Les selfies vous font perdre du poids - mais ce n'est pas une bonne nouvelle
Popularisé avec les réseaux sociaux, le selfie permet de se présenter sous son jour le plus flatteur, y compris au niveau du poids ! Une étude a démontré comment une simple photo pouvait nous faire maigrir. Et c'est loin d'être une bonne chose !
Arquez le dos, rentrez le ventre, serrez les fesses, inclinez légèrement la tête et, surtout, souriez ! Vous voilà prêt à poster votre énième selfie sur vos réseaux sociaux ! Et, autant que possible, un selfie flatteur. Normal : depuis l'apparition des appareils photo, nous essayons généralement de nous mettre en valeur sur des clichés, pour immortaliser un bon moment. Et cette tendance naturelle s'est accentuée ces dernières années avec la popularité des selfies – ces autoportraits modernes – et des réseaux sociaux. Pour certains, le fait d'apparaître minces sur des photos leur permet de se sentir beaux, surtout à une époque où l'apparence a de plus en plus d'importance et où nous passons notre temps à nous exposer aux yeux des autres, notamment avec les fameux selfies – quitte à "tricher" un peu. Et pour ça, l'angle de la photo joue un rôle important, sans forcément avoir besoin d'utiliser des tonnes de filtres sur le cliché. Une étude publiée le 11 octobre dans la revue scientifique PLOS One révèle que les femmes peuvent paraître plus minces sur les selfies que sur des photos prises sous d'autres angles. Et ce n'est pas sans conséquence…
Comment l'angle de prise de vue trompe notre regard
Ruth Knight et Catherine Preston, respectivement professeure et maîtresse de conférences en psychologie à l'université Saint John de York (Royaume-Uni), se sont livrées à une petite expérience. Elles ont demandé à dix mannequins de sexe féminin de s'habiller en tenues de sport moulantes et de se prendre en photo, ou de se faire prendre en photo de différentes manières. Ont été pris pour chaque participante :
- Un selfie où elle tend le bras ;
- Une photo prise par quelqu'un d'autre ;
- Un autoportrait avec le menton baissé.
- Un selfie où elle utilise une perche à selfie ;
Les visages ont été exclus des images, l'accent étant mis uniquement sur l'apparence des corps sous différents angles. Les chercheuses ont ensuite demandé à des femmes adultes, âgées de 18 ans ou plus et n'ayant pas d'antécédents de troubles alimentaires, d'évaluer le poids et l'attrait des mannequins sur les différentes photos. Résultat : les participantes ont tendance à juger les corps dans les images de selfie plus minces que les corps dans les images prises par une personne extérieure. Sur les trois angles du selfie/autoportrait, celui avec le menton baissé a été jugé moins beau – comme quoi il faut garder la tête haut ! Moralité : on paraît plus mince sur nos photos que sur celles prises par nos amis !
Mais ce n'est pas là la conclusion de l'histoire. "Beaucoup d'entre nous voient des selfies tous les jours en parcourant le nombre croissant de plateformes de médias sociaux", expliquent les auteurs de l'étude. "Cette recherche suggère que l'angle sous lequel la photo est prise peut modifier notre jugement sur la taille du corps. Lorsque nous consommons des images sur Internet, même de simples selfies non filtrés, ce que nous voyons n'est pas nécessairement une représentation exacte de la vie réelle." Or, les données suggèrent que regarder des selfies pourrait être plus dommageable que d'autres photos pour les personnes vulnérables aux troubles de l'alimentation.
En effet, les participantes ayant présenté, par le biais d'un questionnaire rempli au préalable, davantage de symptômes de troubles alimentaires ont eu tendance à avoir une opinion plus favorable des selfies présentés par rapport aux autres photos. "Compte tenu de l'augmentation des problèmes d'image corporelle et des troubles de l'alimentation, il est essentiel de comprendre l'impact des médias sociaux sur l'image corporelle", explique le Dr Ruth Knight. "L'une des particularités des médias sociaux est qu'ils nous permettent de prendre des photos de nous-mêmes, puis de les télécharger pour qu'elles soient vues par un vaste réseau de personnes. La prise de conscience de la manière dont nous jugeons les images peut contribuer à atténuer les effets négatifs sur la satisfaction corporelle, les régimes et le risque de troubles de l'alimentation." Bien sûr, l'étude n'est pas exempte de défauts, ne serait-ce que par son panel restreint de participants. Mais c'est un exemple de plus que les réseaux sociaux nous fournissent des images plutôt irréalistes du corps. Et cela ajoute à la pression mentale qui s'exerce sur de nombreuses personnes, en particulier les jeune filles, qui cherchent à renvoyer la meilleure image d'elles-mêmes.