Intel confie ses NUC à Asus : quel avenir pour les mini PC ?
Onze ans après avoir lancé son concept de NUC, Intel abandonne le marché des mini PC pour le confier à Asus. Un changement de stratégie qui pourrait bien doper ce secteur avec l'arrivée de modèles plus innovants et plus puissants, y compris pour les gamers…
Il est rare qu'un industriel sorte d'un marché qu'il a lui-même créé. C'est pourtant ce qu'Intel vient de faire en annonçant il y a quelques jours qu'il arrêtait de concevoir et de produire des mini PC. Une annonce d'autant plus étonnante que ce type d'ordinateur miniature connaît un succès grandissant depuis quelques années, de nombreux utilisateurs se tournant vers ce format ultra compact pour remplacer les tours d'antan, encombrantes, bruyantes et énergivores. Et plus surprenante encore quand on connaît l'excellente réputation des modèles développés par le géant américain, les fameux NUC (pour Next Unit of Computing, soit nouvelle génération d'ordinateur, en français). Un concept lancé en 2012 qui sert encore d'exemple et de base à d'innombrables déclinaisons…
NUC : intel confie ses mini PC à Asus
Si elle n'a pas fait l'objet d'une déclaration publique, la décision a été partagée d'abord avec les partenaires d'Intel, comme le raconte ServerTheHome. Partenaires qui ont sans doute été moins surpris que d'autres acteurs dans la mesure le spécialiste des puces et autres circuits électroniques avait annoncé en avril 2023 qu'il sortait du marché des serveurs en vendant sa division au spécialiste Mitac. Et, cette fois encore, le géant américain ne laisse pas la place vide, puisqu'il a déclaré officiellement le 18 juillet confier le suivi et le développement de NUC à Asus. Une manière originale de contribuer à faire vivre ce secteur par procuration.
Le choix d'Asus n'est pas anodin. Et il est même rassurant. De fait, le constructeur taïwanais fait figure d'acteur majeur dans le monde PC : car s'il est bien connu pour ses cartes mères et ses cartes graphiques, il sait aussi fabriquer d'excellents ordinateurs complets, des écrans et de multiples accessoires et périphériques (routeurs et adaptateurs Wi-Fi, commutateurs réseaux, claviers, souris, manettes, docks, webcams, chargeurs, batteries, casques audio, etc.), sans parler des smartphones (Zenfone) et des consoles de jeu portables (ROG Ally). Surtout, même s'il ne le met pas vraiment en avant, Asus possède déjà un beau catalogue de mini PC, avec plusieurs modèles aux designs et aux usages très variés, pour la maison comme pour les entreprises ou les créatifs. Bref, Asus est un partenaire sérieux aux multiples facettes sur lequel Intel peut vraiment s'appuyer. D'ailleurs, les deux entreprises travaillent ensemble depuis de longues années, et pas seulement dans l'informatique "pure", comme le prouve leur récente collaboration dans le domaine médical.
NUC Intel-Asus : un partenariat sans exclusivité
Dans ses déclarations, Intel ne s'étend pas sur les motifs de sa décision. Mais on peut en deviner certains. D'abord, le besoin – et même la nécessité – de se recentrer sur ses activités principales, en évitant de se disperser, pour se concentrer sur la fabrication de puces de nouvelles génération pour ordinateurs et serveurs, mais aussi pour appareils mobiles et pour l'IA. Des marchés sur lesquels le géant américain a fort à faire en ce moment, face à des concurrents comme AMD, Nvidia, Broadcom ou Qualcomm, notamment avec la demande grandissante de solutions pour l'intelligence artificielle. Sans compter que l'industriel doit investir massivement dans de nouvelles usines, notamment en Europe. Ensuite, et dans le même ordre d'idée, un constat économique, le secteur des mini PC ne permettant plus de dégager de marges suffisantes face à des concurrents asiatiques proposant une multitude de produits similaires à des tarifs très serrés (voir notre guide d'achat).
Car contrairement à ce que l'abandon d'Intel pourrait laisser croire de prime abord, le marché des ordinateurs miniatures n'est pas mort. Bien au contraire, on assiste depuis quelques années à une multiplication d'acteurs, en particulier des constructeurs chinois comme Beelink, Geekom, Minisforum, NiPoGi ou Trigkey – pour ne citer que les marques les plus connues –, qui envahissent les boutiques en ligne du genre Amazon ou AliExpress avec une kyrielle de modèles variés à bas prix. Il y en a vraiment pour tous les goûts et pour toutes les bourses, et ce, à un moment où beaucoup d'utilisateurs cherchent à remplacer leurs vieilles tours par des PC fixes plus compacts, plus discrets, plus économes en énergie et désormais plus puissants.
En pratique, comme l'explique l'entreprise de Santa Clara dans son communiqué officiel, Intel promet qu'Asus assurera le relais pour la réalisation, la vente et le suivi des produits actuels, avec des processeurs de la 10e à la 13e génération, tout en se chargeant de développer de nouvelles plateformes afin d'assurer l'avenir des NUC. Pour l'heure, Intel promet d'assurer le SAV et la mise à jour de pilotes, mais sans préciser la durée de cette "garantie". Détail intéressant : Intel précise que cet accord n'est pas exclusif, induisant ainsi la possibilité de conclure des partenariats avec d'autres acteurs.
Mini PC : des modèles toujours plus puissants et plus variés
De même, tout en se réjouissant d'être ainsi adoubé par le géant américain, Asus a tout intérêt à ne pas se limiter aux solutions Intel. D'ailleurs, comme d'autres constructeurs de mini PC, le Taïwanais propose déjà des modèles à base de puces AMD. Des puces d'autant plus intéressantes que les dernières générations de Ryzen soutiennent largement la comparaison avec leurs homologues Intel, en offrant même de meilleures performances en 3D grâce à leur section graphique de type Radeon. C'est le cas notamment des Beelink GTR 7 et 7 Pro (voir notre test) qui utilisent les tout nouveaux Ryzen 7 7840HS. et Ryzen 9 7940HS. Mais aussi de Geekom qui a récemment étendu sa gamme de mini PC avec ses AS 5 et AS 6 motorisés par des Ryzen séries 5000 et 6000 (voir notre test). Des modèles particulièrement bien conçus qui ont été réalisés justement en partenariat avec Asus, puisqu'ils reposent touts les deux sur les plateformes PN du Taïwanais. On peut donc s'attendre à ce que ce genre de collaboration se développe dans un proche avenir et que Geekom et d'autres profitent des futures générations de NUC qu'Asus mettra au point.
On le voit, loin de se refermer, l'horizon des mini PC semble au contraire s'élargir avec des perspectives d'innovations particulièrement prometteuses, que ce soit en termes de design ou de performances. C'est même dans ce domaine, et plus précisément dans le graphisme en 3D, que l'on attend les avancées les plus significatives prochainement. Et si Intel a ouvert la voie à des ordinateurs ultra compacts pour gamers avec ses gammes NUC Extreme et NUC Enthusiast, d'autres constructeurs sont déjà en train de prendre la relève. C'est le cas de Minisforum qui vient de dévoiler une nouvelle plateforme ambitieuse avec des boîtiers un peu plus gros et des cartes mères au format mini ITX capables d'accueillir des processeurs de dernière génération (Intel Raptor Lake HX55 and AMD 7045HX), mais aussi, et surtout, de véritables cartes graphiques dédiées grâce à un connecteur PCIE 5.0 x16 et une prise d'alimentation SFX. De quoi rivaliser avec les tours surpuissantes dont raffolent les joueurs ! Et il y a fort à parier pour que de nombreux spécialistes se lancent à leur tour sur ce créneau porteur, tout en développant des mini PC toujours plus variés et plus originaux.