Amazon rachète Bee AI, la start-up qui écoute tout ce que vous dites
Amazon vient de racheter Bee AI, une entreprise commercialisant un bracelet alimenté qui vous écoute et enregistre tout ce que vous dites. Une façon de rattraper son retard dans la course à l'IA, mais qui génère des inquiétudes.
L'arrivée de l'intelligence artificielle conversationnelle ChatGPT en novembre 2022 a créé l'effervescence au sein des secteurs du numérique et de la technologie, plongeant les GAFAM dans une guerre sans merci pour montrer leur supériorité dans ce domaine. Amazon s'est lui aussi lancé dans la bataille, notamment avec Alexa+, son nouvel assistant virtuel dopé à l'IA qui sera intégré dans les produits de la firme. Pour continuer sur sa lancée, l'entreprise vient de racheter Bee AI, une jeune pousse née en 2022 à San Francisco, spécialisée dans les bracelets connectés alimentés par l'intelligence artificielle, pour un montant non dévoilé. C'est Maria de Lourdes Zollo, cofondatrice de Bee, qui a annoncé la nouvelle dans un post LinkedIn.
Rachat de Bee AI : une technologie pour tout écouter
Après l'échec des bracelets connectés Halo, Amazon veut se relancer dans les bracelets connectés, et Bee AI semble le partenaire parfait pour cela. En effet, l'entreprise commercialise aux États-Unis un bracelet vendu 50 dollars qui, couplé à un abonnement mensuel de 19 dollars, est capable d'enregistrer et de retranscrire en continu les conversations de son porteur et de son entourage par le biais d'une application mobile. Cela lui permet ensuite de générer des résumés personnalisés de la journée, d'en extraire des rappels ou encore d'organiser des listes de tâches. L'utilisateur peut aussi autoriser l'accès à ses e-mails, contacts, photos ou événements de calendrier afin d'affiner les analyses.
Pour Amazon, la démarche est logique, puisqu'une telle technologie serait tout à fait complémentaire pour ses enceintes Echo et son assistant Alexa+. Toutefois, le caractère omniprésent d'un appareil toujours à l'écoute pose d'importantes questions éthiques, notamment en milieu professionnel, familial ou dans des endroits publics interdits à l'enregistrement. Car l'appareil enregistre en permanence ce qu'il se passe chez son utilisateur, sauf s'il est manuellement coupé.
Amazon et Bee AI : quid de la confidentialité des données ?
Bee AI se veut rassurant, indiquant qu'une LED permet de savoir si l'enregistrement est actif ou non, et promet que les enregistrements audio ne sont pas stockés ni utilisés pour entraîner les modèles IA, seulement transcrits localement, et que l'utilisateur garde la main sur ce qui est conservé ou supprimé. Un porte-parole d'Amazon a quant à lui précisé que le rachat n'est pas encore finalisé, que tous les employés de Bee ont reçu des offres d'embauche, et que l'entreprise entend maintenir les protections existantes autour de la vie privée tout en renforçant le contrôle utilisateur.
À terme, le bracelet de Bee pourrait être compatible avec Alexa, Kindle, Fire OS ou encore les services de santé connectée du géant américain. Reste à voir si les promesses de confidentialité seront tenues, alors que l'entreprise de Jeff Bezos est particulièrement critiquée pour la gestion des données de ses produits connectés. En 2023, elle avait notamment dû payer 30 millions de dollars pour éviter des poursuites, après avoir été accusée de ne pas respecter le droit à la suppression des données collectées par son assistant vocal, Alexa, ni par les caméras de surveillance Ring.
Reste qu'en se positionnant de la sorte, Amazon suit le mouvement amorcé par ses concurrents de la tech. La tendance a émergé avec Humane AI et Rabbit, qui ont cherché à créer une nouvelle génération d'assistants personnels dopés à l'IA mais avec des résultats plus que mitigés. Les GAFAM semblent cependant leur emboîter le pas. En effet, Meta cherche à incorporer de l'IA dans ses lunettes connectées, tandis qu'OpenAI, le créateur de ChatGPT, travaille avec Jony Ive, l'ex-designer d'Apple, sur son propre produit intelligent. Selon Bloomberg, Apple prévoirait également de lancer ses propres lunettes connectées d'ici fin 2026, voire début 2027. Mais cela ne règle toujours pas la question de la vie privée…
