Pourquoi les podcasts de bruit blanc ne plaisent pas (du tout) à Spotify

Pourquoi les podcasts de bruit blanc ne plaisent pas (du tout) à Spotify

Avec le succès grandissant des podcasts de bruit blanc, Spotify se retrouve obligé de payer des fortunes à des créateurs malins qui fabriquent très facilement des heures de sons sans originalité. Un vrai dilemme pour la plateforme…

S'il y a bien une chose que Spotify n'avait pas prévue, c'est le succès incroyable des podcasts de bruit blanc ! Ces émissions qui diffusent des bruits monotones et apaisants — de la pluie qui tombe, des ronronnements de chat, de l'eau qui coule, du vent qui souffle, un aspirateur… — sont très appréciées des utilisateurs de la plateforme qui les écoutent pour trouver le sommeil, masquer des acouphènes ou encore calmer leur anxiété. Certaines se sont même spécialisées, comme les bruits blancs pour les nourrissons ! Ces podcasts peuvent durer plusieurs heures — un morceau a même atteint le milliard d'écoutes sur Spotify !

Mais le succès ne fait pas tout, en particulier pour la plateforme de streaming audio ! Car si ce type de contenu est un moyen pour certains créateurs de gagner de l'argent en faisant un minimum d'effort — l'un d'entre eux a expliqué à Bloomberg avoir quitté son emploi pour se consacrer à la production de ces sons et parfois gagner plus de 18 000 $ par mois —, il représente surtout un vrai manque à gagner pour la plateforme. En effet, celle-ci doit payer des droits d'auteur à ces podcasteurs, alors que le bruit blanc n'est pas considéré comme une œuvre originale. Et compte tenu de la popularité de ces émissions et de leur durée, la facture s'alourdit très vite…

Bruit blanc Spotify : un énorme et étonnant succès

Spotify a beaucoup misé sur les podcasts pour tirer son épingle du jeu par rapport à ses concurrents. Une stratégie qui s'est avérée plutôt concluante, puisque 44 % de ceux que la plateforme diffuse sont hébergés sur Anchor, une boîte à outils qu'elle a achetée en 2019 afin d'aider les créateurs à l'émergence de talk-shows ou d'émissions sur le sport. Mais elle n'avait pas du tout prévu la prolifération des bruits blancs, la plupart étant eux aussi réalisés avec l'aide d'Anchor. De façon plus générale, il est d'ailleurs très simple de produire de type de son à l'aide d'un synthétiseur ou d'un logiciel d'édition audio comme Audacity, sans être musicien ou ingénieur du son. D'après Bloomberg, un document interne indiquait en janvier que ces podcasts cumulaient 3 millions d'heures d'écoute chaque jour. Autant dire que l'algorithme de recommandation s'est très vite retrouvé à les mettre en avant, et ainsi de suite, au grand dam de Spotify.

La plateforme aurait pendant un temps envisagé de tout bonnement et simplement supprimer ces contenus, dans la mesure où ils causent un trou de 38 millions de dollars dans ses profits annuels. Sur un thread sur Reddit publié il y a quelques mois, plusieurs utilisateurs se sont plaints que les podcasts de bruit blanc qu'ils écoutaient avaient disparu. Bloomberg a également échangé avec un créateur qui déclarait que son contenu avait disparu pendant plusieurs semaines, avant de finalement réapparaître. Tout est finalement rentré dans l'ordre.

Bruit blanc Spotify : un manque à gagner pour la plateforme

Avec les bruits blancs, Spotify se retrouve dans une situation délicate : d'un côté, satisfaire ses fidèles utilisateurs adeptes de ce type de contenu, afin qu'ils ne soient pas tentés d'aller en trouver sur des plateformes concurrentes ; de l'autre, ne pas payer des droits d'auteur injustifiés, qui peuvent lui attirer des problèmes juridiques et, surtout, réduisent ses profits.

La plateforme semble finalement avoir trouvé une solution. Ainsi, elle a décidé de surveiller étroitement ces podcasts et de les retirer s'ils enfreignent ses conditions d'utilisation. De plus, les créateurs de bruit blanc ne seront plus éligibles au programme Ambassador Ads de Spotify à partir du 1ᵉʳ octobre. Celui-ci permet aux créateurs de passer des publicités pour les propres produits de l'entreprise, dans l'objectif d'attirer davantage de personnes à produire du contenu pour Spotify. La plateforme a également revu à la hausse le seuil d'audience nécessaire pour candidater, passant de 100 auditeurs uniques sur les 60 derniers jours à 1 000, comme le rapporte Bloomberg. De cette façon, il ne reverse plus une partie de son budget communication aux podcasteurs de bruits blancs, qui peuvent cependant encore gagner de l'argent, notamment avec les publicités automatisées qui sont placées dans les émissions. Reste que Spotify doit se serrer la ceinture, car les temps sont durs. Pour rappel, l'entreprise a licencié 600 personnes au mois de janvier, avant d'augmenter les tarifs de son abonnement Premium fin juillet.