Microsoft met son Copilot partout, mais personne n'en veut
Microsoft essaye par tous les moyens d'imposer son IA Copilot dans ses produits. mais de façon confuse, et avec maladresse. Au point de devoir faire parfois machine arrière, comme pour la fonction Recall ou la touche des claviers.
Vous l'aurez sans doute bien noté : depuis la sortie de ChatGPT et la démocratisation de ce que l'on appelle "intelligence artificielle" – et qui n'est souvent que de l'algorithmique –, Microsoft a sauté dans le train de l'IA, en invertissant des milliards de dollars dans OpenAI – l'entreprise derrière ChatGPT – et, surtout, en intégrant des fonctions et des outils "dopés à l'IA" dans tous ses produits. Mais de manière pas très claire et pas très élégante, au point d'engendrer de la confusion et même de l'agacement chez les utilisateurs. Et les choses ne sont pas près de s'arranger en 2025...
De fait, si l'on peut apprécier certains outils intégrés d'emblée à des logiciels maison livrés avec Windows – la "gomme magique" de Photos ou le créateur d'images de Paint –, on peut se montrer plus circonspect au sujet de Copilot, l'IA multifonctions que Microsoft cherche à caser partout. D'une part, les contours de cet outil sont très vagues, tout comme sa forme : décliné en application indépendante, il est désormais intégré par défaut au navigateur Edge et disponible dans Microsoft 365, le remplaçant de la suite Office. L'ennui, c'est qu'il est tantôt accessible gratuitement, tantôt associé à un abonnement payant, ce qui nuit à sa lisibilité. Idem pour ses possibilités, qui diffèrent selon les cas. Et la page officielle de Microsoft sur Copilot n'aide pas vraiment à la compréhension, avec des formules vagues et des promesses floues qui fleurent bon le discours marketing…
IA Microsoft : une touche Copilot totalement inutile
Ce n'est pas tout ! Car pour tenter de rendre son IA plus populaire, Microsoft a eu l'idée lumineuse d'inventer un nouveau label, PC Copilot+. Une appellation réservée aux ordinateurs officiellement optimisés pour Copilot, avec un NPU – une unité de calcul spécialisée dans l'IA – et quelques autres caractéristiques techniques comme la mémoire vive minimale embarquée. Et qui impose aux constructeurs d'ajouter une touche spéciale sur le clavier des PC portables pour lancer directement Copilot. Magique !
Seulement voilà, quelques mois après l'introduction de cette touche spéciale, Microsoft a admis qu'elle ne servait finalement à rien, dans la mesure où l'on peut invoquer le fameux assistant de plusieurs autres manières, dans Windows comme dans les applications compatibles. Mieux encore, l'éditeur recommande désormais de réaffecter cette touche – les anglophiles parlent de "remapper" – à une autre fonction au choix, en indiquant même la procédure à suivre dans une note technique publiée le 12 décembre 2024 !
Un aveu peu glorieux qui fait tâche, et qui s'ajoute à la longue liste de choix discutables dans l'implantation de l'IA comme dans le développement de Windows 11, de plus en plus anarchique, comme nous l'avons déjà déploré à plusieurs reprises (voir notre article). On songe notamment à la très controversée fonction Recall (Rappel en français) qui a défrayé la chronique dès sa présentation (voir notre article), et que l'éditeur a retardée et modifiée avant de la rendre enfin disponible, après avoir corrigé des problèmes de sécurité et de confidentialité. Et qui fait scandale depuis sa sortie, en enregistrant des donnés hautement confidentielles comme des données bancaires !
Et comme le ridicule ne tue pas, Asus, visiblement mal informé, vient d'annoncer la sortie prochaine d'un mini PC doté… d'un bouton Copilot ! Prévu pour être commercialisé début 2025, le NUC 14 Pro AI, qui, comme son nom le laisse entendre, sera orienté IA, présentera en effet toutes les caractéristiques d'un PC estampillé Copilot+, avec un processeur Intel Core Ultra doté d'un NPU. Et la fameuse touche inutile, qui plus est, placée sur son boîtier, bien loin du clavier où elle était censée avoir une utilité.
Dernier épisode en date, repéré par Neowin, Microsoft vient de décider de rebaptiser sa suite bureautique Microsoft 365 en… Microsoft 365 Copilot, histoire de bien insister sur la présence de son outil maison. Et il y a fort à parier que l'éditeur suive la même voie au moment de choisir un nom pour le successeur de Windows 11, qui s'appellera peut-être Windows AI ou Windows Copilot.
Tout cela est d'autant plus risible qu'en dehors des industriels, tout le monde se fout des fonctions IA dont se parent désormais tous les produits high-tech, des applications aux ordinateurs en passant par les smartphones et les objets connectés. Les utilisateurs se moquent bien de savoir s'il y a de l'intelligence prétendument artificielle dans leurs logiciels ou leurs appareils : les seules choses qui comptent, ce sont les fonctions, quels que soient leurs modes de fonctionnement. Il ne reste qu'à souhaiter que cette folle mode de l'IA cesse et que les industriels retrouvent enfin la raison. Il est grand temps que Microsoft retrouve un vrai pilote !