X (ex-Twitter) autorise officiellement les contenus pornos et violents

X (ex-Twitter) autorise officiellement les contenus pornos et violents

Alors qu'il avait déjà une réputation sulfureuse, X (ex-Twitter) modifie ses conditions d'utilisation et autorise désormais les contenus pornographiques et violents sur la plateforme au motif de la liberté d'expression.

Alors que le Gouvernement se bat pour que les sites pornographiques vérifient réellement l'âge de leurs utilisateurs, afin d'éviter que leurs contenus soient accessibles aux mineurs – avec un succès tout à fait relatif –, X fait un véritable pied de nez à l'Union européenne. En effet, le réseau social, accessible à partir de 13 ans, est connu pour diffuser de très nombreux contenus pornographiques, pédophiles et zoophiles sur lesquels les plus jeunes peuvent facilement tomber (voir notre article). Selon les chiffres de Reuters, 13 % des contenus partagés sur la plateforme en 2022 étaient des contenus pour adulte. L'Arcom a d'ailleurs été plusieurs fois saisie à ce sujet par les associations de protection de l'enfance. Pourtant, jusqu'ici, le réseau social interdisait bien les "médias montrant des violences et/ou agressions sexuelles", "les photos ou vidéos intimes d'une personne réalisées ou diffusées sans son consentement" et "tout contenu qui présente ou promeut l'exploitation sexuelle d'enfants" dans ses conditions d'utilisation. Pourtant, le contenu pornographique – comme des vidéos issues de PornHub, par exemple – y était autorisé.

Cette fois, le réseau social a été plus explicite – c'est le cas de le dire – dans son règlement, qu'il vient de modifier. "Vous pouvez partager des contenus comportant de la nudité destinée aux adultes et des actes sexuels, produits et diffusés avec le consentement des personnes représentées", indique-t-il désormais sur la page dédiée au contenu pour adultes de son centre d'assistance. Voilà qui ne va pas plaire à tout le monde...

Porno sur X : Elon Musk assouplit ses conditions d'utilisation

X – qui porte décidément bien son nom –, pose toutefois quelques restrictions. Ainsi, les contenus "qui font la promotion de l'exploitation, de l'absence de consentement, de l'objectification, de la sexualisation des mineurs ou de mauvais traitements envers eux, ainsi que des comportements obscènes", restent interdits. De plus, ce type de contenu devra obligatoirement "marqué correctement" et ne pas "être placé dans des zones très visibles", comme les photos de profil. De cette façon, les contenus étiquetés comme étant pour adultes ne pourront pas être visionnés par les utilisateurs de moins de 18 ans ou ceux n'ayant pas indiqué leur date de naissance sur leur profil.

En France, la plateforme est interdite aux enfants de moins de 13 ans, et ceux ayant entre 13 et 15 ans doivent s'inscrire avec une autorisation parentale. Enfin, en théorie. Dans les faits, comme il n'y a pas d'outil de vérification d'âge, il suffit de mettre une fausse année de naissance et de dire que l'on a plus de 18 ans... De plus, il est folie de croire que tous les contenus pornos seront bel et bien étiquetés. D'après le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en Fédération Wallonie-Bruxelles, plus de 5 000 comptes francophones proposent des contenus vidéos explicites, parfois "hard", en accès libre, sans protection adéquate pour les mineurs.

Porno sur X : une liberté d'expression bien commode

Le réseau social d'Elon Musk justifie cette décision par la fameuse liberté d'expression et le combat contre la censure si chers à son propriétaire. Selon lui, "les utilisateurs devraient pouvoir créer, diffuser et consommer des contenus en lien avec des thèmes sexuels, tant qu'ils sont produits et diffusés avec le consentement des personnes représentées. L'expression sexuelle, qu'elle soit visuelle ou écrite, peut être une forme légitime d'expression artistique". Il assure croire "en l'autonomie des adultes en ce qui concerne la création de contenus reflétant leurs propres convictions, désirs et expériences" et pouvoir offrir une liberté équilibrée "en restreignant l'exposition aux contenus destinés aux adultes pour les enfants et tout utilisateur qui choisit de ne pas les voir".

Le changement ne s'arrête pas là puisque X a également apporté des modifications similaires dans son règlement concernant les contenus violents. Il autorise désormais les utilisateurs à "partager des médias crus, si toutefois ils sont marqués correctement, s'ils ne sont pas placés dans des zones très visibles, s'ils ne sont pas excessivement sanglants et s'ils ne montrent pas de violences sexuelles". La justification est encore la même : "X est un lieu où les utilisateurs peuvent s'exprimer, montrer et découvrir ce qui se passe et débattre au sujet de questions internationales, souvent en partageant des images et des vidéos dans la conversation".

Karim Ibourki, président du CSA en Fédération Wallonie-Bruxelles, résume bien la situation. "X est bel et bien une plateforme totalement dérégulée. La prétendue liberté d'expression est devenue le cache-sexe d'une plateforme qui ne cherche que l'argent. Or, il existe des outils très simples pour détecter des contenus illicites. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut faire quelque chose, sauf que nous sommes dans une situation de blocage qui profite aux plateformes mais nuit à ce que l'on a de plus cher, les mineurs".