Des arbres bioluminescents pour éclairer gratuitement les rues - la bonne idée d'une start-up française
Afin de réduire la pollution lumineuse et la consommation énergétique des éclairages, une start-up française travaille sur des arbres bioluminescents, qui émettent leur propre lumière. Un peu comme dans le film Avatar !
La plupart des villes souffrent d'un important manque de verdure, qui devient de plus en plus problématique à mesure que les températures se réchauffent. En cas de canicule, les citadins sont plus durement touchés et n'ont nulle part où se réfugier. Sans compter que l'éclairage extérieur entraîne une surconsommation d'énergie et de la pollution lumineuse. En partant de ce constat, deux biologistes français, Rose-Marie et Ghislain Auclair, se sont intéressés à la bioluminescence. Il s'agit d'une biochimie naturelle entre plusieurs molécules qui permet à des organismes vivants, comme des lucioles, des algues, des méduses ou des champignons, de produire leur propre lumière. Les deux chercheurs ont alors eu l'idée de transférer cette capacité à des plantes et à des arbres – ce qui n'existe pas à l'état naturel – en les modifiant génétiquement, afin qu'ils puissent produire de la lumière de manière autonome. Aussi, Rose-Marie et Ghislain Auclair ont décidé de fonder la start-up Woodlight afin de mener à bien ce projet, dans le but de révolutionner l'éclairage public. Bientôt une végétation à la Avatar ?
Des arbres bioluminescents pour un éclairage naturel sans électricité
Le but des deux biologistes est de créer des plantes bioluminescentes afin de réduire l'utilisation de la lumière artificielle pour la remplacer par une lumière plus "naturelle". Avec ces OGM (organismes génétiquement modifiés), le bénéfice serait double : ils produiraient de la lumière sans électricité tout en dépolluant l'air – les plantes ont la capacité incroyable de faire de la photosynthèse, en fixant le CO2 pour produire de l'oxygène. Et on en aura bien besoin ! En France, l'électricité représente 25 % de la consommation énergétique. Alors certes, un arbre bioluminescent ne pourra jamais remplacer un lampadaire, mais cela peut constituer un excellent système de balisage, pour les endroits qui n'ont pas besoin de beaucoup de lumière. "Imaginez-les le long des pistes cyclables, comme balisage dans les parcs, dans les hôtels, les restaurants, dans tous nos lieux de vie, on pourra trouver des arbres de lumière", s'enthousiasme Rose-Marie Auclair. Dans cette optique, les deux Français ont travaillé avec des partenaires designers et un industriel fabricant et concepteur de mobilier urbain. Notons que les plantes bioluminescentes ne seront pas fertiles afin de ne pas coloniser l'environnement, mais seront compostables.
Selon les fondateurs, la technologie serait prête et ils auraient déjà réussi à cultiver leurs premières cellules végétales luminescentes, dans leur laboratoire de Strasbourg. Ils cherchent maintenant des financements afin de passer à l'étape suivante, qui est l'obtention de premières plantes entières lumineuses. Il leur faudra par la suite travailler sur la durabilité de la plante et l'intensité de la lumière qu'elle émettra afin d'obtenir un résultat vraiment intéressant. Ils espèrent une commercialisation en 2025.
Woodlight n'est pas la seule start-up à travailler sur les végétaux bioluminescents. En 2013, trois ingénieurs diplômés du MIT (le fameux Institut de technologie du Massachusetts) s'étaient lancés dans le projet "Glowings Plants" qui visait lui aussi à développer des arbres lumineux pour l'éclairage public en injectant des gènes de luciole dans une plante (l'Arabidopsis thaliana). Gleaux, une autre start-up américaine a revendiqué en 2010 la production d'une plante bioluminescente nommée Célestine, à 60 $. En France, on peut compter sur l'entreprise Aglaé, qui a mis au point un "sérum nutritif" à injecter dans la plante, la rendant bioluminescente pendant dix à vingt jours.