, Asus a développé une application de contrôle globale de la machine, dénommée Armoury Crate SE, qui s'ouvre via une simple pression sur un bouton situé à droite de l'écran. Elle se présente sous la forme d'une interface à trois onglets, vous permettant d'installer différents launchers, de lancer directement vos jeux, de consulter vos contenus multimédias et de configurer les paramètres de fonctionnement de la console. La navigation à l'aide des boutons ou de l'écran tactile y est beaucoup plus fluide que dans Windows 11 et améliore grandement l'ergonomie logicielle de la ROG Ally.

 

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Mieux encore, Amourty Crate SE dispose d'un panneau de contrôle rapide, permettant d'activer ou de modifier à la volée de nombreux paramètres liés aux performances, ou d'accéder à quelques utilitaires très pratiques en jeu, comme un clavier virtuel ou un moniteur d'état en temps réel, affichant des informations telles que le niveau de batterie, la température de l'appareil ou le nombre d'images par secondes. Ce panneau est accessible à tout moment (même et surtout en jeu donc), en appuyant sur un bouton à gauche de l'écran, et il est entièrement personnalisable. Comme il est nécessaire d'ajuster régulièrement certains paramètres, afin d'obtenir un niveau de performance optimal dans les différents jeux, cet outil s'avère rapidement indispensable et l'on peut saluer sa bonne intégration par le constructeur.

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Si l'effort d'Asus pour offrir une interface graphique agréable et adaptée à sa machine est indéniable, le résultat achoppe néanmoins sur au moins deux points. D'une part, l'application n'est pas une véritable surcouche logicielle, qui permettrait de sa passer complètement du système d'exploitation sous-jacent. De nombreuses opérations nécessitent encore de revenir au bureau de Windows 11, notamment l'installation des applications tierces et les actions d'administration, telles que les mises à jour du système d'exploitation. Les allers-retours entre les deux interfaces sont légion et nuisent réellement à la fluidité de l'utilisation. D'autre part, Armoury Crate SE n'est pas d'une stabilité à toute épreuve. Durant notre phase de tests, les bugs et les interruptions de fonctionnement ont été assez fréquents, l'application se réduisant, se figeant ou se fermant sans raison apparente. A cet égard, la galerie des captures d'écran s'est montrée particulièrement capricieuse : à plusieurs reprises, cette dernière s'est totalement figée, nécessitant un retour à Windows 11 pour accéder au gestionnaire des tâches et fermer manuellement l'application… Rien d'insurmontable en soi, mais une expérience quelque peu désagréable sur un appareil présenté comme une console portable.

Toutefois, entre la réception de la ROG Ally et la publication de ce test, une importante mise à jour d'Armoury Crate SE a été publiée, laquelle semble avoir grandement amélioré la stabilité et les performances de l'application, en plus d'ajouter quelques fonctions pratiques, comme l'affichage de l'heure et du niveau de batterie sur le volet d'action rapide. Un gage de sérieux appréciable de la part d'Asus, qui laisse présager un suivi de qualité et une amélioration continue de la ROG Ally de la part du constructeur.

Asus ROG Ally : des performances remarquables en jeu

En s'appuyant sur les puissants composants et la très efficace technologie de mise à l'échelle d'AMD, la ROG Ally délivre des performances remarquables. De façon générale, les titres en 2D tiennent sans frémir le seuil symbolique des 60 images par seconde, avec toutes les options graphiques poussées au maximum, et peuvent bien entendu aller beaucoup plus loin en désactivant la limite de framerate via les paramètres de la machine. Sur le jeu Hadès, avec une définition native de 1080p et en mode Performance (15-20 W), le titre affiche une moyenne insolente de 116 i/s, qui grimpe à 120 en mode Turbo (25-30 W) ; sur Hollow Knight, nous avons obtenu des résultats similaires, même un peu meilleurs, avec des moyennes de 120 i/s à la fois en mode Performance et en mode Turbo. Enfin, dans Ori and the Will of the Wisps, qui contient de nombreux modèles 3D et n'est pas avare d'effets de lumière et de particules, la ROG Ally offre un beau 60 i/s  de moyenne en mode Performance et 78 i/s en mode Turbo... en 1080p natif ! En passant le jeu dans un rendu natif de 720p et en activant le Radeon Super Resolution (RSR) vers une définition cible de 1080p, le taux moyen passe à 88 i/s en mode Performance et à 109 i/s en mode Turbo.

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Dans les jeux en 3D, les choses se compliquent évidemment mais les résultats demeurent impressionnants ; moyennant quelques concessions sur les options graphiques et un peu de temps pour ajuster les différents paramètres de fonctionnement (profil énergétique, définition et mise à l'échelle), il est possible de profiter de jeux particulièrement gourmands à des framerate plus que décents, et qui semblaient tout bonnement inatteignables sur un appareil de cette taille il y a encore quelques années. Sur Elden Ring, jeu en monde ouvert gargantuesque avec un distance d'affichage indécente et qui est réputé pour être assez mal optimisé, nous avons obtenu une moyenne de 38 i/s en mode Performance et de 43 i/s en mode Turbo, avec un définition native de 720p, le RSR activé et toutes les options graphiques en qualité "Basse", hormis l'anticrénelage et les ombres avec une qualité "Haute" (il est donc possible de gagner encore quelques images par seconde, au détriment d'effets d'escalier assez visible sur les surfaces). Sur Kena: Bridge of Spirits, autre jeu 3D avec une grande distance d'affichage, de nombreux éclairages et effets de particules, on obtient un 38 i/s en mode Performance et un 43 i/s en mode Turbo, là encore avec une définition native de 720p, le RSR activé et les options graphiques réglées sur "Basse".

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Sur des jeux 3D moins récents, il est possible d'atteindre des framerates bien supérieurs et avec moins de concessions en termes de qualité visuelle. Avec une définition native de 720p, le RSR activé et les options graphiques réglées sur le niveau élevé, nous avons pu obtenir d'excellents résultats dans Subnautica, 68 i/s en mode Performance et 94 i/s en mode Turbo, et sur Doom (2016), 84 i/s (Performance) et 93 i/s (Turbo). À noter que certains titres ne semblent pas supporter la mise à l'échelle via le RSR : le jeu Sekiro : Shadow Die Twice par exemple, avec une définition native de 720p et le RSR activé, voit sa surface d'affichage réduite à une fraction de l'écran lorsque celui-ci est réglé sur 1080p, et ce quel que soit les paramètres d'affichage du jeu (mode Plein écran, Fenêtré ou Fenêtré sans bordure), empêchant de fait de profiter de l'upscaling.

Le niveau de performance globale pour un jeu donné est fortement dépendant à la fois des paramètres de fonctionnement de la ROG Ally et du niveau des options graphiques défini dans chaque titre. Obtenir le rendu idéal dans un jeu en particulier nécessite donc de passer du temps à expérimenter différentes combinaisons de réglages, jusqu'à trouver le meilleur compromis entre fluidité, qualité visuelle et autonomie. Si les joueurs et joueuses PC les plus expérimentées sont rompus à cet exercice, il pourra en revanche rebuter les habitués du jeu sur console, plus accoutumés à un fonctionnement clé en main et optimal de leurs jeux.

Le mode énergétique de la console, qui détermine la puissance électrique délivré au processeur, affecte particulièrement le nombre d'images par seconde qu'il est possible d'obtenir. La ROG Ally dispose de trois profils énergétiques prédéfinis, qui correspondent chacun à une plage de puissance électrique délivrée : Silencieux (9-14 W), Performance (15-20 W) et Turbo (25-30 W). Entre ces bornes, la puissance attribuée au processeur varie en fonction du niveau de la batterie et du mode d'alimentation, sur batterie ou sur secteur, et peut même s'envoler bien au-delà du plafond du mode Turbo lorsque la machine est branchée (nous avons relevé des pointes à 45 W dans cette configuration), ce qui libère alors le plein potentiel du Ryzen Z1 Extreme et fait décoller le nombre d'images par secondes, au prix toutefois d'une chauffe assez inquiétante. Le mode Turbo est celui qui délivre les meilleures performances, au prix d'une consommation énergétique très accrue, et le mode Silencieux celui offre la meilleure autonomie en contrepartie de performances beaucoup plus légères, souvent insuffisantes dans les jeux en 3D. À l'usage, le mode Performance est celui qui propose le meilleur compromis entre fluidité en jeu et autonomie : il s'avère capable de faire tourner très correctement tous les titres 2D et 3D tout en ménageant un peu l'autonomie de la batterie. Il est par ailleurs possible de créer des profils énergétiques personnalisés via Armoury Crate SE, pour les perfectionnistes de l'optimisation et les utilisateurs avertis.

Asus ROG Ally : une chauffe sous contrôle

Les très belles performances de la ROG Ally s'accompagnent logiquement d'un fort dégagement de chaleur des composants. Asus est parvenu à maîtriser la chauffe avec une ventilation efficace, à défaut d'être vraiment silencieuse. L'air extérieur est aspiré par les ouïes au dos de la machine et la chaleur est expulsée via les grilles d'aération de la tranche supérieure, ce qui permet de garder les poignées et donc les mains de l'utilisateur au frais. L'écran monte en revanche rapidement en température et sa chaleur est clairement perceptible sous les doigts en mode tactile après une longue session de jeu sur un titre exigeant.

En matière de nuisances sonores, la ventilation reste discrète dans les modes Silencieux et Performance, ce qui n'est pas un mince exploit, et sera aisément couverte par les bruits ambiants et le son des jeux. Les choses se gâtent malheureusement en mode Turbo. Les tests publiés à la sortie de la ROG Ally saluaient à juste titre la petite prouesse d'Asus, qui était parvenu à contenir le bruit de la ventilation à un niveau peu audible, même dans le mode Turbo, qui délivre le plus de puissance électrique au processeur et génère donc le plus d'échauffement. Entre temps, le constructeur a cependant dû faire à un problème de surchauffe du lecteur de carte SD, dont l'emplacement trop proche de celui du processeur dans la machine entraînait une détérioration des cartes, pouvant aller jusqu'à les rendre inutilisables. En réponse, Asus a été contraint de publier une mise à jour du firmware de la ROG Ally, modifiant la courbe d'activation et de rotation des ventilateurs. Résultat, jouer en mode Turbo, d'autant plus lorsque la console est branchée au secteur, déclenche une belle soufflerie, parfaitement audible par l'utilisateur et son entourage. C'est évidemment préférable à une surchauffe pouvant endommager les composants, mais cela limite l'utilisation de la machine à pleine puissance dans les lieux publics ou lors des repas de familles (ce qui n'est de toute façon pas très urbain).

Asus ROG Ally : une autonomie limitée

L'autonomie de la ROG Ally est certainement l'aspect sur lequel Asus était le moins disert. Et pour cause, sa machine n'offre ni plus ni moins en la matière que son principal concurrent le Steam Deck, c'est-à-dire pas grand chose. La console d'Asus embarque une batterie strictement identique à celle de Valve, d'une capacité de 40 Wh, mais avec des ambitions techniques largement revues à la hausse en termes de processeur et d'écran. C'est donc tout de même une petite victoire et une belle prouesse pour le constructeur coréen, qui parvient à offrir une autonomie similaire à celle du Steam Deck pour une prestation en jeux supérieure en tous points.

Concrètement, dans des titres en 2D peu gourmands, il est possible de jouer entre 3 et 4 heures en mode Silencieux, avec la luminosité entre 50 et 80, la définition de l'écran en 1080p et un taux de rafraîchissement en 60 Hz, et il est encore possible de grappiller une petite heure de jeu en abaissant encore la luminosité de l'écran sa fréquence de rafraîchissement à 30 Hz. Pour les jeux 3D, notamment les plus exigeants, l'utilisation du mode Performance permet d'atteindre 1 heure 30 de fonctionnement, voire 2 heures en limitant encore une fois la luminosité et le taux de rafraichissement. L'activation du mode Turbo, comme pour la ventilation, pousse malheureusement la ROG Ally dans ses retranchements et draine la batterie à vue d’œil (littéralement, plus d'1% par minute), pour offrir péniblement une petite heure de jeu.

Ces résultats n'ont rien de surprenant ni de choquant pour une machine offrant un tel niveau de puissance dans un gabarit si contenu, mais ils rappellent que la ROG Ally est avant tout une console d'intérieur, qui ne peut pas être utilisée trop longtemps loin d'une prise de courant et qu'il ne vaut mieux pas emporter sans son chargeur. À ce propos, Asus a eu la bonne idée de fournir un bloc d'alimentation de 65 W étonnamment compacte, qui permet une recharge complète de 5 à 100 % en 1 heure 15 environ, et qui est surtout muni d'un câble de 2 mètres, ce qui s'avère fort pratique pour jouer avec le console branchée sans avoir le nez collé à une prise.

© CCM

Asus ROG Ally : une console nouvelle génération pour joueurs avertis

La ROG Ally est sans conteste une belle réussite technique et ludique. Asus livre ici un produit sérieux, qui tient ses promesses en matière de performances, d'ergonomie et de confort en jeu. La machine est bien conçue, plaisante à l’œil et en main, peut vraiment faire tourner la (quasi)-totalité de votre ludothèque dans des conditions plus que satisfaisantes, et les mises à jours régulières depuis sa sortie témoignent du soin et de l'attention que porte le constructeur à sa championne. La partie matérielle n'est certes pas parfaite et souffre de quelques défauts de jeunesse, mais cette première itération est déjà impressionnante et ne laisse augurer que du bon pour les futures versions.

La complexité de son paramétrage en fait toutefois un produit destiné à un public particulier, et averti. Les joueurs et joueuses disposant déjà d'une vaste ludothèque PC et ne craignant pas de passer du temps à jongler entre diverses options et paramètres, y trouveront sans aucun doute un compagnon de jeu nomade tout à fait efficace. C'est sans doute à cet égard que la proposition d'Asus est la plus pertinente : pour qui possède déjà un puissant ordinateur de bureau et souhaiterait profiter de sa collection de jeux en voyage ou en vacances, la ROG Ally constitue une alternative intéressante à un PC portable de gaming, moins onéreuse à performances équivalentes, beaucoup plus compacte et légère, donc bien plus pratique pour ce type d'usage. Symétriquement, les habitués des consoles de salon qui lorgneraient du côté du jeu sur PC, pourraient y trouver une porte d'entrée séduisante (moyennant une petite phase d'adaptation), à un tarif moins prohibitif que le sont habituellement les PC estampillés gamer et sans s'encombrer d'une imposante machine.

Pour toute personne à la recherche d'une plateforme de jeu transportable, capable de faire tourner la plupart des jeux modernes dans de bonnes conditions et offrant un accès virtuellement illimité à l'ensemble du paysage vidéoludique PC, la ROG Ally est une machine de qualité qui répond parfaitement à ce besoin. Avec un tarif unique de 799 €, elle est certes plus onéreuse que le modèle le plus haut de gamme du Steam Deck, qui s'affiche lui à 679 €, mais elle offre des prestations globalement meilleures sur tous les points et son rapport qualité-prix reste donc au moins aussi bon que celui de sa rivale.

Au bout du compte, l'irruption des deux mastodontes que sont Valve et Asus dans le monde des consoles portables, et la grande réussite de leurs propositions respectives en la matière, laisse augurer une belle effervescence sur le marché de ce type de plateformes de jeu. Le constructeur Lenovo a d'ores et déjà annoncé sa propre itération de la formule, avec l'imposante Legion Go qui a fait forte impression lors de l'IFA 2023, et nul doute que d'autres acteurs historiques de ce marché, tels qu'Ayaneo ou OneXPlayer, sauront tirer parti de l'engouement naissant du grand public pour ce type de machine et proposer des versions innovantes de leurs produits. Une diversification de l'offre à venir, qui permettra certainement à tout un chacun de trouver la console portable de ses rêves, adaptée à son budget et ses envies.

PS : un immense merci à Maurine Briantais et Fabrice Brochain pour leur précieuse contribution à ce test.