Le piratage par IPTV, bientôt requalifié en délit en France ?

Suite aux plaintes des ayants droit, la justice mène une lutte sans merci contre les fournisseurs d'IPTV illégal. Le Gouvernement a décidé de durcir le ton, notamment contre le piratage de la Ligue 1, en requalifiant la pratique en délit.
Le piratage numérique ne s'est jamais aussi bien porté, surtout quand il s'agit de sport en direct ! En France, les événements sportifs – le football en tête – représentent à eux seuls 34 % des accès illicites, les plaçant parmi les contenus illégaux les plus recherchés. Rien d'étonnant au vu du morcèlement de l'offre de sport à la télévision : pour suivre sa ligue ou son club préféré, il faut souvent cumuler les abonnements à Canal+, BeIN Sports, Amazon Prime, RMC Sport, etc. Résultat ? La facture grimpe vite. Alors, forcément, l'IPTV séduit !
Disponible sous forme d'application ou de box à brancher à la télé, ce système de streaming regroupe des centaines de chaînes payantes, ainsi que des milliers de films et séries… le tout pour une centaine d'euros par an, voire moins ! Un rapport qualité-prix imbattable, qui fait clairement de l'ombre aux offres officielles, toujours plus chères.
Face au manque à gagner abyssal des ayants droit – estimé à un milliard d'euros par an pour la filière sport et 500 millions d'euros pour les chaînes de télévision –, ces derniers se sont associés aux fournisseurs d'accès à Internet et aux autorités. Dans un premier temps, ils ont préféré se concentrer sur les têtes des réseaux, les diffuseurs et la coupure de streaming d'événements sportifs. Les résultats n'étant pas satisfaisants, le Gouvernement a décidé de durcir le ton contre le piratage de la Ligue 1 !
IPTV illégal : une tendance bien ancrée dans les habitudes
En 2024, la plateforme DAZN, le "Netflix du sport", a récupéré la majorité des droits de diffusion de l'événement. Or, à ses débuts, les tarifs pratiqués étaient loin d'être donnés ! Il fallait initialement compter 19, 99 € par mois (sans engagement) pour accéder à un seul match par jour ou 39,99 € par mois (sans engagement) pour profiter de l'ensemble des rencontres (voir notre article) ! Résultat : les fans de foot ont refusé de s'abonner et se sont tournés vers l'IPTV et autres solutions illégales – 37 % des personnes qui ont regardé la Ligue 1 cette saison ont visionné les matchs par le biais d'une méthode illégale !
Face à l'inefficacité des mesures de blocage habituelles, et alors qu'il est interpellé depuis des mois par les diffuseurs et par la LFP, le Gouvernement a décidé de prendre les choses en main. Au micro de RMC, la ministre des Sports Marie Barsacq a détaillé un plan en trois points des pouvoirs publics pour lutter contre le piratage des matchs de Ligue 1.
IPTV illégal : le plan du Gouvernement pour lutter contre le piratage
Le piratage va être qualifié en tant que délit, ce qui permettra de "sanctionner, non ceux qui en bénéficient et l'utilisateur final, mais bien celui qui organise la mécanique, le fournisseur", explique la ministre. Les clients devraient donc être épargnés, contrairement à la tendance qui se dessine en Europe. Pour cela, la ministre compte apporter des renforts à l'Arcom, l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui peine, seule, à lutter contre les contrevenants. C'est pourquoi "il faut pouvoir donner des autorisations à des tiers de confiance qui vont aller faire ce travail. On a trois acteurs qui travaillent quand en Angleterre, il y en a trente par week-end", poursuit-elle. Le Gouvernement pourrait notamment faire appel à des entreprises privées pour cela.
Dernier point : "[il faut] pouvoir donner très rapidement la liste de ceux qui sont en infraction pour que les autorités compétentes puissent vraiment sanctionner et aller vite". C'est pourquoi il compte faire voter rapidement la proposition de loi des sénateurs Michel Savin et Laurent Lafon. En sanctionnant les fournisseurs illégaux d'images du football français, le Gouvernement espère s'attaquer directement à la racine du problème. Reste que tant que les tarifs seront exorbitants, les gens refuseront de payer et chercheront une solution alternative, même si elle est illégale.