Audio lossless : tout le monde peut profiter gratuitement du son haute qualité sur mobile

Audio lossless : tout le monde peut profiter gratuitement du son haute qualité sur mobile

Inutile d'investir dans un coûteux téléphone de dernière génération pour profiter de l'audio lossless sur un mobile : Android et iOS gère le son non compressé de haute qualité depuis des années ! Il faut juste utiliser une appli compatible.

L'annonce de Google a du faire sourire quelques audiophiles. Dans un message publié sur X (ex-Twitter) le 13 octobre 2023, Dave Burke, vice-président de l'ingénierie chez le géant américain, a en effet indiqué que les Pixel 8 seraient bientôt capables de lire de l'audio lossless via l'USB, offrant ainsi une qualité sonore incomparable aux amateurs de musique. Il n'en fallait pas plus pour émerveiller certains observateurs peu informés qui se sont réjouis de l'arrivée du son haute qualité sur les nouveaux smartphones Google, laissant ainsi entendre que seuls ces modèles de dernière génération pourraient en profiter. Ce qui est faux ! Car il y a belle lurette que tout le monde peut écouter de l'audio sans perte sur mobile, sans avoir besoin d'un appareil moderne, et, surtout, gratuitement !

© Google-X (Twitter)

MP3 et AAC : le règne de l'audio compressé destructif

Pour toute une génération – essentiellement les personnes nées à partir des années 1990 –, la musique n'existe que sous forme compressée. Plus exactement, l'audio numérique n'existe que sous forme compressée. C'est la rançon du succès des formats tels que le MP3 ou l'AAC, des standards qui ont popularisé la diffusion de musique sous forme numérique sur Internet comme sur les baladeurs, et qui sont déclinés aujourd'hui pour le streaming et les podcasts. Tous ces formats (le MP3, l'AAC, l'OGG, et même l'AC'3 du Dolby utilisé en vidéo) ont un point commun : ils sont destructifs. En effet, lors de l'encodage des informations sont supprimées du signal original afin de réduire la quantité de données à transmettre ou à stocker. Et c'est aussi le cas avec le Bluetooth utilisé pour les enceintes et les écouteurs sans fil, qui convertit encore l'audio dans un autre format compressé destructif, en altérant une nouvelle fois la qualité sonore. 

Et c'est précisément cette destruction qui permet d'avoir des fichiers plus compacts. Comme il se doit, cette suppression d'information n'est pas faite au hasard. Elle est réalisée à l'aide d'algorithmes spécifiques – des règles – s'appuyant sur la psychoacoustique pour retirer des informations jugées inutiles ou inaudibles par l'oreille humaine. Et cela fonctionne très bien : dès lors que le processus n'est pas trop corrosif, il est difficile de distinguer une copie compressée de l'orignal – surtout quand on ne l'a jamais entendu ! Et la plupart des gens s'accommodent très bien de la qualité de l'audio compressé pour écouter de la musique via des plateformes de streaming. 

FLAC : le format préféré des audiophiles

De fait, seules des oreilles un peu exercées préfèrent entendre la musique dans sa qualité originelle, telle qu'elle a été enregistrée en studio pour réaliser un master puis des CD-audio ou des disques vinyles. Et il existe pour cela des formats spécifiques, comme le WAV ou l'AIFF, qui conservent toutes les informations du signal. L'ennui, c'est que les fichiers de ce type sont "lourds" : sans entrer dans des considérations trop techniques, un enregistrement de 5 minutes en stéréo en WAV occupe environ 50 Mo quand son équivalent compressé en MP3 (qualité 128 bit/s) se contente de 5 Mo. Fort heureusement, il existe également des formats audio compressés dits sans perte ou non destructifs qui permettent de réduire le volume de données sans supprimer d'information et donc sans réduire la qualité sonore : ce sont les fameux formats. Le plus connu est le FLAC - de son vrai nom, le Free Lossless Audio Codec –, très par les amateurs audiophiles et utilisé par quelques plateformes musicales, qui ainsi permet de profiter de la plus haute qualité, sans prendre trop de place, grâce à un taux de compression de 30 à 70 % par rapport à l'original en WAV.  C'est clairement le format à privilégier quand on veut la meilleure qualité sonore, d'autant qu'il est compatibles avec des très hautes résolutions audio comme le 24 bits - 96 kHz.

AIMP et VLC : la qualité gratuite pour tous

La bonne nouvelle, c'est qu'il ne faut pas grand chose pour en profiter : juste un bon casque ou de bonnes enceintes. Car le FLAC, qui existe depuis le début des années 2000, est parfaitement géré par les systèmes d'"exploitation depuis longtemps, sur ordinateur comme sur mobile. Android le reconnaît depuis la version 3.1, sorti en 2011, et iOS depuis la version, publiée en 2017. Et il existe de très nombreuses applis de lecture gérant ce format aussi bien que le traditionnel MP3 : AIMP, Pulsar, Pi Player, foobar 2000, Stellio ou encore l'incontournable VLC Player. Surtout, tous ces lecteurs sont gratuits et ils fonctionnement sur n'importe quel smartphone !  

© AIMP

Bien évidemment, pour profiter vraiment de la qualité du FLAC –et du lossless en général –, il est indispensable d'utiliser des enceintes ou des écouteurs filaires, les protocoles mise en ouvre dans les transmissions sans il étant destructifs. D'autant que les casques filaires "à l'ancienne" de qualité sont bien moins chers que les écouteurs true wireless à la mode, pas toujours très fidèles… C'est aussi le cas pour les nouveaux Pixel 8 et, de façon plus générale, sur les téléphones qui tourneront sous Android 14. Car la nouveauté annoncée par Dave Burke, stipule bien que le FLAC est désormais géré via l'USB – c'est même le seul véritable intérêt de cette annonce. Mais cela ne présente aucun avantage en pratique car il mieux vaut utiliser les convertisseurs numérique-analogique du smartphone, surtout s'il s'agit d'un modèle milieu ou haut de gamme, plutôt que leurs homologies intégrés dans des écouteurs. Bref, avec un bon casque analogique branché sur la sortie analogique et une appli de lecture, n'importe qui peut déjà profiter de la qualité lossless sur un téléphone ou une tablette…