Piratage : les sites les plus populaires au monde en 2024
Une organisation gouvernementale américaine vient de publier une étude sur les sites et les services en ligne favorisant le piratage et la contrefaçon. Une analyse très instructive qui met en avant les plateformes les plus populaires !
En finira-t-on un jour avec le piratage et la contrefaçon ? Rien n'est moins sûr. Les industriels du luxe le savent bien, eux qui combattant depuis des lustres les innombrables fabricants de copies de leurs chers produits. Sans relâche et sans succès. Car malgré les saisies – et les destructions – des imitations et les poursuites judiciaires contre les copieurs, le problème perdure avec de nouveaux acteurs qui prennent le relais des disparus.
Et c'est exactement la même chose dans le monde numérique. En plus simple, car, par essence, cette technologie permet la copie à l'identique et à l'infini de toutes sortes de contenus, qu'il s'agisse de documents, de logiciels, de jeux, de livres, de musiques ou de vidéos. Et la diffusion de ces copies piratées est facilitée par Internet, via un kyrielle de sites et de services en ligne spécialisés bien plus difficiles à endiguer que des marchandises physiques.
Piratage : le combat acharné des ayants droit
C'est pourtant dans ce combat sans fin que se sont engagées plusieurs organisations qui veillent aux intérêts des ayants droit. En France, c'est la désormais célèbre Arcom qui se charge de jouer les gendarmes du numérique dans le sillage de feu-Hadopi. Malgré sa création récente, l'institution s'est déjà illustrée à plusieurs reprises, notamment dans la lutte contre les services pirates d'IPTV (télévision en streaming via Internet) qui diffusent des rencontres sportives sans autorisation, au grand dam des chaînes spécialisées comme Canal+, Eurosport ou beIN Sports (voir notre article). Une pratique de plus en plus populaire, comme le constatait Association des chaînes conventionnées éditrices de services (ACCES) dans un rapport publié en novembre 2023, et qui touche d'autres pays européens, tels que l'Espagne, l'Italie ou les Pays-Bas où plusieurs réseaux pirates ont été démantelés ces derniers mois avec l'aide des polices locales et d'Europol. Il faut dire qu'on ne plaisants pas avec le manque à gagner dans l'univers de la télévision et du sport, surtout quand il s'agit de football…
Il en va de même dans d'autres contrées, et notamment aux Etats-Unis. On pense évidemment à la fameuse Alliance for Creativity and Entertainment (ACE), cette coalition mondiale d'ayants droit réunissant des géants de l'audiovisuel comme Apple TV+, Amazon, Disney, Warner Bros, Netflix, Sony Pictures Entertainment, Paramount et Amazon. Dans sa lutte permanente contre le piratage de contenus, l'organisation fait régulièrement fermer des sites dans le monde entier. C'est d'ailleurs elle qui est à l'origine de la disparition brutale de Uptobox, le célèbre site de stockage de fichiers ayant mis la clé sous la porte sans prévenir en septembre 2023 (voir notre article).
Piratage : le palmarès de l'USTR
Mais ce n'est pas la seule organisation à agir dans ce sens. Ainsi, ii y a quelques jours, c'est le très sérieux Office of the United States Trade Representative (USTR ou Bureau du représentant américain au commerce en français) qui s'est illustré avec une étude très instructives. Dans un communiqué publié le 30 janvier dernier, cette agence gouvernementale spécialisée dans le commerce a analysé l'impact du piratage et de la contrefaçon dans le monde en dressant la liste des sites et des services en ligne portant atteinte à la propriété intellectuelle sous toutes ses formes. Ce faisant, elle a établi un véritable palmarès des plateformes les plus actives et les plus populaires, notamment pour tout ce qui touche à l'IPTV, au streaming, au téléchargement direct et au partage au torrent. Autrement dit, la liste des meilleurs sites de piratage au monde !
On y retrouve des sites internationaux bien connus, comme The Pirate Bay, RuTracker, YTS et 1337X pour les torrents, Rapidgator pour le stockage de fichiers, Libgenet Sci-Hub pour les livres, ou encore BestBuyIPTV, Aniwatch, Shabakat, Spider et Fmovies pour le streaming et l'IPTV. Mais on note surtout l'arrivée de nombreux petits nouveaux comme TorrentGalaxy pour les torrents, Krakenfiles et Savefrom pour le stockage, ou Aniwatch, Cuevana3, GenIPTV, Pelisplus, Streamtape et VegaMovies pour l'IPTV et le streaming. La France n'a pas échappé aux fins limiers de l'USTR puisque le service de stockage 1fichier figure en bonne place dans ce palmarès.
De façon étonnante, de nombreux sites francophones passent sous les radars, alors qu'ils sont très populaires : c'est le cas du fameux et très actif Dearkino (voir notre article), comme de Wawacity, Tirexo, Annuaire Téléchargement et Flixcord, qui proposent une multitude de contenus divers (films, séries, logiciels, musiques, jeux, livres…) en téléchargement direct (voir notre article), ou encore des Wiflix, Fullstream, Filmze, Novoflix, Skstream, Stream De Ouf, Voirseries et consorts pour le streaming illégal.
Piratage : une pratique en hausse et un puits sans fond
Le rapport ne fait pas non plus état du stream ripping, cette technique qui consiste à récupérer des flux sur des plateformes comme YouTube pour les convertir en fichiers. Cette pratique populaire permet à beaucoup de télécharger des musiques (voir notre article) et des vidéos (voir notre article) à l'aide d'outils et de sites simples et gratuits comme flux flvt, 2conv, SSYoutube ou NoTube, là encore au détriment des solutions légales. Pourtant, une étude récente menée par les cabinets MUSO et Kearney montrent que le téléchargement pirate est en hausse depuis quelques années dans de nombreux pays. Ce que constate également Bloomberg qui note même une hausse spectaculaire de 39 % du piratage de films en 2022.
Plusieurs raisons expliquent ces tendances; à commencer par l'inflation généralisée qui ampute le pouvoir d'achat des consommateurs dans le monde entier, et les hausses sensibles de tarifs des services vidéo (Netflix, Prime Video, Disney+...) qui incitent les amateurs à résilier leurs abonnements au profit de solutions illégales, mais gratuites.
Certes, tous ces sites et ces services doivent en permanence jouer au chat et à la souris avec les organismes qui les traquent, en changeant régulièrement d'adresse pour contourner les blocages. Mais en effectuant des recherches et en changeant de serveur DNS, ils restent très faciles à trouver, même pour des non spécialistes. D'autant plus si des institutions comme l'USTR donnent leur nom en clair dans leurs palmarès ! Surtout, tels des hydres, ils réapparaissent sans cesse sous d'autres formes dès qu'ils sont interdits. C'est clairement un combat sans fin que mènent les autorités.