Partage d'abonnement : le bon plan pour faire de grosses économies
Streaming, jeu vidéo, logiciel, VPN, presse… De nombreux services sont aujourd'hui proposés sur abonnement payant. Mais on peut faire drastiquement baisser la facture en partageant un compte grâce à des plateformes spécialisées.
Netflix, Amazon Prime, Disney+, Canal+, Paramount+, Molotov, Deezer, Spotify, Qobuz, Microsoft 365, Xbox Game Pass, Nintendo Switch Online, PlayStation, Google One, YouTube Premium, NordVPN, CyberGhost, Le Figaro, Le Monde, Ouest France, Libération… Tous ces contenus, ces outils et ces services ont un point commun : leur accès est soumis à un abonnement, évidemment payant. Et, dans la plupart des cas, il est possible de l'utiliser à plusieurs. Une intention louable de la part des éditeurs qui permet ainsi à plusieurs membres d'un même foyer de profiter eux aussi du service. Sauf que cet usage, normalement réservé à un cercle proche, est bien souvent détourné afin de donner des accès à des amis ou des membres de la famille ne faisant pas partie stricto sensu du foyer.
Tous ne sont toutefois pas de cet avis. Netflix a été le premier à taper du poing sur la table et a mis en place, durant l'année 2023, une option – payante, évidemment – pour partager un compte, sous conditions (voir notre article). Disney+ entend bien suivre les pas de son concurrent et voit dans la fin du partage un moyen de renflouer ses caisses, alors que le service n'est pas encore rentable. Le service de streaming de musique Spotify avait lui aussi déjà tenté de limiter le partage de comptes en s'appuyant sur la géolocalisation de ses utilisateurs. Après un tollé général, le Suédois avait fait machine arrière.
En attendant, le partage d'abonnements continue. Et si la plupart des abonnés le pratiquent à titre gracieux, d'autres y voient un moyen d'alléger leurs factures en demandant une participation aux frais à ceux qui souhaitent profiter du service. Une sorte de "sous-location" appliquée aux abonnements en ligne comme cela se pratique, discrètement, dans l'immobilier. Et pour organiser tout ça, il existe aujourd'hui plusieurs plateformes spécialisées dans le partage d'abonnement, comme Spliiit et Sharesub – les deux autres "grands", Sharit et Diivii, ont malheureusement déposé le bilan. Et ces services sont efficaces : en 2023, nous avions pu le constater en prenant trois abonnements totalisant 47 euros par mois pour moins de 10 euros. Une belle réduction qui représentait tout de même une économie de près de 400 euros sur un an ! En plus, ces plateformes se sont adaptées aux nouvelles politiques de Netflix et peuvent donc continuer de proposer, en toute légalité, des partages d'abonnements avantageux !
Comment fonctionne le partage d'abonnement en ligne ?
Ces plateformes de partage d'abonnement fonctionnent sur le principe de l'offre et de la demande à travers une place de marché (marketplace en anglais) en appliquant le concept bien connu dans l'univers du covoiturage. Les titulaires d'un abonnement souscrit par exemple auprès d'un service de VOD ou de SVOD, bénéficient, selon la formule qu'ils ont retenu, de plusieurs "places" correspondant à autant de profils différents accessibles avec leur compte. Ils peuvent ainsi proposer les places disponibles dont ils n'ont pas l'usage.
Par exemple un forfait Spotify Premium Famille à 17,99 euros par mois offre la possibilité de gérer six utilisateurs en simultané. Si l'on est seul, on peut ainsi mettre à disposition cinq comptes utilisateurs et diviser la facture par six pour, au final, ne payer son abonnement que 3 euros (à condition de trouver cinq co-abonnés). De leur côté, les utilisateurs intéressés souscrivent directement auprès de la plateforme sans entrer en contact avec le propriétaire du compte. Une fois leur souscription enregistrée, validée et le prix demandé payé, ils peuvent se connecter au service. Mis à part pour Netflix et Disney+ encore aujourd'hui, il n'est pas nécessaire de donner l'identifiant et le mot de passe du compte. La plupart des services utilisent des liens d'invitation à rejoindre le compte. Simple, pratique et sécurisé puisqu'aucune information confidentielle n'est échangée. Les paiements s'effectuent également depuis la plateforme.
Notez que le titulaire de l'abonnement peut retirer son offre à tout moment et que le "co-abonné" peut également arrêter sa souscription quand il le souhaite. En cas de pépins, la plateforme de partage rembourse tout ou partie des frais de l'abonnement. Et si vous disposez déjà d'un compte auprès d'un service, pas de panique. L'année dernière, nous avions pu mener l'expérience par exemple avec Apple Music. Nous disposions déjà d'un compte facturé 9,90 euros auprès d'Apple. Nous y avons mis un terme pour souscrire un abonnement via une plateforme de partage au prix de 3,32 euros par mois. Après avoir cliqué sur le lien d'invitation reçu, nous avons de nouveau accédé au service et retrouvé toutes nos playlists et préférences. Pratique.
Le partage d'abonnement est-il légal ?
L'existence de ces plateformes repose sur un flou juridique. Le partage de compte est une possibilité offerte par les services en ligne. Généralement, il se limite au cercle familial ou aux personnes "issues du même foyer". Cependant, difficile pour ces services de contrôler qui fait partie d'un même foyer (famille recomposée, colocations, travailleurs saisonniers vivant majoritairement en dehors de leur domicile, etc.). La notion reste donc très vague pour faire preuve de rigueur mais les plateformes de partage prennent tout de même leurs précautions pour ne pas se retrouver en porte-à-faux. Toutes précisent ainsi dans leurs Conditions Générales d'Utilisation (CGU) que l'utilisateur qui partage son abonnement déclare être en conformité avec CGU et les CGV (Conditions Générales de Vente) du service qu'il souhaite partager. Autrement dit, à chacun de lire attentivement son contrat d'abonnement pour savoir s'il a le droit de mettre à disposition d'utilisateurs ne faisant pas partie du foyer des profils inutilisés. En général, la réponse est non, mais qu'importe.
En attendant une clarification de la loi ou une jurisprudence, les plateformes de partage d'abonnements ont encore de beaux jours devant elles. D'autant que tout le monde y gagne. Les plateformes de streaming ou de services Web engrangent et conservent des utilisateurs qui ne seraient probablement pas abonné au tarif fort et les utilisateurs payent moins cher. Évidemment, dans l'équation, les plateformes de partage y trouve aussi leur compte. Notons que le partage d'abonnement pour Netflix est toujours proposé, et ce, de façon légale puisque les services de partage suivent les règles imposées par le géant du streaming. L'abonnement revient donc un peu plus cher que ce qui était proposé initialement, mais cela reste toujours avantageux – pour utiliser un compte Netflix Premium, chacun des quatre utilisateurs payait 4,50 euros ; avec les nouvelles règles, cela revient à 5,73 euros pour six utilisateurs actifs.
Combien coûte le partage d'abonnement en ligne ?
Les plateformes d'abonnement n'ont rien de philanthropique. Pour mettre en relation les titulaires d'abonnements et les co-abonnés, elles disposent d'un site Web, de serveurs sécurisés, d'un système de transaction bancaire, de personnel… Tous ces éléments ont un coût et pour se rémunérer, elles appliquent un système de commission. Les montants se révèlent très proches les uns des autres. Une première commission s'applique au titulaire de l'abonnement. Elle est fixée à 25 % de la transaction (sauf chez Sharesub qui n'applique pas de commission pour celui qui partage son abonnement). Une seconde commission est prélevée auprès du co-abonné (entre 4,5 et 10 % du montant de la transaction selon les plateformes) à laquelle s'ajoutent des frais fixes mensuels entre 0,20 et 0,35 euros. Sharesube applique de son côté des frais de 0,39 euros par transaction en plus de la commission. Malgré cela, le "co-abonnement" reste rentable et beaucoup moins cher qu'un abonnement standard, avec un coût divisé par quatre, voire parfois même par cinq selon les services retenus et les plateformes de partage.
Le partage d'abonnement en ligne est-il sûr ?
Les plateformes de partage sont tiers de confiance. L'argent perçu est placé sur un compte séquestre et délivré chaque mois si tout se passe bien entre le titulaire de l'abonnement et ses co-abonnés. Une étape qui empêche de partager par exemple, moyennant finance, la période d'essai gratuite à un service en ligne. Toutes les plateformes indiquent également que la modification du mot de passe d'un compte est généralement soumise à une procédure sécurisée (double authentification par exemple) qui empêche un souscripteur de modifier le mot de passe à un service à l'insu du propriétaire du compte. Il est cependant fortement recommandé d'utiliser un mot de passe radicalement différent de celui utilisé pour d'autres comptes (services en ligne, messageries, etc.). Néanmoins, rien n'empêche le souscripteur de partager à son tour les identifiants nécessaires pour accéder à un service.
Notez enfin que des services comme Amazon Prime Vidéo dont les identifiants servent à l'accès au streaming, mais aussi à la boutique et au stockage en ligne, ne sont pas proposés au partage. Enfin, pas d'inquiétude non plus lorsqu'il s'agit de partager l'abonnement à un service de cloud comme Google One ou iCloud. Ils fonctionnent par lien d'invitation et les données de chaque utilisateur restent évidemment inaccessibles aux autres heureusement.
Quelles sont les principales plateformes de partage d'abonnements ?
Aujourd'hui, suite aux dépôts de bilan de Sharit et de Diivii, seules deux grandes plateforme françaises permettent de partager et d'accéder à des abonnements numériques à moindre coût. Il en existe d'autres comme TogetherPrice (Italie) ou GamsGo (Angleterre) mais leur principe de fonctionnement se montre beaucoup moins clair et encadré, et la plupart des indications ne sont pas traduites.
Sharesub
Cette plateforme est la seule à ne pas prendre de commission auprès des titulaires d'abonnement qui initient le partage. En revanche, la commission pour les co-abonnés est la plus haute. La plateforme propose un vaste catalogue, avec des abonnements en streaming, en musique, en jeu vidéo, en journaux, mais aussi de sécurité (VPN, antivirus), de bureau (Office 365, Canva, Dropbox...) et bien d'autres. Pour des raisons de sécurité, tous les échanges avec d'autres utilisateurs se déroulent exclusivement par le biais de la messagerie interne du site. D'ailleurs, de nombreuses mesures garantissent le bon fonctionnement du service : vérification d'identité, chiffrement des données, garantie dans la durée, sécurisation des revenus, etc.
Spliiit
Spliiit a été la première plateforme de partage d'abonnements à se lancer en France en 2019. Cet atout lui donne l'avantage de profiter d'un grand nombre d'utilisateurs pour trouver l'abonnement qui vous convient. Journaux en ligne, streaming musical, SVOD, services d'e-commerce (tels que Cdiscount et Amazon Prime), lecture, bien-être, e-learning, services de stockages Cloud, solutions de sécurité informatique, logiciels... Il y en a vraiment pour tous les goûts. Lors de l'inscription, aucune distinction n'est réalisée entre le propriétaire voulant partager ses abonnements et l'internaute désirant souscrire à une offre auprès d'autrui. On peut donc utiliser la plateforme dans les deux sens avec un seul et même compte, ce qui est plutôt pratique. L'interface est quant à elle claire et intuitive.
Notons que Spliiit permet d'effectuer le partage uniquement de manière privée pour les utilisateurs qui souhaiteraient faire profiter de leurs abonnements à leur entourage uniquement, et non à d'illustres inconnus. De plus, la plateforme ne prélève une commission auprès du titulaire de l'abonnement (25 % du montant de la transaction plafonné à 1 euro) que le premier mois.
Du côté de la sécurité, plusieurs mesures ont été mises en place. Déjà, chaque utilisateur inscrit sur la plateforme dispose d'un indice de confiance noté de 0 à 100. Plus un membre dispose d'un indice de confiance élevé, plus ses annonces seront mises en valeur sur le site. De plus, le propriétaire du compte doit laisser un mois de préavis avant de supprimer les accès au service, afin que les souscripteurs ne se retrouvent pas le bec dans l'eau.
Difficile de dire aujourd'hui quel sera l'avenir des plateformes de partage d'abonnements, si la législation évolue ou si les services, à l'instar de Netflix, modifient leurs conditions d'utilisation. Le secteur a pris un coup, avec le dépôt de bilan de Diivii et de Sharit. Toujours-est-il que ce système fonctionne bien, et que, comme nous l'avons constaté, il permet de réaliser de belles économies. Aucune raison de s'en priver donc !