Trafic sur Snapchat : de faux arrêts maladie à la demande

Trafic sur Snapchat : de faux arrêts maladie à la demande

Un étonnant trafic vient d'être mis à jour sur Snapchat : moyennant 30 euros, des escrocs proposent de faux arrêts de travail sur mesure en usurpant l'identité de véritables médecins. Une magouille immorale, illégale et dangereuse…

Les réseaux sociaux sont un lieu de choix pour les personnes malveillantes, qui peuvent y mettre au point arnaques et autres procédés illégaux en toute tranquillité. Ce sont des plateformes qui permettent d'atteindre un large public, parfois mal informé des dangers d'Internet, et de profiter d'un certain anonymat. Fausses pages de connexion, offres d'emploi factices sur LinkedIn, faux concours... Tous les moyens sont bons pour se faire de l'argent sur le dos des autres ! Les équipes de France Info ont découvert que Snapchat abrite un véritable trafic de faux arrêts de travail. En tapant "arrêt maladie" sur le réseau social, on tombe facilement sur des comptes de faussaires, qui n'hésitent d'ailleurs pas à faire de la publicité pour leurs services à travers des stories. Ils proposent des certificats "signés et tamponnés par un vrai médecin", avec "dates au choix" et envoyés par e-mail "sous quinze minutes", le tout pour un montant allant de 15 à 30 euros. Autant dire que certains sont rapidement tentés de prendre quelques jours pour aller faire les soldes ou s'offrir des vacances ! Bien entendu, cette pratique est totalement illégale, du côté des faussaires comme des assurés sociaux, d'autant plus que le médecin ayant "signé" le document n'est en réalité absolument pas au courant.

Snapchat : des arrêts de travail sur mesure pour 30 euros

Les équipes de France Info ont contacté un des comptes vendant de faux arrêts de travail en se faisant passer pour un client désirant un mois d'arrêt. Le faussaire leur a demandé leur numéro de sécurité sociale, la durée de l'arrêt maladie, les dates voulues et leur lieu de résidence – ici, Paris. Il trouve ensuite un médecin situé dans la zone et utilise Photoshop pour falsifier l'arrêt de travail en version papier de manière que les journalistes ont trouvé très convaincante. Il n'y a ensuite plus qu'à choisir entre une remise en main propre ou par envoi. Bien évidemment, les médecins dont le nom figure sur ces documents ne sont absolument pas au courant des démarches. Joint par France Info, un des praticiens témoigne : "C'est une horreur, c'est une catastrophe. J'en ai eu une quantité industrielle. Plus les gens qui viennent au cabinet, pensant que c'est moi qui ai fait l'arrêt. Ils n'ont rien compris, ils pensent que c'est de la télémédecine." Un autre explique avoir reçu plusieurs appels de caisses de l'Assurance maladie, de mutuelles et même d'employeurs lui demandant de confirmer la véracité d'arrêts de travail à son nom qui leur avait été transmis. C'est là qu'il a alors découvert que son identité avait été usurpée et utilisée un peu partout à travers la France. "C'est quelque chose de très violent", déplore-t-il.

L'Assurance maladie estime que les falsifications d'arrêts maladie ont coûté pas moins de 3,4 millions d'euros en 2021. Elle demande aux docteurs dont l'identité a été usurpée de porter plainte et d'informer la CPAM, qui pourra à son tour enquêter. Pour les professionnels de santé, ces démarches sont insuffisantes. Si les signalements sont nombreux, ils ont en réalité peu de chances d'aboutir. L'un des praticiens interrogés explique avoir suivi toutes ces démarches. Plusieurs mois après son dépôt de plainte, il constate que "ça n'a pas changé. Tous les jours, j'ai la Sécurité sociale qui me contacte pour me demander de confirmer ou d'infirmer de faux arrêts de travail." Pour eux, il faudrait "mettre l'accent sur la télétransmission des arrêts, supprimer ou encadrer de manière plus stricte la rédaction d'arrêts de travail en format papier ou via les plateformes de téléconsultation, surveiller et contrôler les réseaux sociaux".

Rappelons que ce type de trafic est loin d'être sûr pour les assurés sociaux. En effet, la CPAM peut effectuer des contrôles inopinés afin de vérifier que la personne est réellement à son domicile et est bien en incapacité de travailler. En cas de fraude, les assurés peuvent être sanctionnés par la suspension de leurs indemnités journalières, un remboursement des sommes injustement perçues, un avertissement, une pénalité financière, voire une sanction pénale (amende et peine d'emprisonnement). De plus, mieux vaut éviter de donner ce type de données personnelles à des personnes douteuses, car il est impossible de savoir ce qu'elles en feront. Elles peuvent par exemple les revendre sur le Dark Web et/ou les utiliser pour usurper à leur tour leur identité...