Test Switchbot Lock Pro : une serrure motorisée abordable avec trop d'options
Le constructeur chinois SwitchBot propose une version revue et améliorée de sa serrure connectée. Bien pensée et abordable, la Lock Pro souffre toutefois d'un trop grand besoin d'options pour s'intégrer en douceur à la domotique de la maison.
Dans la famille des serrures connectées, voici la Lock Pro, dernière née du chinois SwitchBot. Vu sa dénomination Pro, on comprend qu'il s'agit d'une version améliorée du modèle précédent (la Lock "tout court"), notamment au niveau du design, désormais beaucoup plus proche de celui de la serrure Nuki (lire notre test). La Lock Pro délaisse donc la forme tarabiscotée de la version précédente pour adopter une forme parallélépipèdique plus classique, ce qui ne l'empêche pas de s'adapter à un très grand nombre de serrures munies d'un cylindre européen. Nous avons pu la mettre en place et l'utiliser pendant plusieurs jours. Voici notre verdict.
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SwitchBot Lock Pro : un design pratique
Alors que la SwitchBot Lock ne pouvait se fixer à la porte que par une bande autocollante, la Lock Pro adopte le même système que Nuki qui permet au boîtier de s'agripper à la portion de la serrure au standard cylindre européen qui dépasse de la porte. Cela dit, la Lock Pro est toujours livrée avec un panneau autocollant si jamais le cylindre ne dépasse pas suffisamment. Et qu'on se rassure, la plaque auto-collante 3M arrime solidement la serrure à la porte sans risque de tomber. Le seul inconvénient c'est qu'il est plus difficile de désinstaller une serrure collée qu'une serrure agrippée pour en équiper une autre porte.
Côté design, on apprécie également le panneau aimanté qui donne un accès très simple aux piles. La Lock Pro est livrée avec 4 piles AA censées assurer, selon le constructeur, une autonomie de 6 à 9 mois. Disons simplement qu'au bout de quelques semaines de test, la jauge indique toujours une charge de 100% des piles. Rappelons qu'il n'est pas conseillé d'utiliser des piles rechargeables pour une serrure connectée de ce genre, car elles ne délivrent qu'une tension de 1,2 V, contre 1,5 pour les piles alcalines classiques, ce qui peut entraîner soit un dysfonctionnement, soit une usure prématurée des accus et donc réduire l'autonomie drastiquement. Pour pallier ce problème, SwitchBot proposera bientôt en option un pack de batteries rechargeables très malin : il est divisé en deux parties indépendantes permettant d'un recharger une moitié en laissant l'autre dans la serrure et donc d'avoir en permanence une serrure fonctionnelle. Dommage, on ne connaît encore ni la date, ni le prix de ce pack optionnel.
SwitchBot Lock Pro : une installation simple mais pas toujours en français
Comme évoqué plus haut, l'installation de la Lock Pro de SwitchBot ne pose pas de problème particulier. On choisit d'abord le bon support, celui qui se colle ou celui qui s'agrippe à la serrure à l'aide de trois petites vis en triangle si le cylindre dépasse suffisamment de la porte. On accroche ensuite la serrure motorisée au support, en ayant pris soin de laisser une clé dans la serrure : c'est le moteur qui se chargera ensuite de la faire tourner pour verrouiller ou déverrouiller la porte. Dommage que les petites vis sur le côté du moteur, qui permettent d'en sécuriser la fixation soit bien peu pratiques. Heureusement, une fois la serrure en place, on peut les oublier. La grosse molette, qui permet de faire tourner sa serrure à la main si on le souhaite, est également munie d'un gros bouton sur lequel il suffit d'appuyer pour verrouiller ou déverrouiller avec le moteur.
Rien n'empêche d'utiliser aussi une autre clé depuis l'extérieur si besoin, à condition que le cylindre soit débrayable, c'est-à-dire qu'il autorise justement l'insertion d'une deuxième clé de l'autre côté. On apprécie que la Lock Pro soit également compatible avec les serrures munies d'un bouton à l'intérieur, plutôt que d'un trou de serrure dans lequel on insère une clé. En réalité, la Lock Pro s'adapte quasiment à toutes les serrures, même anciennes. On peut facilement le vérifier avant d'acheter grâce à la page de test de compatibilité disponible sur le site de SwitchBot. Et c'est là que l'on rencontre un problème récurrent de SwitchBot, aussi bien sur le site que dans l'application pour smartphone : on tombe trop souvent sur des informations en anglais. Dans le cas du site, on voit bien d'ailleurs que la version française proposée est assurée par un traducteur automatique qui au mieux fait sourire et au pire rend parfois la compréhension difficile. Dommage.
SwitchBot Lock Pro : une application complète et parfois déroutante
Une fois la Lock Pro bien en place sur la porte, reste à installer l'application SwitchBot sur son smartphone pour en gérer toutes les fonctions. Dans le cas de la Lock Pro, on s'en servira pour calibrer la serrure afin que le moteur effectue une rotation suffisante pour verrouiller la porte à double-tour ou pas en fonction du barillet installé. Le fabricant a fait le choix de centraliser la gestion de tous les appareils de sa gamme au sein d'une seule et même application portant son nom. Et la panoplie s'est très largement agrandie depuis le premier bouton poussoir automatique de 2015 : aspirateur robot (lire notre test), ouvreur automatique de rideaux, automatiseur de stores vénitiens, interrupteurs et prises électriques connectées, lampes et rubans LED, détecteur de mouvement ou de fuite d'eau, caméra, etc. L'application unique est effectivement très pratique si on choisit de n'utiliser que des produits de la marque puisqu'elle permet également de créer des automatisations pour être prévenu, par exemple, du déverrouillage de la porte ou pour allumer automatiquement une lampe lorsque l'on ouvre la porte. Cela dit, ce n'est pas le sens de l'histoire : même avec une gamme très étendue, on ne trouve pas forcément son bonheur auprès d'un seul fabricant d'objet connecté. Et c'est notamment pour répondre à cette problématique qu'a été créé le standard Matter qui permet de rendre compatible entre eux des objets connectés de différentes marques.
SwitchBot Lock Pro : pas de Wi-Fi et Matter en option
SwitchBot a fait le choix de ne pas intégrer le protocole Matter directement à la serrure et c'est bien dommage. D'autant plus que la serrure n'est pas non plus capable de se connecter au réseau Wi-Fi de la maison. Autrement dit, la Lock Pro est avant tout une serrure Bluetooth,ce qui limite quel que peu son usage. Impossible par exemple de lui demander de se déverrouiller automatiquement lorsque l'on arrive près de chez soi, ce que permet de faire la serrure de Nuki.
Pour relier la Lock Pro au réseau de la maison, il faut donc acheter en option un pont relais qui augmente le prix et complique un peu l'usage si on veut intégrer la serrure à un environnement standard comme celui d'Apple via son application Maison. SwitchBot propose deux versions de relais. Le Hub 2 coûtent 80 euros et inclure un écran permettant d'afficher la température et le taux d'humidité de la pièce dans laquelle il se trouve via son détecteur intégré. Il existe une solution moins chère sous la forme du Hub mini avec compatibilité Matter. Le problème c'est qu'il faut choisir au moment de l'achat car le Hub mini compatible Matter n'est pas vendu séparément. Il n'est vendu qu'en pack avec la serrure et le Keypad Touch, ce qui met le tout à 240 euros. Même si le keypad est très intéressant (voir plus loin), cela rend la facture vraiment plus salée. Et pour couronner le tout, il existe une version du Hub mini vendue séparément, mais qui n'est pas compatible Matter. Ne vous trompez pas !
Si vous avez choisi d'acheter le pack, alors le Hub mini compatible Matter permettra à la Lock Pro comme aux autres appareils SwitchBot de rejoindre le réseau Matter de la maison. Une fois le Hub branché au secteur via un simple câble USB-C fourni, il faut l'ajouter à la liste des appareils dans l'application.
Une fois cela fait, il faut encore relier la serrure au Hub via l'application pour qu'elle apparaisse ensuite dans la liste des objets connectés commandables via l'application Matter de son environnement tel Google Home ou Apple Maison. C'est là que SwitchBot nous perd un peu. Non seulement le nombre d'étapes à réaliser est assez élevé, mais les indications de l'application ne sont pas toujours très claires : il faut par exemple choisir la fonction d'ajout d'Appareils secondaires pour faire le lien entre la Lock Pro et l'environnement Matter de la maison. On aurait préféré que l'option d'ajout à l'environnement domotique s'ajoute directement aux paramètres de la serrure. D'autant plus que des messages en anglais saupoudrent parfois l'interface aussi bien pendant l'installation que pendant l'utilisation. Nous avons eu plusieurs fois, par exemple, un problème de blocage de la serrure et le message qui s'affiche indique « Lock jammed ».
On peut aussi se demander si le passage par un pont-relais n'est pas responsable des quelques problèmes de fiabilité des automatisations que nous avons mis en place via l'application Maison d'Apple. Il est ainsi parfois arrivé que la lampe censée s'allumer au déverrouillage et s'éteindre au verrouillage, ne réagisse pas, s'éteigne trop tôt ou ne s'éteigne pas du tout au verrouillage.
SwitchBot Lock Pro : un détecteur d'ouverture insuffisant
Parmi les options très pratiques de la Lock Pro, le verrouillage automatique permet de partir de chez soit en claquant la porte, en sachant que quelques secondes ou minutes plus tard, en fonction de ce que l'on aura choisi, la porte de son domicile sera bien verrouillée. Encore plus pratique, la serrure motorisée de SwitchBot est livrée avec un détecteur d'ouverture de porte pour empêcher le verrouillage automatique si la porte est restée ouverte ou entrouverte. Malheureusement, ce détecteur qui n'est en réalité qu'un simple aimant à coller sur le montant immobile de la porte, juste en face de la serrure, n'est pas adapté à toutes les situations. Dans notre cas par exemple, la distance entre la serrure et le montant était trop importante et l'aimant n'était pas détecté. Il nous a donc fallu « bricoler » un petit support en carton à coller sur le montant pour rapprocher l'aimant de la serrure. On peut aussi acheter en option un détecteur de contact pour 30 euros supplémentaires.
SwitchBot Lock Pro : des options quasi-obligatoires
C'est finalement un thème récurrent avec la Lock Pro : à 140 euros, la serrure motorisée de SwitchBot a d'indéniables atouts face à ses concurrents comme Yale ou Nuki. Mais elle a aussi besoin de plus d'options pour s'intégrer à la domotique de la maison ce qui rend son prix finalement équivalent à la version de base de la Nuki par exemple. Et cette dernière propose une application plus simple à utiliser et aussi plus complète en termes de fonctions spécifiquement liées à la gestion la porte de son domicile, par exemple en termes de partages d'accès avec des invités ou des prestataires auxquels vous souhaitez donner accès à chez vous pendant une période donnée ou de manière ponctuelle chaque semaine.
On peut ajouter ce genre de fonctions à la Lock Pro de SwitchBot via encore une autre option, un clavier numérique à 50 euros, que l'on fixe au mur ou à la porte, côté extérieur. On peut alors rentrer chez soi en tapant un code que l'on aura choisi. Pour 100 euros, on peut aussi préférer la version du clavier muni en plus d'un lecteur d'empreinte digitale. Dans les deux cas, on peut créer un code et/ou enregistrer les empreintes des occupants de la maison, mais aussi créer un code et enregistrer des empreintes temporaires pour les personnes de passage.
Autrement dit, si l'on cherche une serrure motorisée Bluetooth uniquement, la Lock Pro de SwitchBot fait parfaitement l'affaire, d'autant qu'on peut la compléter de nombreuses options au fur et à mesure de ses besoins. Mais si l'on cherche une serrure connectée plus complète et éventuellement plus simple à utiliser, un coup d'œil à la concurrence s'impose.